Chaque semaine, Lyudmyla Tautiyeva nous propose un aperçu de ce qu'il se passe aux frontières de l'Union européenne, traitant de sujets divers tels que la gouvernance, l’entreprenariat, ou encore l'innovation.
Cette semaine, l’Ukraine commémore les trois ans du début de l’invasion russe dans un contexte international tendu. Emmanuel Macron s’est rendu aux États-Unis pour échanger avec Donald Trump sur le rôle des Européens dans cette guerre. Par ailleurs, plusieurs dirigeants européens se sont réunis à Kyiv pour afficher leur soutien à l’Ukraine.
Le 24 février 2025 a marqué les trois ans de la guerre en Ukraine. Pour l’occasion, les leaders occidentaux se sont réunis à Kiev, pour la première fois sans les États-Unis. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, et Antonio Costa, président du Conseil européen, étaient également à Kiev pour montrer la solidarité de l’Union européenne avec l’Ukraine, et la détermination des européens à soutenir l’Ukraine pour le futur de l’Europe.
Alors que le rôle des européens à la table des négociations entre la Russie et l’Ukraine n’est pas assurée selon les États-Unis - une des raisons majeures de la visite d’E. Macron à Washington - l’Union européenne devance les États-Unis en terme d’aide apportée à l’Ukraine depuis le début de son invasion. Plus de 134 milliards d’euros ont été versés en aide financière, humanitaire et militaire depuis février 2022, contre 120 milliards de la part des États-Unis.
Que signifie l'augmentation de l'aide européenne à l'Ukraine ?
Le 24 février 2025, Kaja Kallas, la cheffe de la diplomatie européenne, lors de la réunion des ministres des affaires étrangères à Bruxelles, a présenté un nouveau plan d’aide militaire à l’Ukraine. Celui-ci sera soumis à la discussion lors du sommet européen exceptionnel annoncé par Antonio Costa et prévu le 6 mars. Le but de ce soutien serait de fournir une aide en munition et en artillerie à l’Ukraine le plus vite possible, aussi pour démontrer que l’Europe est capable de se mobiliser sur le plan militaire face aux États-Unis qui ont mis en pause toute nouvelle aide à l’Ukraine.
Le nouveau plan d’aide, qui tourne autour des 6 milliards d’euros, permettrait à l’Ukraine de continuer son effort de défense à court terme, avec au moins 1,5 millions de munitions d’artillerie de gros calibre, des systèmes de défense aérienne, des missiles et des drones.
Même avec des efforts, l’UE ne peut pas aider militairement l’Ukraine autant que les États-Unis.
Jusqu’à aujourd’hui, les États-Unis étaient les premiers sur le plan d’aide militaire à l ‘Ukraine, avec plus de 65 milliards accordés depuis le début de l’invasion. 89% de ces 65 milliards sont restés aux États-Unis car ils sont allés directement à l’industrie de la défense américaine. Bien que l’Union européenne ne soit pour l’instant pas en mesure de fournir une aide militaire similaire faute de capacités de production insuffisantes, celle-ci utilise d’autres leviers à sa disposition pour faire pression sur la Russie et tenter de réduire ses capacités de guerre. C’est le cas par exemple des sanctions contre la Russie votées par la Commission européenne le 19 février dernier.
Le 24 février, après trois ans de la guerre, l’UE a annoncé son 16ᵉ paquet de sanctions contre la Russie et réaffirme ainsi son soutien à l’Ukraine.
C’est un pas important de la part de l’Union européenne, car ces sanctions visent, entre autre, les pratiques de contournement des sanctions développées par le Russie depuis l’imposition des premières en 2022. Il s’agit de nouvelles mesures contre la « flotte fantôme russe » contenant 153 navires interdits d’accès aux ports et services européens à cause de leur implication dans les exportations illégales de pétrole russe, ou encore des restrictions imposées à 53 nouvelles entreprises soutenant le complexe militaro-industriel russe ou participant au détournement de ces sanctions.
Alors que l’Europe est livrée à elle-même en matière de sécurité, l’Union européenne devrait se montrer ferme et crédible dans son soutien à l’Ukraine, car celle-ci est au cœur de la stabilité et de la sécurité du continent européen.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.
