L'essence, les légumes, les loyers… c’est bien manifeste sur les factures, le coût de la vie devient plus cher. Mais même la mort n’est pas imperméable à l’inflation. L’actuel protagoniste des discussions, le gaz, est notamment essentiel pour la crémation, un rite funéraire de plus en plus répandu en France et en Europe.
Pour la Toussaint, on se demande, quel est l'impact de la crise énergétique dans le deuil ?
Écoutons Jo Le Lamer, vice-président de la Fédération Française de Crémation.
Inévitablement, il y aura un impact, parce que le coût de l'énergie monte de manière spectaculaire. On souhaiterait pas que la hausse se fasse intégralement sur ce que paient les familles, la redevance de crémation.
Cette redevance est aux environs de 700 euros, pour un coût total des obsèques de plus de 3 000, en moyenne en France. C’est un montant à la hausse. Selon un rapport, les prix des pompes funèbres ont augmenté deux fois plus vite que l’inflation depuis la loi Suer en 93. Cette norme a supprimé le monopole communal des pompes funèbres.
Pour les deux prochaines années, les estimations disent que le prix d’une crémation pourrait monter d’au moins 35 %, à cause du gaz. Pour cela, après une crise covid qui a laissé le secteur désemparé, les usagers demandent plus de protection à l’État. Jo Le Lamer :
Il serait souhaitable que tout le secteur funéraire soit inclus dans le bouclier tarifaire, proposé pour des services publics comme les hôpitaux. De la même manière il faut que le funéraire soit protégé à cet égard-là.
Les contrats du gaz sont renégociés à l’année par les communes. Le crématorium de Nantes n’exclut pas la possibilité de services plus chers en 2023. Jean-Pierre Blivet est son représentant.
On applique le barème pour calculer et effectivement on risque d’avoir des augmentations plus fortes que d’habitude. Après ça va se négocier avec Nantes métropole.
Dès à présent, on essaye de mettre en place des pratiques pour limiter la consommation d’énergie. D'autant plus sur Nantes, où nous sommes en train de mettre en place un management environnemental, en plus des gestes tout simples.
Donc plus de sobriété pour un rite qui est de plus en plus habituel, au lieu de l’inhumation. Selon la Fédération Européenne de Services Funéraires, la Suède est en tête du continent en proportion de crémations, avec 8 décès sur 10, tandis qu'en Roumanie ou Grèce elles sont beaucoup plus rares. En France, 4 sur 10 choisissent l’incinération. Depuis 40 ans, de moins de 10 crématoriums on est passés à plus de 200. Un chiffre qui parle de l’évolution sociologique dans nos sociétés, mais aussi d’enjeux comme l’inflation ou la transition énergétique.
Reportage réalisé par Joan Barceló.