Un reportage de Margot Kerlero de Rosbo. Épisode disponible en retranscription :
Comment comprendre le rôle de la diplomatie dans un monde fracturé ? Rencontre avec Georges Habsbourg-Lorraine, ambassadeur de Hongrie en France, et avec Gurvan le Bras, directeur adjoint du policy planning et de la prévision stratégique au Service européen pour l'action extérieure (SEAE) :
C'est la façon dont un état se projette, projette sa politique sa politique à l'extérieur de ses frontières, noue des liens avec des acteurs, des alliés pour défendre ses intérêts et promouvoir une action commune à l'échelle internationale puisque la plupart des enjeux — enfin beaucoup d'enjeux — sont désormais internationaux. Gurvan Le Bras
Richelieu disait de la diplomatie qu’elle a pour tâche de dégager les harmonies cachées sous des oppositions apparentes. Pour Georges Habsbourg-Lorraine, l’apprentissage des langues et l’appétence pour la politique sont les fers de lance du diplomate.
Il faut s'intéresser à la politique, il faut s'intéresser à la diplomatie, parler des langues, connaître l'histoire, la géographie... C'est important pour travailler comme diplomate. Naturellement, la politique m'intéresse depuis très longtemps, j'ai un père qui a vécu toute sa vie dans la politique, c'est comme ça que l'on devient intéressé par ces sujets. Ça aide beaucoup si l'on veut devenir ambassadeur. Georges Habsbourg-Lorraine
Selon Gurvan le Bras, rencontré lors des Géopolitiques de Nantes, le monde se désinhibe vis-à-vis de la violence, et le rôle de la diplomatie prend un tournant majeur.
Cette évolution, on la constate par rapport à une dizaine, quinzaine d'années, avec une érosion d'un ordre international caractérisé par la suprématie des États-Unis, le soutien d'une majorité des États du monde et en particulier de l'Occident à un système international fondé sur des règles en 1945. Tout ceci a profondément évolué, avec le basculement et l'affaiblissement de la projection internationale des États-Unis, l'émergence de la Chine, une forme de radicalisation de la Russie de Poutine. Gurvan Le Bras
L’expertise diplomatique, à force de raisonner en continuité et en oubliant les reconfigurations modernes des rapports de force dans le monde, peut échouer à garantir la paix internationale.
Cet esprit de coopération, qui était l'un des ferments de l'ordre occidental depuis 1945 ou depuis 1991 — depuis la fin de la guerre froide — il est de plus en plus contesté. On constate quand même un retour de la guerre parmi les options des grandes puissances. Gurvan Le Bras
Le soft power de la diplomatie reste, malgré cette escalade de violence, un choix privilégié par les États. La France a ainsi augmenté les effectifs et les crédits alloués au Ministère de l'Europe et des affaires étrangères, avec un budget de 6,76 milliards d’euros pour l’année 2024.
