Cette semaine dans Fréquence Europe, Olivier Singer s'intéresse à la pollution plastique. Le 15 mars c’était la Journée mondiale des consommateurs, une journée qui avait pour thème la lutte contre la pollution plastique. Mais pourquoi cette thématique ?
L’objectif de ces journées mondiales ou européennes est principalement de sensibiliser les citoyens à différents sujets et cette année la fédération mondiale des associations de protection des consommateurs souhaitait promouvoir des pratiques plus durables d’où la thématique sur la pollution plastique.
Ce choix s’explique par des chiffres éloquents, ainsi une étude du mois d’août 2020 de l’ONG Pew Charitable Trusts estime que plus de 100 000 mammifères marins et tortues et 1 million d'oiseaux de mer sont tués chaque année par la pollution plastique marine. Chaque année, plus de 10 millions de tonnes de plastique sont encore déversées dans les habitats marins. Un nombre qui pourrait tripler en seulement 20 ans si rien ne change. A ce rythme, il devrait y avoir plus de plastique que de poissons dans les océans d’ici 2050.
On peut aussi noter que la moitié de tous les plastiques jamais fabriqués l'ont été au cours des 15 dernières années. Enfin 40% du plastique produit est un emballage qui est jeté après une seule utilisation.
Mais, il faut aussi savoir que l’Union européenne n’est pas seulement un consommateur de plastique, elle est également le deuxième plus grand producteur de plastique au monde après la Chine, avec une production en 2016, de 60 millions de tonnes. Donc derrière ces chiffres, il y a une industrie et des emplois.
Est-ce que l’Union européenne a pris conscience de ce problème ?
On peut dire qu’une bascule s’est opérée au niveau européen à partir de 2015, avec l’une des premières mesures visibles de l’Union européenne visant à s’attaquer à la prolifération des déchets liés aux sacs en plastique à usage unique. Cette directive européenne a conduit la France à interdire à partir du 1er janvier 2017, les sacs plastique légers jetable que l’on trouvait en caisse de tous les supermarchés.
Et depuis le 1er janvier, un deuxième texte européen emblématique met fin à un éventail de produits plastiques du quotidien qui terminaient leur vie dans les océans, tels que les pailles, couverts, assiettes, touillettes, boites à sandwich, cotons-tiges….
Mais, est-ce que ces mesures sont suffisantes pour enrayer la pollution plastique ?
Non, bien entendu, un autre élément important de la lutte contre la pollution plastique passe par la gestion des déchets et le recyclage. En 2018, l’Union européenne a adopté une Stratégie sur les matières plastiques dans une économie circulaire.
L’objectif est de rendre tous les emballages plastiques sur le marché européen recyclables ou réutilisables d’ici à 2030, de réduire la consommation de plastiques à usage unique et de limiter l’utilisation intentionnelle de microplastiques. D’ici à 2030, 55 % des plastiques et 70 % des emballages plastiques devront être recyclés. D’ici à 2030, 90 % des bouteilles en plastique à usage unique devront être collectées. À titre de comparaison, et afin de bien mesurer les efforts à entreprendre, le taux de collecte des bouteilles en plastique était de 58 % en France, en 2018.
Mais cela ne reste que des objectifs ?
Pas vraiment, car depuis le 1er janvier de cette année, une contribution nationale sur les déchets d’emballage plastique non recyclés a été instituée pour inciter au recyclage et donc permettre d’atteindre les objectifs de l’Union dans ce domaine. Cette « taxe plastique » consiste en une contribution de 0,8€ par KG de déchets plastiques non recyclés (déchets ménager et non ménager, blister, pot de yaourts…) que devront payer les états membre à l’Union européenne. La France, n’est pas le plus grand producteur de plastique, mais elle le recycle relativement peu : en 2017, 26,5 % de ses emballages étaient recyclés. Aussi en France, cette contribution plastique représentera un coût annuel de 20,5€ par habitant. Alors que le coût moyen dans l’UE ne sera que de 11,8 € par habitant. La France pourrait en l’état actuelle des choses devoir verser 1,3 milliards d’euro par an à l’UE.
Alors qui va payer cette taxe et à quoi va-t-elle servir ?
Il appartient à chaque Etat de choisir comment et à qui il fera supporter cette taxe (les fabricants, les distributeurs, les collectivités locales …)
Cette contribution est une nouvelle ressource au budget de l’UE. Elle est destinée à rembourser en partie le fameux Plan de relance européen de 750 milliards d'euros.
Mais, ce combat contre les plastiques n’est pas gagné d’avance, la situation sanitaire actuelle aggrave encore le problème des déchets en augmentant l’utilisation du plastique à usage unique. Il importe donc comme cette journée de consommateurs nous y encourage de prendre en compte l’impact de notre consommation sur la pollution, le meilleur plastique n’est-il pas celui que l’on ne consomme pas !
Fréquence Europe est une chronique européenne réalisée par Radio Judaïca et le Centre Europe Direct de Strasbourg.
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