Cette semaine dans Fréquence Europe, Olivier Singer nous parle de la décision de la Commission Européenne qui s'est engagée à mettre fin aux pratiques de l'élevage en cages d'ici 2027.
Pourquoi l’Europe doit-elle cesser d’élever des animaux en cages ?
Pour de nombreuses associations de protections animales et environnementales mais aussi pour de nombreux citoyens européens, l’élevage en cage est un des plus importants symboles de l’élevage industriel. Ainsi, selon un sondage eurobaromètre réalisé par l’UE, près de 82% des Européens estiment que les animaux d’élevage devraient être mieux protégés. Qui plus est, la majorité des Européens seraient prêts à payer plus pour des produits issus de systèmes de production qui respectent le bien-être animal.
Et les chiffres sont éloquents voir même stupéfiants : tous les ans, en Europe plus de 300 millions d’animaux d’élevage, des poules, des cailles, des lapins, des cochons, des veaux, des canards sont élevés dans des cages.
Pour vous donner quelques exemples précis, près de 120 millions de lapins sont élevés dans l’UE et la quasi-totalité d’entre eux passent leur vie entière enfermés dans des cages métalliques nues avec un espace de vie par lapin inférieur à la taille d’une feuille A4. Leurs mouvements, et leurs comportements naturels sont fortement réduits. Ils ne peuvent pas s‘allonger de tout leur long ni se tenir debout les oreilles dressées. En gros, ils ne peuvent quasiment pas bouger. Ils sont donc fragiles, la cage provoque souvent des blessures et le recours aux antibiotiques est aussi important face à leurs nombreuses maladies intestinales et respiratoires. Et je pourrais vous faire le même détail pour les truies en gestation ou les veaux qui sont séparés de leur mère et mis dans un box individuel pendant 8 semaines dès leur naissance.
Qu’est ce qui a conduit l’UE à prendre cet engagement ?
Cette annonce de la Commission européenne est une réponse directe à une initiative citoyenne européenne lancée en 2018 par l’Association CIWF (Compassion in world farming) et près de 170 autres ONG européennes demandant « la fin de l’ère des cages et qui a recueillie plus de 1,4 millions de signatures.
Et en quoi consiste l’initiative citoyenne européenne ?
C’est un nouvel outil de démocratie participative prévu dans le Traité de Lisbonne sur le fonctionnement de l’UE. Il a été lancé en 2012 et a pour but de permettre aux citoyens de l’Union d’inviter la Commission à faire une proposition de loi sur un sujet précis.
Pour être valide, l’Initiative citoyenne doit être de la compétence de l’Union européenne et recueillir plus d’un million de signatures de citoyens issus d’au moins sept pays différents, le tout dans un délai d’un an. Et pour le coup, l’initiative « pour la fin de l’ère des cages » a atteint les seuils prévus avec plus de 1,4 millions de signatures provenant de 18 pays européens différents. Rien qu’en France, 105000 signatures ont été récoltées.
Mais est-il envisageable de se passer de l’élevage en cage d’ici 2027 comme la Commission s’y est engagée ?
Oui il existe déjà des alternatives. Des pays comme l’Autriche, le Luxembourg et même l’Allemagne ont déjà pris des mesures législatives visant à interdire totalement les élevages pour les poules. Même en France, grâce à un étiquetage efficace et des consommateurs mieux informés, 36% des poules sont élevées en cage contre 69% il y a seulement 5 ans. En Suède toutes les cases pour les truies, que ce soit les cases de gestation ou les cases de mise-bas sont déjà interdites. L’Union européenne a les outils pour intervenir notamment au travers de la politique agricole commune sans compter que cette souffrance animale va à l’encontre des dispositions même du traité sur le fonctionnement de l’UE qui dispose dans son article 13 que l’Union et les Etats tiennent pleinement compte des exigences du bien-être des animaux en tant qu’êtres sensibles ».
Et quelles sont les prochaines étapes ?
La Commission s’est donc engagée le 30 juin à faire d’ici la fin 2023 une proposition de loi visant à supprimer progressivement l’utilisation de systèmes de cages pour les poules pondeuses, les truies, les veaux mais aussi pour les lapins, les cailles, les canards et les oies. Cette suppression devrait se baser sur une approche espèce par espèce qui tienne compte des spécificités des différents animaux. La Commission s’est également engagée à mettre en place des mesures d’accompagnement pour les éleveurs et leur garantir une transition juste.
Ces avancées en faveur du bien être animal seront d’autant plus significatives que les animaux importés dans l’UE devront eux aussi respecter nos règles et nos normes de protection et de respect du bien être animal.
Fréquence Europe est une chronique européenne réalisée par Radio Judaïca et le Centre Europe Direct de Strasbourg.
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