L'Europe et le monde


L’Europe face à l’échiquier syrien


L’Europe face à l’échiquier syrien

L’Europe est composée de différents acteurs (États, entreprises privées, organisations internationales…) qui jouent un rôle majeur dans les relations internationales. La série « L’Europe et le Monde » sur euradio cherche à éclairer l’auditeur sur certains aspects de la place du Vieux continent sur la scène internationale.

Cette chronique a été initiée et proposée par Justin Horchler, étudiant à Sciences Po Bordeaux, en 2023-2024 et est désormais animée par Ani Chakmishian.

Quelle est la réaction des 27 à propos de la chute de Bachar al-Assad ?

La chute de Bachar al-Assad a été salué unanimement par les membres de l’Union, sans pour autant cacher leurs inquiétudes au sujet de ses remplaçants. La Haute représentante de l’Union européenne, Kaja Kallas, a qualifié cet événement de « développement positif et attendu depuis longtemps ». Elle a insisté sur la nécessité de garantir la sécurité dans la région. D'autres leaders, comme le président du Conseil européen, António Costa, ont souligné l'opportunité de paix et de liberté pour le peuple syrien. Ursula von der Leyen a déclaré que l’Europe soutiendrait la reconstruction d’un État syrien qui protège toutes les minorités.

Quels sont les défis immédiats identifiés par l’Union européenne suite à ce renversement de pouvoir ?

L’Union européenne identifie plusieurs défis majeurs. La ministre allemande des Affaires étrangères a mis en garde contre le risque de voir le pays tomber entre les mains de radicaux. Il y a aussi des inquiétudes sur une possible « balkanisation » de la Syrie, selon le ministre espagnol José Manuel Albares. La priorité pour tous reste la protection des civils et la transition pacifique vers des élections libres et équitables, a souligné le Premier ministre irlandais.

Quelle est la position de la Turquie dans ce contexte ?

La Turquie de Recep Tayyip Erdogan a profité de la nouvelle situation pour intensifier ses actions contre les forces kurdes. Les rebelles de l’Armée nationale syrienne, soutenus par Ankara, ont déjà pris plusieurs villes. Recep Tayyip Erdogan cherche à étendre la « zone tampon » le long de la frontière turco-syrienne, une stratégie planifiée depuis bien longtemps. Mais ces actions suscitent de sérieuses préoccupations, notamment en raison des attaques violentes contre les populations civiles kurdes.

Peut-on parler de risques pour l’Europe en termes de sécurité et de stabilité régionale ?

Les risques sont nombreux. D’un côté, l’UE craint l’expansion de groupes extrémistes comme Hayat Tahrir al-Cham, bien qu’ils se soient jusqu’ici efforcés de limiter les violences contre les civils. De l’autre, les actions de la Turquie et les tensions avec les Kurdes ajoutent à l’instabilité. Les minorités chrétiennes arméniennes, grecques et assyriennes sont également dans la ligne de mire de la Turquie et du HTC. Les Européens s’inquiètent aussi des ambitions de la Russie et de la perte potentielle de ses bases militaires en Syrie. Tout cela pourrait compliquer davantage la situation sécuritaire au Moyen-Orient et avoir des répercussions en Europe, notamment par une nouvelle vague migratoire.

Comment l’Europe envisage-t-elle de soutenir la Syrie dans cette phase de transition ?

L’Europe est prête à travailler avec le peuple syrien pour garantir un avenir stable. Ursula von der Leyen a affirmé l'engagement européen pour préserver l’unité nationale et reconstruire un État qui protège toutes les minorités. Des actions coordonnées avec des leaders régionaux sont prévues, et l’Union mettra l’accent sur l’aide humanitaire et l’accès sans entrave pour répondre aux besoins urgents de la population syrienne.


Un entretien réalisé par Laurence Aubron.