L'Europe et le monde

Les élections fédérales suisses

@Pixabay Les élections fédérales suisses
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L’Europe est composée de différents acteurs (États, entreprises privées, organisations internationales…) qui jouent un rôle majeur dans les relations internationales. La série « L’Europe et le Monde », sur euradio cherche donc à éclairer l’auditeur sur certains aspects de la place du Vieux continent sur la scène internationale.

L'électorat suisse a placé en tête des élections fédérales la droite anti-immigration et eurosceptique. L’union démocratique du centre sort renforcée à l'Assemblée fédérale. C'est un parti populiste, conservateur et nationaliste classé parfois même à l'extrême droite. C'est donc un message de fermeture envoyé au reste de l'Europe.

Tout à fait. Dimanche dernier, les Suisses ont été appelés à renouveler les deux chambres de l'Assemblée fédérale. En mettant en tête un parti qui s'oppose à l'intégration européenne, les électeurs suisses communiquent leur manque d'appétence pour l'Europe. L'Union démocratique du centre, ou UDC, est sans surprise sortie grande gagnante du scrutin avec plus d'un quart des voix, tandis que les écologistes qui soutiennent le projet européen sont sur le déclin.

Comment expliquer ce résultat ?

Le journal Les Echos a écrit que, je cite, “La Suisse ne fait pas partie de l’Union européenne, mais elle n’échappe pas aux débats qui agitent l’ensemble du Vieux Continent”. En effet, l'immigration a été un sujet au cœur de la campagne électorale. L'UDC a su tirer profit et exploiter l'intérêt des Suisses pour ses enjeux. Ce parti se revendique très clairement contre l'immigration. L'immigration serait, selon l'UDC, la source de presque tous les maux de la société suisse. De plus, l'UDC se positionne pour la neutralité stricte de la suisse, et par conséquent contre les sanctions européennes visant la Russie suite à la guerre en Ukraine. Bref, une Suisse d'une certaine façon renfermée sur elle-même. Ce narratif populiste est fructueux puisque depuis presque un quart de siècle, l'UDC est le premier parti suisse.

La Suisse n'est donc pas imperméable aux difficultés que traverse toute l'Europe ?

Evidemment que non. Toutes ces difficultés renforcent malheureusement les partis populistes, en Suisse ou ailleurs en Europe, qui offrent des solutions simplistes; généralement le repli sur soi. Pourtant le remède est tout autre: la plupart des défis ne peuvent être résolus que par la coopération internationale. Prenons l'immigration par exemple, sujet au cœur de la campagne fédérale suisse. La Suisse peut-elle résoudre par elle-même la crise migratoire ?

N'est ce pas surprenant que ce type de discours soit populaire dans l'opinion Suisse ?

Oui, c'est vrai que le score de la droite voir l'extrême droite populiste peut interroger. Le taux de chômage en Suisse est à moins de 2%, et les entreprises peinent à recruter. L'immigration peut donc permettre à certains secteurs d'avoir de la main d'œuvre, et donc de prospérer. Mais le discours anti-migrant est plus xénophobe que rationnel.

Quelles sont les prochaines échéances démocratiques en Suisse ?

Nous pouvons retenir entre autres que le 13 décembre prochain, les parlementaires fédéraux désignent les 7 membres du gouvernement, le Conseil fédéral. Pas de grande surprise, ça ne sera pas un gouvernement particulièrement europhile.

Et donc quelles seront les conséquences pour les relations entre l'Union européenne et la Suisse ?

Depuis le début des années 2010, l'Union européenne et la Suisse négocient l'Accord institutionnel entre la Suisse et l'Union européenne. L'objectif est d'homogénéiser le droit et régler certains désaccords. Cependant, en 2021, le Conseil fédéral a annoncé que la Suisse ne signera pas le projet d'accord, mettant donc fin aux négociations. L'UDC a qualifié cet accord de, je cite, "suicide pour la Suisse", rien que ça ! Un Parlement et Gouvernement davantage orienté à droite rend improbable la reprise des négociations d'un tel accord.

Peut-être que grâce à la votation populaire, certaines avancées vers plus d'intégration entre la Suisse et l'Union européenne pourront être approuvées ?

Oui c'est tout à fait possible. La votation populaire désigne les référendums ou initiatives populaires assez courants en Suisse. Prenons par exemple les deux derniers votes sur des questions européennes: En 2020, une décision qui impliquerait le retrait de la Suisse de l’accord bilatéral sur la libre circulation des personnes a été rejetée par les Suisses. En 2022, l'augmentation de la contribution suisse à l'agence européenne Frontex a été approuvée à plus de 70%. Cela démontre bien que les Suisses acceptent plus d'intégration européenne. Malgré un Gouvernement et Parlement eurosceptique, la Suisse pourra améliorer ses relations avec l'Union européenne par votation populaire.

Un entretien réalisé par Laurence Aubron.