L’Europe est composée de différents acteurs (États, entreprises privées, organisations internationales…) qui jouent un rôle majeur dans les relations internationales. La série « L’Europe et le Monde » sur euradio cherche à éclairer l’auditeur sur certains aspects de la place du Vieux continent sur la scène internationale.
Cette chronique a été initiée et proposée par Justin Horchler, étudiant à Sciences Po Bordeaux, en 2023-2024 et est désormais animée par Ani Chakmishian.
Avec le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche le 20 janvier prochain, quels sont les défis pour l’Europe ?
L’Europe fait face à une triple pression. D’abord, sur le front transatlantique, Donald Trump veut renforcer les droits de douane et demande à l’UE de contribuer davantage à sa propre défense. Ensuite, les tensions commerciales avec la Chine s’intensifient, notamment autour des droits antidumping et des accusations de discrimination économique. Enfin, les liens étroits entre la Chine et la Russie placent l’Europe dans une position stratégique complexe, surtout avec la guerre en Ukraine.
Justement, quelles seraient les conséquences pour l'Europe dans les négociations de paix sur la guerre en Ukraine ?
L’Europe craint que Donald Trump privilégie des négociations bilatérales avec la Russie, sans inclure l’UE. Les Européens veulent garantir un cessez-le-feu juste. Mais sans les États-Unis, leurs mesures de sécurité pour l’Ukraine seraient insuffisantes. Le président américain pourrait tenter un accord rapide, mais cela risquerait de nuire à l’Ukraine. L’UE devra donc jouer un rôle clé tout en travaillant étroitement avec les États-Unis.
Et qu’en est-il de la Groenland ?
Le cas de la Groenland montre à quel point l’Arctique devient un enjeu géopolitique crucial. Donald Trump souhaite relancer les discussions sur un possible achat du territoire. D’ailleurs l’idée n’est pas nouvelle, il l’avait déjà avancée en 2019. Bien que le Danemark et le Groenland ont rejeté cette option, la présence américaine s’intensifie dans la région. Les Groenlandais, eux, restent attachés à leur autonomie, mais cherchant quand même à renforcer leurs liens économiques avec les États-Unis.
Et que faut-il retenir des relations entre l’UE et la Chine ?
Elles n’ont jamais été aussi conflictuelles. Bruxelles accuse Pékin de "discrimination systématique" envers ses fabricants. On parle surtout des dispositifs médicaux et des plateformes technologiques. En retour, la Chine critique les régulations européennes. Les nouveaux droits antidumping adoptés par l’UE sur les véhicules électriques chinois aggravent cette situation, d’autant que l’excédent commercial chinois avec l’UE continue de croître.
Pourquoi l’Europe semble-t-elle aussi dépendante des États-Unis ?
La menace russe en Ukraine oblige l’UE à rester sous une dépendance américaine, tant sur le plan militaire qu’économique. Cela limite ses marges de manœuvre vis-à-vis de la Chine et complique ses choix stratégiques. Si Donald Trump impose des droits de douane élevés sur les produits européens, Bruxelles pourrait être contrainte de se détacher davantage des règles de l’OMC pour protéger son économie.
Ces tensions pourraient-elles pousser l’Europe à adopter une position plus ferme envers la Chine ?
Absolument. Le rapprochement entre la Chine et la Russie, combiné à la pression américaine, pousse l’Europe à réévaluer ses relations commerciales. Les mesures récentes, comme les droits antidumping, ne sont probablement que le début d’une réorientation stratégique. Mais l’Europe ne peut pas complètement s’isoler, car elle reste fortement dépendante des exportations chinoises.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.
