L'Europe et le monde

L'aide européenne à la Palestine

David McLenachan/Unsplash L'aide européenne à la Palestine
David McLenachan/Unsplash

L’Europe est composée de différents acteurs (États, entreprises privées, organisations internationales…) qui jouent un rôle majeur dans les relations internationales. La série « L’Europe et le Monde », de Justin C. Horchler, sur euradio cherche donc à éclairer l’auditeur sur certains aspects de la place du Vieux continent sur la scène internationale.

Le Hamas a attaqué par surprise Israël samedi dernier. Plusieurs milliers de personnes sont mortes ou blessées. L'Union européenne et les États membres ne souhaitent pas rester passif. Quelles sont donc les réactions ?

L'une des annonces principales est que l'Union européenne arrête les aides en faveur de la Palestine. Le commissaire à la Politique de voisinage Olivér Várhelyi l'a annoncé ce lundi sur X, anciennement Twitter. Je le cite: "En tant que plus généreux donateur à la Palestine, la Commission européenne réévalue entièrement son budget dédié au développement, soit un total de 691 millions d'euros", sans pour autant suspendre l'assistance humanitaire. Des États membres ont aussi annoncé suspendre leurs aides nationales à la Palestine, tandis que d'autres s'y sont opposés.

C'est donc une stratégie qui ne fait pas l'unanimité ?

Oui c'est le cas de le dire. Certains gouvernements ont exprimé leur désaccord quant à la décision de l'Union européenne. C'est par exemple le cas du gouvernement espagnol qui se dit "mal à l'aise" avec l'approche communautaire, alors que l'Espagne préside actuellement la présidence tournante du Conseil de l'Union européenne. Différents gouvernements européens ou partis de gauche ont adopté une ligne similaire. C'est ainsi d'une certaine façon un cafouillage à Bruxelles. Le journal Le Monde relate que l'annonce du commissaire Várhelyi a été faite alors que les représentants des États membres étaient en réunion sur les questions de développement. L'aide aux Palestiniens n'était pas à l'ordre du jour, provoquant la colère de certains représentants surpris par cette déclaration.

Un commissaire européen peut-il prendre une décision si lourde de cette façon ?

C'est une bonne question. Un porte-parole du ministère irelandais des affaires étrangères a déclaré non seulement s'opposer à cette décision mais aussi affirmer qu'il n'y a pas de justification juridique. Selon Josep Borrell, ce n'est pas un problème car il n'y aurait aucun transfert d'argent de prévu bientôt, et par conséquent aucune suspension de paiement.

L'Europe est donc un contributeur financier important à la Palestine ?

Tout à fait. L'année dernière, c'est environ 300 millions d'euros qui ont été versés aux Palestiniens. Cet argent a permis de financer les dépenses sociales, médicales, des salaires et pensions, mais aussi de nouvelles infrastructures. Entre 2021 et 2024, c'est un budget de 1,2 milliard d'euros. Donc l'annonce de lundi de suspension de tous paiements de la Commission à la Palestine a beaucoup inquiété, avant qu'une déclaration modère les propos de Olivér Várhelyi.

Comment l'arrêt de ces versements qui bénéficient aux populations palestiniennes est-il justifié ?

Le Hamas est un groupe considéré comme terroriste par l'Union européenne et qui agit principalement dans la bande de Gaza. Des partisans du Hamas ont attaqué le sud d'Israël, tuant ou prenant en otage des habitants de confession juive. C'est donc un soutien sans équivoque qu'ont apporté à Israël l'Union européenne et les États membres. Ursula Von der Leyen, la Présidente de la Commission, a déclaré que, je cite, “Cette violence, ce n’est ni une solution politique, ni un acte de bravoure. C’est purement du terrorisme." Les chefs d'États européens ont eu des réactions similaires.

L'arrêt des versements aura des effets négatifs en Palestine.

Oui, évidemment pour les populations qui seraient punies pour des activités terroristes auxquelles elles n'auraient jamais participé. Aussi, une telle décision aurait un impact politique. Le Hamas pourrait tirer profit de la colère ou du désespoir qui suivrait. Mais évidemment, une attention particulière doit être portée sur les financements dans la région pour s'assurer que pas un seul centime soit versé à des terroristes.

Au-delà du soutien financier, l'Union européenne essaie de favoriser les pourparlers entre Israël et les Palestiniens.

En effet. D'ailleurs, depuis 2006, l’UE a une représentation diplomatique à Jérusalem ainsi qu’à Ramallah, en Cisjordanie. L'objectif est d'obtenir un accord durable afin d'assurer la paix dans la région. Ce conflit soudain compromet à court et moyen terme un apaisement viable.

Un entretien réalisé par Laurence Aubron.