Depuis ses débuts en 2003, EuropaNova nourrit le débat d'idées et accompagne les grandes échéances européennes : élections européennes de 2004 et 2009, débat sur le projet de Constitution de 2005, Conseils européennes, grandes échéances électorales nationales, présidences successives du Conseil, traité de Lisbonne ainsi que les multiples crises que nous connaissons.
La raison d’être d’EuropaNova est ainsi de rapprocher citoyens et institutions, tout en fournissant des analyses sérieuses aux grands enjeux qui se posent aujourd'hui à l'Union européenne.
Les médias ont accordé beaucoup d'attention à un accord d'exportation entre la Russie et l'Ukraine...
En effet : L'Ukraine, avant la guerre, était un exportateur clé de céréales, notamment vers les pays du Moyen-Orient et d'Afrique qui se trouvaient déjà dans une crise alimentaire aggravée par la pandémie du Covid. En juillet, un accord avait été négocié entre la Russie et l'Ukraine pour assurer que les navires transportant ces marchandises agricoles puissent reprendre leur route. Initialement prévu pour une période de trois mois, cet accord est arrivé à son terme.
Cet accord a-t-il été prolongé ?
La Russie avait initialement annoncé qu'elle se retirait de l'accord, provoquant une condamnation générale de l'UE, des États-Unis et de l'ONU, mais elle a depuis annoncé le 2 novembre qu'elle rejoindrait l'accord, soulignant toutefois qu'elle pourrait s'en retirer à nouveau si elle le jugeait nécessaire.
Quelles sont les ramifications d'une telle décision ?
Le retour de la Russie dans l'accord est une bonne nouvelle, car sans sa participation, les exportations auraient pu une fois de plus s'arrêter, car les cargos de blé auraient dû naviguer sans garantie de leur propre sécurité.
Cependant, comme l'a montré la récente crise diplomatique, un futur revirement de la Russie sur l'accord est toujours à l'horizon, ce qui pourrait avoir des conséquences dramatiques : aggravation de la faim dans les pays dépendant des exportations ukrainiennes, ressentiment croissant des populations de ces pays qui sont sensibles aux messages diplomatiques russes anti-occidentaux et affaiblissement des chaînes d'approvisionnement alimentaire mondiales... L'Europe devra réfléchir très rapidement à des alternatives à l'accord actuel si elle souhaite éviter ces difficultés, étant donné la nature précaire de ses relations avec la Russie.
En parlant de géopolitique et de commerce, il y a eu une certaine controverse en Allemagne autour du port de Hambourg...
Le chancelier allemand, Olaf Scholz, au grand mécontentement de nombreux citoyens européens et des membres de sa propre coalition, a négocié un accord avec la société chinoise Cosco en vendant 24,9% de l’infrastructure du port de Hambourg.
Quelle réaction cela a-t-il suscité dans la communauté politique internationale ?
Nombreux sont ceux qui ont averti que cet accord constitue une menace conséquente pour l'autonomie stratégique de l'Europe - l'accord a même provoqué une brèche dans l'amitié franco-allemande. Alors que Scholz se rendra bientôt en Chine voir Xi Jinping lors d’une visite diplomatique du 3 au 4 novembre, le commissaire européen au Marché intérieur Thierry Breton a prévenu que les dirigeants européens devaient faire preuve de prudence quant aux partenariats avec la Chine, qui reste un rival de l'Europe.
Au-delà de ces luttes diplomatiques extra-européennes, y a-t-il eu des développements géopolitiques sur le continent lui-même ?
Avec les accords commerciaux russes et chinois qui monopolisent le discours politique, on a tendance à oublier de nombreux acteurs qui pourraient bientôt jouer un rôle clé dans le conflit actuel, à savoir les pays des Balkans occidentaux qui sont candidats à l'UE.
Et pourriez-vous nous expliquer les enjeux que ces pays candidats représentent dans le conflit actuel ?
Les problèmes avec les pays candidats des Balkans occidentaux remontent au sommet de Thessalonique en 2003, où l'UE avait promis que si ces pays entreprenaient de sérieuses réformes, ils pourraient potentiellement devenir membres de l'Union européenne. Malgré des réformes réussies dans nombre de ces pays, ces promesses continuent de sonner creux.
La patience s'épuise dans ces pays et deux tendances commencent à apparaître : le Kosovo, par exemple, reste déterminé à rejoindre l'UE et a donc maintenu son allégeance à l'Occident dans le conflit actuel. Cependant, La Serbie et la Macédoine du Nord en particulier, jouent au funambule diplomatique en cherchant à obtenir à la fois les faveurs de la Russie et de l'UE. La Russie, bien consciente de cette dynamique, pourrait très bien cibler prochainement ces pays comme alliés potentiels à enrôler si le conflit perdure.
Et enfin, concernant l'environnement, la guerre en Ukraine inquiète de plus en plus les militants écologistes...
L'ONG Ecoaction, basée à Kiev, a tiré la sonnette d'alarme sur les conséquences environnementales qu'aura la guerre en Ukraine. Étant donné l’industrialisation forte des régions de l’Ukraine de l’est, les assauts russes ont causé des dégâts importants en termes de pollution de l'eau et de l'air qui pourraient très bien se propager hors des frontières nationales et nous affecter à long terme. La guerre, au-delà du risque qu'elle représente en termes de commerce et d'alliances géopolitiques, pourrait avoir des conséquences écologiques dramatiques qu'il convient de traiter rapidement.
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Euan Walker et Laurence Aubron.
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