"Plongée dans les océans", la chronique hebdomadaire qui vous transporte dans la faune et flore marine présentée par Sakina-Dorothée Ayata, maîtresse de conférences en écologie marine à Sorbonne Université.
Sakina, cette semaine vous allez nous parler de la pollution plastique des océans.
En effet, la pollution plastique est considérée comme une menace globale, y compris pour les océans. Le plastique produit par les activités humaines s’accumule dans l’environnement où il est en général faiblement dégradé. Et les impacts de la présence de cette pollution pastique sont quasiment irréversibles. Ces impacts incluent une modification des cycles du carbone et des nutriments, une modification des habitats au sein des écosystèmes du sol, des sédiments, et des écosystèmes aquatiques, des impacts sur des espèces clefs ou déjà menacées, des problèmes d’écotoxicité, et des impacts socio-culturels.
Quand on parle de pollution plastique dans l’environnement, de quoi parle-t-on exactement ?
Et bien cette pollution regroupe différentes formes, mais aussi différents types de molécules plastiques. Classiquement, on distingue cette pollution en fonction de la taille des débris. Les gammes de taille varient selon les auteurs, mais on peut définir les mégaplastiques qui font plus 10 cm, comme les sacs plastiques par exemple, les macroplastiques qui mesurent entre 2 et 10 cm, comme un canard de bain ou un verre en plastique, les mésoplastiques entre 0,5 et 2 cm, comme le bouchon d’une bouteille d’eau, et enfin les microplastiques, les plus petits, qui font moins de 5 mm.
Comment cette pollution arrive-t-elle jusqu’à la mer ?
Elle y arrive d’une part via les rivières et les fleuves, qui charrient leur lot de plastique depuis les continents, mais aussi via les airs lorsque des sacs plastiques sont transportés par les vents, ou encore via le transport maritime, si un container rempli d’objets plastiques tombe à l’eau ou si un navire de pêche abîme son filet. On estime que 75% des plastiques marins proviennent des continents et il a été montré que les tempêtes augmentent ces apports dans les zones côtières.
Depuis quand observe t-on de la pollution plastique dans nos océans ?
Les premières observations de débris plastique dans l’environnement marin ont été des fragments plastiques retrouvés dès les années 1960 dans les estomacs d’oiseaux marin, comme les albatros. Et on pense que la longévité du plastique peut atteindre des centaines à des milliers d’années, voir même beaucoup plus dans les eaux profondes et les environnements polaires.
Et il y a beaucoup de débris plastiques dans nos océans ?
Tous les débris plastiques finissent par être fragmentés en microplastique à cause de leur exposition aux rayons ultraviolets (UV) et à cause de phénomènes d’abrasion physique. Selon les océans, on trouve entre 0,001 et 140 particules de microplastique par mètre cube d’eau de mer. Dans les sédiments ou sur les plages, ces concentrations peuvent atteindre jusqu’à 1300 particules par m2.
Sakina, quelles sont les conséquences de cette pollution plastique sur les écosystèmes marins ?
De manière générale, la présence de débris plastiques dans les océans représente une menace considérable pour la faune marine, en étouffant et en affamant les animaux, en contribuant à la dispersion d’organismes exotiques et potentiellement nocifs, ou via l’absorption de produits chimiques toxiques issus de leur dégradation. Les microplastiques peuvent également être ingérés mais leurs conséquences environnementales restent encore relativement mal connues. La présence de débris plastique a aussi des conséquences négatives sur le tourisme, la pêche, le transport maritime et la santé humaine. Lors d’une prochaine chronique, je vous parlerai plus en détail des microplastiques, et des pistes pour lutter contre ces pollutions plastiques marines.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.