Plongée dans les océans - Sakina Ayata

Le parc naturel marin d'Iroise

Photo de amzallag micheline sur Unsplash Le parc naturel marin d'Iroise
Photo de amzallag micheline sur Unsplash

"Plongée dans les océans", la chronique hebdomadaire qui vous transporte dans la faune et flore marine présentée par Sakina-Dorothée Ayata, maîtresse de conférences en écologie marine à Sorbonne Université.

Sakina, cette semaine vous allez nous parler du Parc naturel marin d’Iroise. C’est quoi un parc marin ?

Quand on parle de Parc naturel marin, on parle en fait d’une aire marine protégée (ou AMP). Ces parcs sont des outils de gestion du milieu marin depuis la loi du 14 avril 2006. Selon les cas, ces espaces maritimes sont plus ou moins protégés des activités humaines. En France, il existe 8 Parcs naturels marins, dont 6 en métropole et 2 dans les Outre-mer. Ils sont gérés par l’OFB, l’Office Français de la Biodiversité, qui en plus d’être la Police de l’environnement, est également en charge de la gestion et de la restauration des espaces protégés. Le Parc naturel marin d’Iroise est la première aire marine protégée française et vu le jour en 2007.

Où se trouve-t-il ?

Le Parc naturel marin d’Iroise est situé sur la façade Atlantique, à la pointe du Finistère au large du Conquet. Il fait 3 500 km² et on y retrouve les îles de Sein, Molène et Ouessant. Depuis les côtes finistériennes, il recouvre l’ensemble du domaine maritime jusqu’à la limite des eaux territoriales françaises, à l’exception de la Rade de Brest. Son siège est situé au Conquet, mais il possède également une antenne à Douarnenez.

Quelles sont ses missions ?

Le Parc naturel marin de la mer d’Iroise a trois missions principales : mieux connaître le milieu marin, protéger ce milieu et les espèces qui y habitent, et contribuer au développement durable des activités maritimes en mer d’Iroise. Mais à ces missions générales d’ajoutent des objectifs précis pour répondre aux enjeux locaux. C’est ce que l’on appelle des orientations de gestion.

Et quelles sont ces orientations ?

Pour le Parc naturel marin de la mer d’Iroise, il a 10 orientations de gestion. Parmi celles-ci on retrouve : 1) l’approfondissement et la diffusion de la connaissance des écosystèmes marins, 2) le maintien en bon état de conservation des populations des espèces protégées, rares ou menacées et de leurs habitats, 3) la réduction des pollutions d'origine terrestre ainsi que du risque de pollutions maritimes et portuaires diffuses ou accidentelles, 4) la maîtrise des activités d'extraction de matériaux, et 5) l’exploitation durable des ressources halieutiques. Mais au sein des orientations de gestion il existe aussi des objectifs en lien avec l’économie locale, comme 6) le soutien de la pêche côtière professionnelle, 7) l’exploitation durable des champs d'algues par les goémoniers, 8) le soutien aux activités maritimes sur les îles du parc, pour y maintenir une population d'habitants permanents, 9) la conservation et la valorisation du patrimoine paysager, architectural, maritime et archéologique, notamment sous-marin, et des savoir-faire locaux, et 10) le développement raisonné des activités touristiques, nautiques et de loisirs, compatibles avec la protection des écosystèmes marins.

Comment ces orientations sont-elles décidées ?

Les orientations de gestion sont définies dans ce que l’on appelle un plan de gestion, qui sert de feuille de route au parc naturel marin pour les 15 années à venir. Chaque année, les actions menées sont évaluées par le conseil de gestion du parc naturel marin. Ce conseil est composé de représentants des différents acteurs de la mer d’Iroise. On y trouve des collectivités locales, des services de l’État, des associations de protection de l’environnement, des pêcheurs professionnels, des experts, et des usagers de loisirs. Ces attributions sont définies dans le Code de l’environnement.

Sakina, quelle sont les particularités du Parc naturel marin d’Iroise ?

En plus d’être situé dans un des endroits les plus périlleux au monde (celles et ceux qui sont déjà passé par le raz de Sein peuvent en témoigner !), c’est un endroit où arrive un puissant courant froid sur des côtes rocheuses, ce qui a favorisé le développement du plus grand champ d’algues de nos côtes. Il existe tout un foisonnement de vie, avec de nombreuses espèces de crustacés ou de poissons (comme le poisson lune), qui attirent de nombreux mammifères (comme le phoque gris, le marsouin commun ou le grand dauphin) ainsi que plusieurs espèces d’oiseaux marins (comme le fou de Bassan ou le macareux moine). Dans certaines parties du parc, on trouve également des baies sableuses ou des bancs de maërl. Cette mosaïque d’habitats abrite une grande biodiversité.

Sakina, comment cette biodiversité est-elle étudiée ?

Le Parc naturel marin d’Iroise possède 5 navires, qui servent à la fois pour des missions de suivis scientifiques, mais aussi pour des missions de police en mer et des opérations d’assistance et de sauvetage. Plusieurs suivis sont réalisés, aussi bien sur les mammifères et les oiseaux marins que sur le plancton marin ! Avec des collègues du Parc naturel marin d’Iroise et du laboratoire LOCEAN, nous venons ainsi de publier un jeu de données de plus de 10 ans sur le plancton végétal et animal de la mer d’Iroise. Le but maintenant est de comprendre comment l’environnement, très dynamique, de la zone, façonne la biodiversité planctonique. En effet, comme le plancton sert de nourriture pour les échelons trophiques supérieurs, la biodiversité planctonique est à la base de tout le réseau trophique de la mer d’Iroise ! Si le plancton est en bonne santé, il en sera de même pour les sardines et donc pour les pêcheurs.

Un entretien réalisé par Laurence Aubron.