"Plongée dans les océans", la chronique hebdomadaire qui vous transporte dans la faune et flore marine présentée par Sakina-Dorothée Ayata, maîtresse de conférences en écologie marine à Sorbonne Université.
Sakina, cette semaine vous allez nous parler du récent « manifeste du plancton » qui a été présenté devant les Nations Unies en Septembre 2024. Avant de continuer, pouvez-vous nous rappeler ce qu’est le plancton ?
Le plancton rassemble l’ensemble des organismes qui vivent librement dans l’eau sans pouvoir nager contre les courants. On trouve du plancton dans les lacs, les rivières, les fontaines, les eaux souterraines, et les océans. Il y a du plancton microscopique, mais les plus grands organismes planctoniques peuvent atteindre une cinquantaine de mètres de long, comme les siphonophores, des sortes de cousins des méduses qui vivent en colonies.
Pourquoi s’intéresser au plancton ?
Le plancton joue un rôle essentiel dans le bon fonctionnement et les équilibres de notre planète. Les microalgues du plancton réalise la photosynthèse grâce à l’énergie du soleil, et produisent ainsi de l’oxygène dont les poissons ont besoin pour respirer. Ces microalgues fixent aussi le dioxyde de carbone et contribuent à l’export de carbone vers les profondeurs de l’océan. C’est ce que l’on appelle la pompe à carbone biologique, qui contribue au stockage de carbone au fond des océans à l’échelle des temps géologiques, ce qui permet ainsi de réguler le climat. Enfin, le plancton est la base de quasiment toute la nourriture dans les océans, c’est grâce à lui que les baleines ou les poissons peuvent s’alimenter ! Et c’est justement par ce que le plancton est si important, et pourtant méconnu, qu’un manifeste a été rédigé pour attirer l’attention sur lui.
Et donc, qu’est-ce que ce manifeste du plancton ?
C’est un document qui a été présenté le 23 septembre 2024 à l’assemblée générale des Nations-Unies à New York, et qui appelle à une meilleure reconnaissance du plancton à l’échelle globale et à des actions mondiales et immédiates pour le protéger.
Qui l’a rédigé ?
Le manifeste du plancton est le fruit de collaborations soutenues par le Pacte mondial des Nations Unies, et qui ont réuni 30 experts internationaux issus de laboratoires de recherche mais aussi d'industries d’une quinzaine de pays. Ce document sera approuvé lors des principales conférences mondiales sur l'environnement qui se déroulement cette année, notamment la COP29 sur le climat en Azerbaïdjan en novembre 2024, la COP16 sur la biodiversité en Colombie fin octobre 2024, et enfin la conférence des Nations Unies sur les océans qui se déroulera à Nice en juin 2025.
Et que réclame ce manifeste ?
Et bien le manifeste du plancton préconise l'adoption de « solutions basées sur le plancton » pour répondre à la triple crise planétaire à laquelle nous faisons face sur la biodiversité, le climat et la pollution. Parmi ces « solutions basées sur le plancton », on peut par exemple citer, pour lutter contre la pollution, l’utilisation du plancton comme bioindicateur de l’état de santé des écosystèmes, ou son utilisation pour atténuer la pollution des océans par les plastiques, nettoyer les eaux, et recycler les polluants. Le manifeste présente également 10 propositions concrètes pour répondre à 3 objectifs.
Et quels sont les 3 objectifs de ce manifeste ?
Premièrement, le but est d’encourager la recherche sur le plancton marin et d'eau douce pour mieux le comprendre. Ceci permettra à la fois de mieux tirer parti de son potentiel et de mieux protéger les écosystèmes.
Deuxièmement, le manifeste encourage les initiatives dans le domaine de l'éducation pour mieux informer le grand public et les décideurs sur le plancton, sa diversité, et son rôle essentiel pour la planète.
Et troisièmement, le manifeste insiste sur le besoin d’intégrer le plancton dans les grandes discussions et politiques internationales et nationales, comme les COP Climat, les COP Biodiversité, ou les discussions des autres programmes des Nations Unies. Le but ici est, je cite, « de développer des programmes, définir des objectifs et activer des solutions pour aider à la régénération de notre biodiversité mondiale, de notre climat et de notre environnement tout en fournissant de la nourriture et des emplois aux gens ».
Une interview de Laurence Aubron.