Ce mois-ci nous revenons sur la carrière prolifique, tout autant que romanesque, de l’architecte français Fernand Pouillon avec 2 invités qui ont des approches différentes mais complémentaires.
Ainsi, nous recevons l’architecte Marc Bedarida suite à la publication de son ouvrage Fernand Pouillon (Editions du Patrimoine, CMN, 2012). Enseignant d'histoire de l'architecture contemporaine et de l'urbanisme à l'École nationale supérieure d'architecture de Paris-La-Villette, il dirige les Éditions de la Villette et a récemment réédité le Voyage d'Orient de Le Corbusier.
Fernand Pouillon (1912-1986) est assurément la figure la plus romanesque de l'architecture française du XXe siècle. Les fastes de sa vie privée et ses démêlés judiciaires ont défrayé la chronique. Son talent d'écrivain s'exprime pleinement dans Les Pierres sauvages (1964) et dans les Mémoires d'un architecte (1968). Son œuvre bâti, exceptionnel par son ampleur (Aix, Marseille, Bastia, Saint-Tropez, Bastia, Boulogne-Billancourt, Iran, Algérie) révèle ses qualités de composition et de construction. Mis au ban de sa profession pour avoir contrarié les intérêts financiers de nombreux architectes et promoteurs, Fernand Pouillon a démontré la compatibilité de la construction en pierre de taille et du logement de masse.
Cette monographie permet d'aborder facilement l’œuvre de l'architecte, de la resituer et d'en saisir immédiatement les temps forts et dresse un portrait passionnant de cet homme.
Dans la 2nde partie, nous recevons la photographe et réalisatrice Daphné Bengoa qui vient de publier, avec le photographe Leo Fabrizio, un ouvrage passionnant sur l'expérience de Fernand Pouillon en Algérie (Fernand Pouillon et l’Algérie - Bâtir à hauteur d‘hommes aux Ed. Macula). Ce bâtisseur effréné fut le maître d’œuvre de plusieurs cités (plus de 8000 logements construits), de complexes touristiques et de logements étudiants.
Ce double corpus met en lumière la singulière interdépendance entre bâtir et habiter dont l’œuvre de Pouillon est exemplaire. Leo Fabrizio s’est attaché à photographier le temps long et les bâtiments dans leur état actuel, tandis que Daphné Bengoa, de son côté, est entrée dans l’intimité des foyers et s’est plutôt intéressée au temps court, aux habitants des cités de Pouillon et aux travailleurs de ses complexes touristiques. Elle a aussi réalisé un documentaire Diar Es Saada qui relate le quotidien de deux habitants d’une cité populaire emblématique d’Alger (www.daphnebengoa.com).
Dans la rubrique littéraire, Xavier Capodano nous conseille, ce mois-ci, une BD, Moi, Mikko et Annikki de Tiitu Takalo (Ed. Rue de l’Echiquier), un récit fascinant sur la lutte d’une communauté pour sauver un quartier historique dans une ville finlandaise.
Les choix musicaux de Carole Carole
Musique 1. Truth Hurts de Lizzo.