À la Maison de l’Europe, l’exposition &Peace, (prononcez "épice") de l’artiste Pascal Tozzi, alias Toz, surprend dès les premiers pas : une ballerine posée sur une mine antipersonnel, un ananas logé dans une grenade, des armes fleuries… Autant d’objets de guerre détournés, assemblés à des figurines de la pop culture ou à des fragments de drones russes abattus en Ukraine.
Pour Pascal Tozzi, enseignant-chercheur en sciences politiques, ces œuvres fabriquées à partir d’objets produits “par la société” visent à réveiller un imaginaire de paix. Son constat est simple : la paix ne déclenche pas d’émotions vives, contrairement à la guerre. L’artiste cherche donc à réengager le public "émotionnellement" autour de la non-violence.
Il défend l’idée d’une “paix chaude”, plus profonde qu’un simple cessez-le-feu. “Si déjà les armes cessaient de détruire, ce serait énorme”, affirme-t-il en évoquant l’Ukraine. “Mais une fois les tirs arrêtés, qui va retisser les liens ? Qui va porter le récit de mémoire ?" Pas les diplomates, assure-t-il. Selon lui, la société entière doit contribuer à reconstruire durablement la paix.
Toz souhaite également réhabiliter certains mots délaissés, comme “non-violence” ou "paix" trop souvent perçus comme synonymes de faiblesse. “La paix demande de la détermination", rappelle-t-il. Et de poursuivre : "Si on se prive de l'usage de certains mots parce qu'ils ont été piégés par d'autres, alors à mon avis, on appauvrit sa pensée."
Le message touche les visiteurs. Olena, Ukrainienne vivant en France depuis neuf ans, y voit une manière de préserver “notre humanité à travers l’art", y compris face à l'horreur. Plus loin, Romy sourit devant une œuvre représentant des dictateurs passés au presse-légumes : “C’est pas mal !”
Pour en savoir plus, découvrez l'entretien de Pascal Tozzi.
Un reportage et un entretien menés par Cassandre Thomas.
