Le restaurant du quartier des Chartrons Le Jardin Pêcheur embauche environ 80% de personnes porteuses d'un handicap invisible. Comment ce projet a-t-il été construit ?
A l'origine, c'est Pierre Maly, actuel gérant de l'établissement, qui a eu cette idée alors qu'il était encore directeur d'un institut de rééducation psychothérapique pour adolescents. Il s'était aperçu que ces derniers avaient beaucoup de difficulté à trouver un emploi, étant dans un "entre-deux, pour lequel il n'y avait pas de solution", explique le reconverti dans la restauration.
Leurs handicaps respectifs "les empêchaient à la fois de trouver un emploi dans des entreprises ordinaires" mais d'un autre côté "ils ne relevaient pas des ESAT" (les accompagnements et services d'accompagnement par le travail).
Pierre Maly a également remarqué que "paradoxalement, ils [les adolescents] allaient vers les métiers de services", d'où le restaurant.
Depuis, l'idée a fait son chemin en Dordogne, avec un premier Jardin Pêcheur, qui a cependant fermé ses portes en 2018, puis à Bordeaux, depuis 2017. Pour sa création, le restaurant a bénéficié de 200 000 euros de financements européens (FEDER).
Le spectre du handicap dit "invisible" est maintenant largement représenté au Jardin Pêcheur : surdité, déficience visuelle, ou handicap psychique dans la majorité des cas.
Par exemple, Thomas, en cuisine, porte un casque anti-bruit tous les jours. Pour Pierre Maly, "ce sont des choses banales, basiques, mais qui témoignent de l'écoute de l'autre".
Un reportage de Cassandre Thomas.