À l'occasion de la journée nationale de mémoire aux victimes de l'esclavage, une cérémonie de commémoration était organisée à Bordeaux, au square Toussaint Louverture.
Celle-ci a débuté sur la chanson "Entend mon âme", co-composée et interprétée par des élèves et l'artiste Estelle Lovi. Le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic a ensuite pris la parole :
"Nous sommes réunis pour regarder en face l'histoire de notre ville. Plus personne n'ignore aujourd'hui qu'une partie de la richesse de Bordeaux s'est fondée sur le crime contre l'humanité, que furent la traite et l'esclavage. Plus personne n'ignore aujourd'hui la face sombre de ce qu'on a qualifié la phase d'or. Plus personne ne doit l'oublier. "
Il en a également profité pour mettre en valeur le travail de mémoire entrepris par la ville avec "l'ouverture des salles sur l'esclavage et la traite négrière au Musée d'Aquitaine [....], l'installation de la statut de Modeste Testa sur les quais Louis XVIII et la pose de plaques de rue biographiques au nom des personnes liées au passé colonial et esclavagiste de la ville". Il a finalement rappelé la satisfaction de la ville à l'égard du travail de préfiguration, fournie par l'association Mémoires et partages, sur la création de la Maison esclavages et résistances.
Les lycéens de Lesparre Medoc ont ensuite lu un extrait de L'esclavage des noirs, d'Olympe de Gouge, avant de réaliser une chorégraphie sur le thème des chaînes, accompagnés par le chant d'Estelle Lovi.
La commémoration se déroulait comme prévu : discours officiels, dépôt de gerbes, minute de silence et Marseillaise, mais c’était sans compter sur une dernière création venue surprendre le public. Un homme enchaîné, pieds nus et le visage couvert par un masque teinté de rouge s'est agenouillé devant la statue de Toussaint Louverture, puis s'est jeté sur le sol, comme mort, avant de simuler une convulsion. Sans un mot, il est parti, accompagné par le son de ses chaînes.
Cette performance improvisée s'est avérée être celle de Bena Toko pour la compagnie Maloba, qui a simplement confié à euradio : "l'enchaîné ne parle pas".
Deux approches artistiques se sont donc rencontrées à l'occasion de la cérémonie de commémoration, et ont suscité diverses réactions.
Jean-François par exemple a bien aimé les performances des jeunes, mais il a encore plus apprécié celle de Bena Toko, qui donne "plus de sens" à cette journée, et vient contraster avec "l'atmosphère consensuelle, presque mièvre" de la cérémonie.
Patrick, à l'inverse, très ému par les prestations des adolescents, n'a pas vu un grand intérêt à la dernière création, car pour lui "le symbole est plus fort que la réalité".
Enfin, le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic a vu dans ces représentations artistiques un "cocktail équilibré", il salue par ailleurs la liberté d'expression de chacun.
Un reportage réalisé par Cassandre Thomas.