L'essentiel de l'actualité européenne du jour :
- Nouvelle étape dans la relance économique en Europe
- Joe Biden rencontre des chefs d'États européens en amont du sommet avec Poutine
- L'Europe prend du retard dans son industrie militaire
Nouvelle étape dans la relance économique en Europe
Le 6 décembre 2021, la Commission européenne a annoncé qu'un premier État-membre est enfin prêt à recevoir un versement du fonds de relance européen NextGeneration EU. Il s’agit de l’Espagne.
Oui, l'Espagne va déjà recevoir 10 milliards d'euros de subventions, parmi l'enveloppe de 70 milliards qui seront normalement attribué à ce pays au titre de la Facilité pour la reprise et la resilience (FRR), le principal instrument du fonds de relance européen NextGenerationEU et ses 750 milliards d'euros.
L'Espagne est le premier pays à bénéficier d'une évaluation préliminaire positive.
Pour valider cette évaluation et débloquer les subventions européennes, Madrid a dû mettre en place des réformes, notamment pour améliorer la législation du travail ou encore la décarbonisation de l'économie. Au total 52 premiers jalons de son plan de relance national, autrement dit 52 engagements de réformes, ont été atteints avec succès.
En comparaison, les Pays-Bas n'ont toujours pas envoyé à la Commission leur plan national pour une évaluation.
Oui c'est le seul Etat membre à ne pas encore l'avoir fait. Il leur reste encore à présenter à la Commission une stratégie de réforme économique, une condition que les Hollandais avaient eux-mêmes défendue lors des négociations sur le plan de relance en 2020.
Parmi les autres pays en cours d'évaluation, la Hongrie et la Pologne négocient toujours avec l'UE pour éviter que leur accès au fonds ne soit bloqué dans le contexte de tensions qui opposent Bruxelles, Varsovie et Budapest sur des dossiers juridiques
Oui, des tensions persistent entre l'Union et ces pays, notamment à propos de l'Etat de droit, rendent les discussions difficiles et hypothétique le versement des fonds de relance. Ainsi au Parlement européen, une majorité des eurodéputés appellent la Commission à ne pas approuver le plan de relance polonais, depuis que la Pologne a contesté la primauté du droit européen sur le droit polonais.
Joe Biden rencontre des chefs d'États européens en amont du sommet avec Poutine
Intéressons-nous à présent à la rencontre qui a eu lieu le lundi 6 décembre entre certains chefs d'États européens et le président américain Joe Biden, essentiellement pour évoquer la crise en Ukraine.
Oui, les tensions à l’Est de l’Ukraine n’ont fait que croître ces dernières semaines, avec d’une part la poursuite des combats entre les troupes de Kiev et les séparatistes pro-russes dans la région du Donbass, et d’autre part la mobilisation de troupes importantes par Vladimir Poutine à la frontière avec l’Ukraine. Dans ce contexte, l’Occident cherche à s’accorder sur la bonne marche à suivre face à cette crise. Cette semaine, lors de la réunion de lundi, étaient présents le président français Emmanuel Macron, la chancelière allemande Angela Merkel, le premier ministre britannique Boris Johnson et son homologue italien Mario Draghi.
Lundi, les Etats-Unis menaçaient la Russie de “lourdes sanctions économiques” si elle lançait une action militaire contre l’Ukraine. Des scénarios de représailles économiques ou militaires, que l’Elysée considère comme “prématurés”, dans un communiqué publié cette semaine.
Oui, la France et l’Allemagne ont préféré appeler la Russie à reprendre les négociations dans le cadre du groupe de Normandie. Ce groupe chargé d’offrir un espace de dialogue entre Moscou et Kiev est placé sous l'égide de la France et de l'Allemagne, mais en raison de la dégradation de la situation, depuis plusieurs mois les négociations sont au point mort.
Cette rencontre avait pour but de préparer le sommet prévu entre Joe Biden et Vladimir Poutine, et qui s’est déroulé le mardi 7 décembre.
Tout à fait ! Les deux présidents y ont présenté leurs attentes respectives. Vladimir Poutine a de nouveau critiqué la volonté de l’Ukraine de rejoindre l’Alliance Atlantique, et il a rappelé qu’une telle intégration représenterait “une ligne rouge” pour la Russie. Il a donc réclamé des “garanties juridiques” contre une extension vers l’Est de l’OTAN. De son côté, Joe Biden a maintenu son soutien à l’intégrité territoriale de l’Ukraine, mais a promis d'œuvrer pour un nouveau cessez-le-feu dans la région du Donbass afin d’encourager une désescalade des tensions en Ukraine.
L'Europe prend du retard dans son industrie militaire
Terminons ce journal en évoquant cette fois le secteur de l’industrie militaire en Europe. Le lundi 6 décembre, le Haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères Josep Borrell a participé à la conférence annuelle de l’Agence européenne de défense (AED).
Oui, on le rappelle, l'Union européenne ne possède pas sa propre armée, mais des dispositifs de coopération et de coordination existent. L’Agence européenne de défense en fait partie : créée en 2004, elle rassemble tous les Etats-membres de l’Union sauf le Danemark, et elle est basée à Bruxelles. Son rôle est de soutenir des projets coopératifs militaires et de renforcer les échanges entre les ministres de la défense européens.
Lundi, Josep Borrell a prononcé un discours dans lequel il a alerté sur le retard que prennent les Européens dans l’innovation militaire.
En effet, selon lui, les grandes puissances devancent de plus en plus les Européens en matière de technologies de défense. Selon l’AED, en 2020, les Etats-membres de l’UE ont dépensé 2,5 milliards d'euros en recherche et technologie. A titre de comparaison, les Etats-Unis ont dépensé au moins 14 milliards d'euros sur la même période, entre autres dans des techniques comme l’intelligence artificielle. Des techniques qui sont de plus en plus appliquées au domaine militaire.
Pourtant, toujours selon le rapport publié lundi par l’Agence européenne de défense, le budget militaire des Etats-membres de l'UE a augmenté de 5% en 2020 par rapport à l’année précédente, avec près de 200 milliards d’euros dépensés.
Oui, et l’UE met progressivement en place des moyens pour rattraper son retard. L’année 2022 verra ainsi la création d’une « Boussole stratégique », c’est-à-dire un nouveau cadre opérationnel pour le développement et la prise de décision de l'UE dans le domaine de la défense. En outre, l'AED a annoncé la tenue de réunions prochaines avec les départements américains des Affaires étrangères et de la Défense pour renforcer leur coopération dans ce domaine.
Romain L'Hostis - Thomas Kox
Photo : European Parliament
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