Lancement d'un "plan cancer européen" pour une meilleure coordination entre les EM ; qualité de l'air en Europe, de nouvelles mesures pour tenter d'atteindre la neutralité carbone ; les étiquettes énergétiques font peau neuve.
Lancement d'un plan cancer européen pour une meilleure coordination entre les Etats membres
Jeudi 4 février, l’Organisation mondiale de la Santé a alerté sur l’impact « catastrophique » de la pandémie sur le traitement du cancer. Sur 53 pays étudiés, un sur trois a partiellement ou totalement interrompu ses services de cancérologie. En 2020, quelque 2,7 millions de personnes dans l’UE ont été diagnostiquées pour un cancer, et 1,3 million d’Européens en sont décédés. Pour y faire face, l’UE souhaite une approche commune face à cette maladie. Comment va-t-elle se traduire ?
En effet , l’UE a lancé mercredi 3 février le plan cancer européen qui envisage notamment d’accélérer l’échange de données entre États membres afin de coordonner les programmes de recherches. De même, la Commission souhaite organiser un réseau transnational de centres de traitement du cancer, auquel 90% des patients du continent devraient avoir accès d’ici 2030. Le plan s’attaque aussi au tabagisme avec l’objectif de réduire le taux de fumeurs de 25% à 5% en 2040 en révisant notamment les directives sur la taxation du tabac. Elle souhaite rendre par ailleurs obligatoire les avertissements sanitaires sur l’étiquette des boissons alcoolisés d’ici à la fin 2023.
C’est donc un plan avec des objectifs concrets mais certains déplorent une ambition légèrement à la baisse comparée aux annonces précédentes.
Oui, le plan a été largement salué mais certaines initiatives proposées par des députés, des associations de consommateurs ou encore des associations environnementales ne figurent peu ou pas dans le plan. Notamment le droit à l’oubli qui permet aux malades du cancer de ne pas déclarer leurs informations médicales lors d’une demande de prêt à la banque ou lors de la souscription à une assurance. Autre sujet de déceptions pour certains, l’UE ne mentionne plus son souhait de mettre un terme aux subventions pour la promotion de la viande rouge, jugée cancérigène. Enfin, la négociation des prix des médicaments au niveau européen, qui est pour l’instant une prérogative des États membres, ne semble pas voir le jour.
Qualité de l'air - amélioration globale mais disparités régionales, l'UE prend de nouvelles mesures.
Évoquons maintenant un autre sujet de santé publique, la pollution de l’air, qui fait aussi l’objet de politiques européennes, comme la directive Qualité de l’air ambiant de 2008. Celle-ci définit des plafonds d’exposition à plusieurs polluants atmosphériques. Depuis une trentaine d’années, la qualité de l’air s’améliore sur le continent mais certaines régions enregistrent encore des dépassements des limites d’émissions de polluants. Plusieurs pays ont été condamnés par la Cour de Justice de l’UE. La France en octobre 2019 et plus récemment la Hongrie mercredi 3 février Comment caractériser la situation ?
La pollution de l’air a chuté au début de la pandémie suite aux mesures sanitaires en Europe mais cette tendance risque d’être temporaire selon l’Agence européenne pour l'environnement. Le rapport Atlas de la mobilité 2021 présenté mercredi 3 février note que même si l’usage du vélo a bondi pendant la pandémie, en ce qui concerne les longs trajets, les européens ont délaissé les transports en commun pour la voiture.
Dans le cadre du Pacte Vert, l’UE a décidé de faire de 2021 l’année européenne du rail, un outil supplémentaire pour tenter d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. Afin d’encourager son usage, l’Europe a ouvert le transport ferroviaire à la concurrence avec l’objectif de faire baisser les prix et de développer ce moyen de transport. Avec des effets limités pour l’instant.
En effet, une étude de la revue Transportation Research sur la récente libéralisation du train en Europe a établi que celle-ci n'a pas entraîné de report massif des transports routier et aérien vers le ferroviaire.
Les chercheurs de l’étude suggèrent l’introduction du principe de pollueur-payeur pour tenter d’atteindre les objectifs européens de renforcement de la part du ferroviaire. Selon eux, l’introduction de taxes sur les usagers de la route ainsi que du secteur aérien pourrait permettre d’établir une concurrence équitable entre les différents modes de transport.
Un principe que souligne également la Présidente de la Fondation Heinrich-Böll à l’origine du rapport sur la mobilité européenne. Durant la présentation du rapport, le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans a indiqué : « Il y a une chose qui peut faire dérailler le Green Deal, le fait ou l’impression qu’il serait réservé aux plus riches ».
De la même manière, un rapport de l’Institut Jacques Delors publié début février appelle l’UE à mettre en place une stratégie visant à sortir les Européens de la précarité énergétique. Le texte souhaite que cette stratégie soit un élément clé du pacte vert européen.
Oui, selon ce document, en 2019, plus de de 30 millions d’Européens ne parvenaient pas à chauffer convenablement leur logement. L’équivalent des populations réunies de la Tchéquie, de la Hongrie et de l’Autriche. Ce constat est d’autant plus d’actualité que la pandémie entraîne des pertes de revenus et oblige des centaines de millions d’Européens à rester chez eux. Une précarité énergétique vécue également en été et qui inquiète à mesure que les vagues de chaleurs sont plus fréquentes et plus longues en raison du changement climatique. Le rapport appelle l’UE à fixer des objectifs concrets pour faire face à cette problématique.
Les étiquettes énergétiques font peau neuve
Terminons ce journal par une autre initiative de l’UE qui concerne les ménages européens.
Oui, si vous avez récemment acheté un frigo ou une machine à laver, vous avez sûrement remarqué les étiquettes énergétiques sur ces équipements. Elles ont été introduites en 1992 pour aider le consommateur dans son choix en indiquant la performance énergétique de l’appareil de A+++ à D. Une étude récente dans huit pays européens indique que l’introduction de ces standards a augmenté la part d’appareils vendus avec une mention supérieur à A+, de 15 à 38% dans les pays étudiés.
Ces normes vont être renouvelées en 2021. Par exemple, plus aucune machine à laver ne recevra la note "A" l’année prochaine, un moyen de pousser les industriels à adapter leurs modèles.
Thomax Kox - Armand Duthil
Image: Rock Cohen