L'essentiel de l'actualité européenne du jour :
- Violences de la part de la Croatie à l'encontre de migrants à sa frontière
- Logiciel espion Pegasus : des sanctions pour le groupe NSO
- Dissolution du Parlement au Portugal
Violences de la part de la Croatie à l'encontre de migrants à sa frontière
Débutons ce journal en évoquant la situation migratoire en Europe. Vendredi 3 décembre, le Conseil de l’Europe, cette organisation internationale distincte de l’UE, a publié un rapport dénonçant de nombreux cas de violences et mauvais traitements de la part de la Croatie à l’encontre de migrants à sa frontière.
Oui, c’est plus précisément le Comité pour la prévention de la torture (CPT) du Conseil de l’Europe qui est à l’origine de ce rapport. Après s’être rendu en Croatie en 2020 pour enquêter, le Comité a recueilli de nombreux témoignages et preuves révélant que les policiers croates usent de violence lorsqu’ils appréhendent les migrants pour les repousser vers la Bosnie Herzégovine. Le rapport a notamment critiqué l’absence de mécanisme qui permettrait d’identifier les auteurs de ces méfaits.
Début octobre, d'autres images avaient été publiées montrant la police croate en train de repousser à coups de matraque des migrants qui tentaient de franchir la frontière entre la Bosnie et la Croatie.
Cette fois-ci, le Conseil de l’Europe a donc appelé vendredi le pays “ à prendre des mesures pour empêcher que les migrants ne soient maltraités [...] et à veiller à ce que les cas de mauvais traitements présumés fassent l’objet d’enquêtes efficaces”.
Zagreb aurait également fait obstacle à cette enquête du Conseil de l'Europe.
En effet, selon le Conseil de l’Europe les autorités croates auraient empêché l’accès à des documents et fourni des informations incomplètes lors de l’enquête du Comité pour la prévention de la torture. Côté croate, en octobre dernier, la secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Terezija Gras a, au contraire, publié une lettre dans laquelle elle accuse le Comité d’avoir outrepassé ses pouvoirs et même menacé des policiers et tenté de voler des documents lors de son enquête.
Des tensions entre la Croatie et le Conseil de l’Europe qui contrastent avec la position adoptée par la Commission européenne.
Oui, le jeudi 2 décembre, soit la veille de la publication de ce rapport sur les violences policières contre les migrants, la Commissaire européenne aux affaires intérieures Ylva Johansson a félicité Zagreb pour avoir encouragé les révélations par les médias des comportements violents des agents aux frontières. Elle a déclaré “se réjouir de l’attitude du gouvernement croate, qui a décidé d’ouvrir les yeux, d’enquêter et de prendre des mesures”.
Le même jour, le Pape François s'est rendu sur l'île grecque de Lesbos, où il a alerté sur la gestion migratoire aujourd'hui en Europe.
Effectivement, le Pape a dénoncé “un égoïsme étroit et nationaliste” dans la manière dont les Européens traitent ou tout simplement “refoulent” les migrants. Il s’est rendu sur l’île grecque de Lesbos, où un un camp provisoire accueille actuellement 2000 demandeurs d’asile. Une situation qui ne s’améliore pas en Méditerranée alors que selon l’Organisation Internationale pour la Migration, cette année 1650 personnes ont disparu alors qu’elles tentaient de traverser la Méditerranée. La présidente grecque Katerina Sakellaropoulou était présente. Elle a insisté, pour sa part, sur le fait que l’enjeu migratoire relève de la responsabilité de toute l’Europe, pas seulement de la Grèce.
Logiciel espion Pegasus : des sanctions pour le groupe NSO
Tournons-nous à présent vers Bruxelles où la Commission européenne a reçu le 3 décembre une demande provenant de pas moins de 86 ONG concernant le logiciel espion Pegasus. Pouvez-vous nous en parler un peu plus Romain ?
Oui Thomas, dans une lettre ouverte, ce collectif de 86 ONG a officiellement demandé à la Commission européenne, au chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrell et aux ministres des Affaires étrangères des 27 de sanctionner le groupe NSO, cette entreprise israélienne qui a conçu le logiciel espion Pegasus. Un appel qui fait suite aux révélations depuis quelques mois par un consortium de médias nommé “Projet Pegasus”, et selon lequel le logiciel aurait aidé des gouvernements à enfreindre les droits de l’Homme. En Europe, la Hongrie, mais aussi l’Allemagne auraient acheté un accès à ce logiciel.
Le 3 novembre dernier, les Etats-Unis ont déjà décidé d’ajouter le groupe israélien à sa “liste noire” du commerce pour “activités contraires à la sécurité nationale”.
Oui, c’était il y a déjà un mois, et les députés européens ont d’ailleurs reproché à la Commission et aux Etats-membres de n’avoir encore pas réagi à ces révélations sur le logiciel espion. Les ONG comme Amnesty International ou Reporters sans frontières demandent que l’entreprise n’ait plus le droit de vendre son logiciel espion. Elles demandent également à l’UE d’interdire l’usage de ce logiciel à ceux qui l’auraient acheté.
Dissolution du Parlement au Portugal
Terminons ce journal en évoquant la dissolution du Parlement au Portugal. Dimanche, le président portugais Marcelo Rebelo de Sousa a ainsi signé un décret pour dissoudre officiellement la chambre législative du pays et appelé à de nouvelles élections. Pourquoi une telle décision ?
Il faut pour cela revenir un mois en arrière, en novembre, lorsque le Parlement portugais n’est pas parvenu à s’accorder sur le budget du pays pour l’année 2022 proposé par la minorité socialiste au gouvernement, et l’a donc rejeté. Devant ce blocage politique, le 4 novembre le Conseil d’Etat avait déjà alors approuvé la dissolution du Parlement, le décret présidentiel de ce 5 décembre ne représente donc pas une vraie surprise mais plutôt une étape formelle de ce processus.
Des élections législatives anticipées vont donc avoir lieu prochainement. Ce seront les troisièmes en moins d’un an.
Oui, elles sont prévues pour le 30 janvier 2022. Les élections devaient avoir lieu seulement dans 2 ans. Selon les sondages, les socialistes semblent favoris pour remporter le scrutin de janvier, avec près de 40% d’intentions de vote. Si ce score se confirme lors de l’élection, il ne devrait pas suffire à rassembler une majorité absolue, et le blocage politique risque donc de se poursuivre au Portugal, puisque la question de l’adoption du budget se posera à nouveau.
Romain L'Hostis - Thomas Kox
Tous les journaux "Aujourd'hui en Europe" sont disponibles ici