L'essentiel de l'actualité européenne du jour :
- 6e édition du sommet UE-Union Africaine
- Pologne : vives tensions suite au durcissement de la politique migratoire
- Tunisie : dissolution du Conseil supérieur de la magistrature
6e édition du sommet UE-Union Africaine
En ce début de semaine, évoquons la préparation par l’Union européenne de son prochain sommet avec l’Union Africaine, cette organisation internationale qui rassemble une cinquantaine de pays africains.
Oui, cette 6e édition du sommet UE-Union Africaine doit avoir lieu les 17 et 18 février. L’objectif est d’avancer sur la mise en œuvre d’engagements déjà évoqués lors des précédents sommets, notamment un vaste “partenariat stratégique”, qui doit normalement être formalisé par la signature d’un accord signé à Bruxelles ce jeudi 17 février.
La présidente de la Commission européenne vient d’ailleurs d’annoncer le déblocage d’un plan d’investissement de 150 milliards d’euros destiné aux pays de l’Union africaine.
Oui, Ursula von der Leyen était en visite à Dakar au Sénégal les 10 et 11 février, ainsi qu’au Maroc. Elle y a annoncé le déblocage de ce vaste plan et y a répété que la question des “investissements serait au coeur des discussions” du sommet UE-Union Africaine.
Selon elle, ce plan et les moyens dégagés serviront notamment à aider les économies des pays partenaires à surmonter les coûts liés aux conséquences de la pandémie.
Oui, des coûts qui s’accumulent alors qu’en Afrique les campagnes de vaccination progressent trop lentement. L’Union Africaine avait réclamé à l’Organisation mondiale du commerce une dérogation pour contourner les droits de propriété intellectuelle sur les vaccins contre la covid-19 et ainsi pouvoir en produire sur son sol, mais l’OMC a refusé. Le président français Emmanuel Macron a promis, de mettre en place un système de “licence globale” pour résoudre ce problème.
Quel est l’intérêt de l’Union européenne dans ce plan d’investissement de 150 milliards d’euros ?
Mis à part les débouchés commerciaux que ces investissements vont créer, l’enjeu est pour l’UE de maintenir sa présence sur le continent africain où son rôle est de plus en disputé. Ce plan s’inscrit d’ailleurs dans la suite d’une autre initiative, la Global Gateway lancée en septembre dernier par la Commission européenne. Cette vaste stratégie vise à développer la connectivité de et vers l’Europe. Une stratégie qui est une réponse au programme chinois des routes de la soie, qui fait régulièrement parler de lui par les nombreuses infrastructures et contrats massifs d’exploitation des ressources qu’il génère en Afrique.
Les questions militaires et de sécurité devraient aussi être au menu des discussions de ce sommet UE-Union africaine.
Oui, l’UE s’est dit de plus en plus préoccupée par exemple quant à l’avenir de la mission européenne en Somalie associée à la lutte contre le mouvement terroriste Al-Shabaab.
L’attention devrait aussi se focaliser sur la mission coordonnée par l’UE et la France au Sahel, alors que les pays de la région ont connu plusieurs coup-d’Etat depuis un an, et que la junte au pouvoir à Bamako ne cesse de défier Paris. Le Mali et le Burkina Faso ont d’ailleurs été suspendus de l’Union africaine, et ne seront pas présents lors du sommet.
Pologne : vives tensions suite au durcissement de la politique migratoire
Direction la Pologne, à présent, où des protestations se sont élevées pour dénoncer les mauvais traitements subis par les migrants à la frontière avec la Biélorussie.
Oui, on se souvient de la crise migratoire que le régime biélorusse d’Alexandre Loukachenko avait déclenché en organisant l’envoi de milliers de migrants à l’ouest du pays dans l’optique de leur faire traverser la frontière vers la Pologne ou la Lituanie. Si ces flux migratoires ont fortement diminué, ces populations déjà entrées sur le territoire de l’UE sont désormais des demandeurs d’asile, et attendent que leur dossier soit pris en charge. Une procédure qui n’en finit pas.
Lundi 7 février, devant le Parlement européen, Hanna Machinska l’adjointe au Défenseur des droits à Varsovie a mis l’accent sur des cas de mauvais traitements qui ont été recensés parmi ces populations.
Oui, selon elle, quelque 1600 personnes, dont 400 enfants seraient aujourd’hui concernées par ce problème en Pologne. Après avoir déjà été maltraités durant leur passage en Biélorussie, ces migrants originaires du Moyen-Orient ou d’Afghanistan sont aujourd’hui retenus dans des camps fermés en Pologne, et les ONG ou services d'aide n’ont pratiquement aucun accès à ces lieux. Tout ceci constitue, toujours selon elle, “une crise humanitaire”.
L’année dernière, la Pologne a durci sa législation en matière de politique migratoire, ce qui ne facilite pas les choses.
Oui, depuis 2021, les refoulements de demandeurs d’asile sont facilités, tandis que celles et ceux autorisés à faire leur demande d’asile doivent patienter dans ces fameux camps, pour une durée qui peut aller jusqu’à 16 semaines. Bruxelles, pour sa part, a coordonné le rapatriement d’environ 4000 migrants dans leur pays d’origine, mais a pu constater le manque de coopération de Varsovie, qui a par exemple refusé la participation de l’agence Frontex pour gérer la situation à sa frontière.
Tunisie : dissolution du Conseil supérieur de la magistrature
Terminons notre tour de l’actualité en nous arrêtant au Sud de la mer Méditerranée, en Tunisie, où une décision du président vient de marquer une nouvelle étape dans la dérive autoritariste du pouvoir dans ce pays.
Oui, il y a une semaine le président tunisien Kais Saied a dissout le Conseil supérieur de la magistrature (CSM). Ce dimanche 13 février, il vient de le remplacer par un organe théoriquement "temporaire". Via cette nouvelle institution, le président a désormais le pouvoir de limoger les juges et aussi de leur interdire de faire grève.
Un coup de canif de plus dans les institutions démocratiques tunisiennes.
Oui, en juillet 2021, c’est le Parlement et le gouvernement qui avaient été suspendus par le président. Le chef de l’Etat s’en prend désormais à ce Conseil supérieur de la magistrature, qu’il accuse de “partialité” et d’être sous l’influence du parti islamo-conservateur Ennahda, ses opposants politiques.
A peine sa décision annoncée, plus d'un millier de manifestants se sont réunis à Tunis pour protester.
Oui, les manifestants craignent que cette nouvelle décision ne porte atteinte à l’indépendance du pouvoir judiciaire, et ils ont dénoncé la formation d’un “état policier” en Tunisie.
Thomas Kox - Romain L'Hostis
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