Protection des données, Google et Amazon sanctionnés par la CNIL ; égalité homme-femmes, les gouvernements finlandais et lituaniens majoritairement dirigés par des femmes ; malgré tout, selon un rapport de la Commission européenne, les femmes disposent de moins d'opportunités professionnelles que les hommes dans le secteur du numérique.
La France impose des amendes records à Google et Amazon ! Respectivement 100 millions et 35 millions d’euros. La CNIL, la Commission nationale de l’informatique et des libertés, est la garante de la vie privée des Français. Elle reproche aux deux entreprises d’avoir collecté illégalement les données personnelles de citoyens français. Ces amendes s’inscrivent dans une prise de conscience au niveau européen. L’Union européenne s’arme contre les dérives des géants du numérique ! Pouvez-vous tout d’abord nous parler de ces amendes imposées par la CNIL ?
Au niveau français, Google et Amazon se sont vues infliger ces amendes en raison d’une infraction à la législation sur les cookies. Lorsque vous allez un site, celui-ci vous informe sur la manière dont seront utilisées vos données de navigation. Ensuite, vous pouvez donner ou non votre consentement.
La CNIL reproche plusieurs choses à Google et Amazon. Premièrement, de collecter des données personnelles sans le consentement des internautes. Ensuite, de ne pas donner assez d’informations pour que ceux-ci puissent faire leur choix. Toutes les informations collectées permettent alors à Google et Amazon de vous cibler avec des publicités. Ces amendes impressionnantes s’expliquent par la quantité toute aussi colossale des données collectées par Google et Amazon. Les deux entreprises ont trois mois sous astreinte pour se conformer à la législation.
Et quelle a été la réaction de Google et Amazon ?
Bien évidemment, les deux entreprises américaines ont exprimé leur profond désaccord. Elles ont toutes deux déclaré faire très attention à la vie privée de leurs utilisateurs. Néanmoins, ce n’est pas la première fois que ces entreprises sont sanctionnées pour leurs pratiques. En janvier 2019, la CNIL avait déjà condamné Google à s’acquitter d’une amende de 50 millions d’euros.
Ce combat se mène aussi à l’échelle européenne. Mardi 15 décembre, la Commission doit révéler son Digital Service Act ! Une législation ambitieuse qui refonde complètement le domaine numérique. Une des grandes cibles de ce texte, les fameux « GAFAM », acronyme de Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft.
Tout à fait ! Le nœud se resserre autour des géants du numérique, de plus en plus la cible des régulateurs européens. A titre d’exemple, la Commission veut notamment imposer une modération renforcée des contenus et accroître la transparence relative à la manière dont ces entreprises collectent nos données. Le parlement européen a même exprimé sa volonté d’interdire le ciblage publicitaire, pourtant le cœur du modèle commercial de ces entreprises.
De plus, la Commission y voit une chance d’imposer des standards mondiaux. Depuis l’adoption du RGPD, le règlement européen sur la protection des données, de nombreuses entreprises (notamment américaines) ont dû s'adapter.
Tournons-nous vers un autre domaine de lutte, l’égalité homme-femme! Les gouvernements finlandais et lituaniens sont majoritairement dirigés par des femmes. La Finlande depuis un an, la Lituanie depuis octobre dernier. Un phénomène qui n’a pas manqué d’attirer les louanges au niveau international !
Tout à fait ! En Finlande, Sanna Marin est la plus jeune première ministre au monde, à 34 ans. De plus, son gouvernement est une coalition de 5 partis politiques, tous dirigés par des femmes. Après un an au pouvoir, le bilan est considéré comme positif avec notamment une gestion claire et précise de l’épidémie de Covid-19. Une étude réalisée par des chercheurs des universités de Reading et Liverpool, tend à démontrer que les pays dirigés par des femmes ont mieux réagi à la pandémie, avec notamment moins de cas de contaminations. Néanmoins, le gouvernement finlandais montre plus de difficulté à gérer la deuxième vague.
Du côté de la Lituanie, il s’agit aussi d’un gouvernement de coalition où des femmes ont les ministères clés, notamment à l’intérieur, à la justice ou à l’agriculture.
En effet, la première ministre Ingrida Simonyte représente les chrétiens-démocrates. A noter également, la nomination de Viktoria Cmilyte-Nielsen à la présidence du parlement. Elle est une ancienne championne européenne d’échecs, elle vient du parti libéral. La formation du gouvernement a néanmoins suscité un certain scepticisme dans la mesure où de nombreux ministres (femmes et hommes) sont des novices. De plus, la situation en Lituanie en matière d’égalité des sexes est loin d’être radieuse, selon certains experts. Un long chemin reste à parcourir !
Terminons par un sujet à la croisée des deux précédents sujets, l’égalité homme-femme et le numérique. En Europe, les femmes ont moins d’opportunités professionnelles dans le secteur numérique selon un rapport de la Commission européenne, publié mardi.
En effet, selon ce rapport, les femmes ont moins de chances d’avoir des compétences ou de travailler dans ce domaine. Il s’agit d’une question tant de formation que d’accès au secteur numérique. Selon Margrethe Vestager, commissaire européenne à la concurrence, seulement 18% des spécialistes des technologies en Europe sont des femmes. Le rapport indique que ce chiffre baisse depuis plusieurs années !
Sans surprise, les pays Scandinaves sont les plus mieux classés avec les Pays-Bas. En revanche, la Bulgarie, la Grèce, l’Italie et la Roumanie sont les mauvais élèves. La Roumanie pourtant réputée pour son secteur digital florissant. La France est 9e au niveau européen. La Commission prévoit une stratégie pour développer les compétences numériques des femmes et leur intégration dans le secteur des technologies !
Victor D’Anethan – Thomas Kox
crédits photo: Gerd Altmann