Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - Lundi 10 octobre 2022

Aujourd'hui en Europe - Lundi 10 octobre 2022

Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, présenté par Raphaël Ligot, Félix Doladille et Laura Léger.

Au programme de cet épisode :

- Élections présidentielles en Autriche

- Sabotage ferroviaire en Allemagne

- Explosion d'un pont reliant l'Ukraine à la Russie

- Projet de loi sur la “désinformation” en Turquie

Commençons ce journal en évoquant la tenue des élections présidentielles qui a réuni plus de six millions d’Autrichien·nes ce dimanche 9 octobre.

Les premières projections donnent gagnant le président sortant, Alexander Van der Bellen avec 56,1% des suffrages Une victoire au premier tour pour cet écologiste considéré comme une figure la plus à même de garantir la stabilité et le plus à même de faire face à l’inflation, la crise énergétique ou encore la guerre en Ukraine. Selon le politologue autrichien Thomas Hofer, il est “le seul à pouvoir éviter le chaos”. 

Alexander Van der Bellen ne faisait pas face, dans ce scrutin, à une forte opposition contrairement à l’élection de 2016.

Effectivement, le candidat est soutenu par un large spectre de la classe politique. Le parti d’extrême droite FPÖ qui avait durement concurrencé le président aux élections de 2016, n’a de plus recueilli que 18,9% des suffrages. Contrairement à la Suède ou l’Italie, l’extrême droite est en perte de vitesse en Autriche, entachée par des affaires de corruption. Pour rappel, en 2016, le parti d’extrême droite avait perdu de justesse l’élection présidentielle parvenant cependant à recueillir plus de 46%. L’extrême droite avait ensuite accédé au gouvernement en formant une coalition avec le conservateur, Sebastian Kurz. Un gouvernement tombé en 2019 sur fond de scandale de corruption.

Continuons ce journal en évoquant le récent acte de sabotage qui a provoqué d'importantes perturbations ferroviaires dans le nord de l'Allemagne.

Oui Raphaël, après la fuite de gaz des gazoducs Nord Stream 1 et 2, c’est le secteur des transports qui a cette fois été visé par cet acte de sabotage. Des câbles de communication essentiels ont été coupés sur deux sites, à 540 kilomètres de distance, provoquant une grave interruption du trafic ferroviaire dans une grande partie du nord de l’Allemagne. Le gouvernement qualifie ce sabotage de “ciblé et délibéré” et qu’un “sabotage d’origine étatique pourrait être envisageable”. 

Et les pistes inculpant la Russie ne sont pas à écarter.

Absolument, le responsable du parti écologiste allemand et membre de la coalition gouvernementale, a déclaré : « Nous ne pouvons exclure que la Russie soit également derrière l’attaque contre la compagnie ferroviaire. » Cette action visant à sectionner ce type de câble nécessite une connaissance approfondie de l’infrastructure de communication de l’opérateur ferroviaire allemand Deutsche Bahn, ce n’est donc pas à la portée de tout le monde. Cependant, un acte de groupuscule violent d'extrême gauche n’est pas à exclure non plus. 

Des mesures à mettre en place pour protéger ces grandes infrastructures sont souhaitées par certain·es. 

Oui, dans le contexte de la guerre en Ukraine, le général Breuer, haut responsable de l’armée allemande, a mis en garde contre les "menaces hybrides” en déclarant que “ chaque transformateur électrique, chaque centrale électrique, chaque tuyau de transport d’énergie constitue une cible potentielle”.

Autre sujet de l’actualité, toujours concernant la guerre en Ukraine, une explosion a détruit partiellement samedi dernier le pont reliant la Russie à la péninsule ukrainienne de Crimée annexée par Moscou en 2014, le détruisant partiellement. Un pont stratégique très important ?

Effectivement, ce pont est d'ailleurs devenu un symbole de l’annexion illégale de la péninsule de Crimée par la Russie depuis son inauguration en 2018. Depuis le début de la guerre, le plus long pont d’Europe, reliant la Russie à la Crimée, est devenu un point stratégique d'approvisionnement important pour les troupes russes qui combattent en Ukraine. Cette explosion pourrait donc avoir des conséquences sur l’approvisionnement et sur les combats qui se déroulent dans la région de Kherson, au nord de la Crimée. Cette explosion au camion piégé aurait, selon les enquêteur·rices, tué trois personnes. 

Et dès dimanche, Poutine a accusé l’Ukraine d’“acte terroriste”.

Oui, dans une vidéo mise en ligne dans la nuit de dimanche, le président russe a accusé l’Ukraine de terrorisme après avoir, je cite “visé des infrastructures civiles”. Une accusation que le conseiller présidentiel Mikhail Podolyak n’a pas manqué de pointer du doigt sur twitter. "Poutine accuse l'Ukraine de terrorisme ?" a-t-il déclaré. "Cela ne fait même pas 24 heures que des avions russes ont tiré 12 roquettes sur un quartier résidentiel de Zaporizhzhia, tuant 13 personnes et en blessant plus de 50. Non, il n'y a qu'un seul terroriste d'État et le monde entier sait qui il est”.

Et cette explosion pourrait bien avoir des répercussions dans les jours qui viennent.

Effectivement, Les haut·es dirigeant·es russes ont prévu de se réunir dans les prochaines heures pour une session du Conseil de sécurité organisée à la hâte, afin de discuter de la réponse du pays à l'explosion d'un pont en Crimée ce week-end. Sans attendre ses conclusions plusieurs villes d’Ukraine, notamment Kiev mais aussi dans des régions pour l’instant épargnées comme Lviv ou Ternopil viennent de subir des bombardements. La Russie a elle communiqué sur la réouverture partielle du pont.

Terminons ce journal en évoquant l’inquiétude du Conseil de l’Europe face au projet de loi sur la “désinformation” en Turquie.

Oui, cette proposition de loi sur les médias et sur les réseaux sociaux est actuellement en débat au Parlement à Ankara, elle prévoit entre autres de pénaliser la "désinformation” en ligne, ce qui est perçu comme un nouvel instrument de censure à huit mois des élections. Ainsi un·e journaliste ou internaute qui aurait partagé, sur les réseaux sociaux ou dans un article en ligne, des informations jugées “contraires à la vérité” par le tribunal” serait exposé·e à une peine de trois ans de prison. 

Le Conseil de l’Europe dénonce une “entrave” au droit à la liberté d’expression.

Oui, ce droit garanti par la Convention européenne des droits de l’homme est directement menacé par cette loi sur la désinformation. C’est ce que la Commission de Venise a fait savoir dans un avis conjoint urgent publié vendredi 7 octobre. Bien qu’elle reconnaisse l’importance de combattre les campagnes de désinformations, elle indique cependant que cette loi entraîne un risque de renforcement de l'autocensure. La Direction générale des droits de l’homme et de l’État de droit note qu’il existe déjà un arsenal juridique important pour lutter contre “les aspects les plus dangereux des informations fausses ou trompeuses” et qu’il n’est pas nécessaire d’adopter un texte porteur d’éventuelles "restrictions arbitraires de la liberté d’expression”.