L'essentiel de l'actualité européenne du jour :
- La Commission européenne bloque le fonds de relance de la Pologne : historique de ce litige
- Manifestation violente au Kosovo pour une augmentation des pensions
- Inflation galopante en Europe : des conséquences inquiétantes pour les ménages
La Commission européenne bloque le fonds de relance de la Pologne : historique de ce litige
Commençons ce journal en nous intéressant au blocage du fonds de relance de la Pologne par la Commission européenne. Un bras de fer qui pourrait bientôt toucher à sa fin après la promesse du gouvernement polonais de se soumettre aux réglementations européennes en matière d’indépendance de la justice. Pouvez-vous nous rappeler l’historique de ce litige ?
Bonjour à toutes et à tous, bonjour Laura, Oui, l’affaire porte sur la création de la chambre disciplinaire de la Cour suprême polonaise. Varsovie refuse en effet d’appliquer certaines législations européennes, garantissant l’indépendance des juges polonais. Depuis 2020, la Cour Suprême, dont les membres sont proches du gouvernement ultra-conservateur, peut décider de lever l’immunité des juges : ceux-ci peuvent se voir privés de retraite, voire même poursuivis en justice. En juillet dernier, la Cour de justice de l’UE a jugé qu’un tel contrôle met à mal l’indépendance de la justice en Pologne et a exigé la dissolution de cette chambre disciplinaire, sous peine de devoir payer une lourde amende.
Le 26 mai dernier, la Pologne a finalement voté en faveur d’une nouvelle loi qui doit régulariser la situation. Une décision saluée par la Commission qui a approuvé la semaine dernière le montant du plan de relance à destination de la Pologne.
Effectivement, le 1er juin, la Commission européenne a voté en faveur du plan de relance polonais, qui s’élève a hauteur de 35,4 milliards d’euros. Avant le versement effectif de ce montant à la Pologne, la Commission vérifiera si tous les changements convenus avec Varsovie ont été mis en œuvre, a déclaré la présidente de l’exécutif européen. Concrètement, d’ici la fin du mois de juin, la Pologne devra avoir remplacé la chambre disciplinaire au cœur des contestations, par un nouvel organe indépendant.
Des inquiétudes concernant le respect de l’État de droit dans le pays persistent néanmoins.
Oui, de son propre aveu, le plan de relance approuvé par la Commission européenne n’était pas conditionné à tous problèmes relatifs à l’ordre de droit. Une situation qui passe mal auprès des eurodéputés pour qui la Commission abandonne l’Etat de droit en Pologne’, selon Daniel Freund, membre des Verts au Parlement européen. Ce dernier craint que le déblocage des fonds en direction de la Pologne crée un ‘mauvais précédent’ dangereux pour l’avenir de l’Union européenne.
En réaction à la décision de la Commission, trois personnalités du groupe Renew au Parlement ont appelé à soumettre à une motion de censure la présidente de la Commission, Ursula Von Der Leyen.
Effectivement, lundi 6 juin, Sophie in’t Veld, guy Verhofstadt et Luis Garicano, ont proposé aux eurodéputés de soutenir une motion de censure à l’encontre de la cheffe de l’exécutif européen. les trois députés considèrent les garanties données par Varsovie insuffisantes et les conditions réclamées par la Commission “en deçà de ce qui a été exigé par la Cour européenne de justice”, en ce qui concerne la reconnaissance par les autorités polonaises de la primauté du droit européen.
Manifestation violente au Kosovo pour une augmentation des pensions
Continuons ce journal en nous rendant aux portes de l’UE, au Kosovo, où de violents affrontements entre la police et des manifestants ont eu lieu lundi dernier.
Oui, lundi 6 juin, des centaines d’anciens combattants du Kosovo ont affronté la police lors d’une manifestation visant à réclamer une augmentation des pensions. Les forces de police ont empêché les manifestants d’entrer dans le Parlement de Pristina.
Les députés y examinaient une nouvelle législation visant à augmenter le salaire minimum dans le pays.
Effectivement, une loi qui vise à faire passer le salaire minimum de 170 euros à 250 euros par mois, mais qui ne concerne pas les pensions des anciens militaires et est vécue comme une injustice par ces derniers. L’agitation de lundi dernier a permis aux manifestants de repousser l’adoption de la nouvelle législation.
Le Fonds monétaire international et d'autres institutions financières ont d’ailleurs prévenu que le pays ne pouvait se permettre d’accorder des indemnités plus élevées à ses anciens militaires.
Oui, le FMI considère le taux de corruption et de pauvreté dans le pays trop important pour justifier une hausse des pensions des vétérans kosovars. De plus, on le rappelle les dirigeants de cette armée formée lors de la séparation du Kosovo avec la Serbie à la fin des années 90, sont aujourd’hui jugés par un tribunal pour crimes de guerre à La Haye.
Inflation galopante en Europe : des conséquences inquiétantes pour les ménages
Terminons ce journal par un détour à Francfort, siège de la Banque Centrale européenne, sous le feu des critiques depuis plusieurs mois déjà, en raison de sa gestion de l’inflation galopante en Europe.
Effectivement, depuis le mois d’octobre le taux d’inflation dans la zone atteint des records, malgré les positions rassurantes de la BCE. En mai, le taux d’inflation dans la zone euro a encore atteint des sommets, jusqu’à 8,1% selon les chiffres officiels publiées par l’agence européenne des statistiques lundi dernier.
Une situation inquiétante pour les ménages, qui risquent de voir le coût de la vie encore augmenter.
Tout à fait. Concrètement, l’inflation se traduit par la hausse du prix des biens de consommation. Une aggravation des prix qui n’est pas homogène au sein de la zone euro. L’Estonie par exemple connaît une inflation de près de 19% tandis que l’Italie tourne autour des 6%.
Pourtant la BCE ne semble pas encore s’inquiéter de cette situation.
Oui en effet, malgré la sonnette d’alarme tirée par un certain nombre d’observateurs, la position de la BCE reste matériellement inchangée depuis le mois d’octobre. Lundi dernier, l’économiste en chef de la BCE, Philip Lane, a réitéré sa position, déclarant à ce sujet : “Notre évaluation actuelle de la situation [et] des perspectives d’inflation à moyen terme sont conformes à notre objectif de 2%”
Pourtant plusieurs voix se font entendre au sein même de la BCE et appellent à une action plus résolue
Effectivement Laura ! Cette semaine les membres de la BCE se réunissent à nouveau pour décider des prochaines actions de la BCE pour tenter de contrer ou non l’inflation, et une minorité non négligeable d’entre eux préconise davantage de mesures. Une première depuis le mois d'octobre.
Laura Leger & Juliane Barboni
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