Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - Lundi 18 mars

@Russian presidency Aujourd'hui en Europe - Lundi 18 mars
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Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction euradio à Bruxelles. Avec Joris Schamberger, Ariane Dana, Paloma Biessy, Thomas Kox, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.

Au programme : 

  • Les résultats d’une élection de pure forme en Russie
  • Le nouvel accord migratoire signé entre l’Union Européenne et l’Egypte 
  • Une nouvelle menace à l’Etat de droit en Slovaquie fait descendre la population dans la rue 

Ouvrons ce journal en évoquant les élections ou plutôt le simulacre d'élections qui se tenaient ce week-end en Russie et dont le gagnant a été annoncé cette nuit, sans grande surprise.

87%, c’est le score historique obtenu par Vladimir Poutine à l'issue de 3 jours d'élections, soit 10 points de plus qu’en 2018. Un scrutin destiné directement à assurer une nouvelle réélection, pour 6 ans, alors que le chef du Kremlin est à la tête de la Russie depuis près de 24 ans. 

Cette année, le contexte de ce scrutin était bien sûr marqué par la guerre que la Russie livre à l’Ukraine depuis 2 ans maintenant. Un climat de guerre bien présent en arrière-plan de ces élections.

Tout à fait, certaines villes russes à proximité du front ont d’ailleurs été touchées par des frappes, notamment la ville de Belgorod. Une réponse de Kiev aux attaques, particulièrement meurtrières, qui ont récemment visé Odessa. Pour rappel, le grand port du sud de l’Ukraine, une des cibles principales de Moscou, a été touché de nouveau ce vendredi par une double frappe qui a fait plus de 20 morts et 73 blessés.

Ce scrutin s’est également tenu dans les villes nouvellement annexées par la Russie et en Crimée.

Oui, la population a été souvent forcée de se rendre aux urnes. Une opération, condamnée par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, qui a rappelé que les tentatives d’annexion des terres ukrainiennes étaient, je cite, « inacceptables » et qu’elles n’avaient aucune validité en droit international.

Une manifestation a d’ailleurs eu lieu à Berdiansk, contre l’occupation, dans une région ukrainienne occupée par la Russie.

Et malgré une participation élevée, il est important de rappeler que dans cette élection ou presque tout était joué d’avance, le vote n’est qu’une simple formalité.

Effectivement, le déroulé de l’élection avait été très contrôlé en amont, seuls trois autres candidats ayant été autorisés à participer, aucun ne s’opposant frontalement au maître du Kremlin et tous soutenant indirectement sa politique répressive ainsi que l’offensive en Ukraine.  

En étouffant les médias indépendants et les groupes de défense des droits, Vladimir Poutine a évincé presque toute dissidence.

Son principal adversaire Alexei Navalny est décédé dans une prison de l’Arctique en février dernier et ses autres détracteurs sont actuellement incarcérés ou en exil.

Cette opposition muselée a quand même tenté de se faire entendre avec une initiative portée par Ioulia Navalnaïa, la veuve de l’ex-opposant russe, qui a appelé à se présenter en masse à 12h le jour du vote.

Oui, à midi, ce dimanche, des files se sont formées soudainement devant les bureaux de vote de Russie mais également devant ses ambassades russes en Europe. Cette opération baptisée « Midi contre Poutine » se voulait une protestation symbolique  de résistance de l’opposition qui fait front contre l’implacable machine électorale de Moscou sans toutefois beaucoup d'illusions.

Poursuivons notre tour de l’actualité en Egypte où s'est rendue, ce dimanche, la cheffe de la commission européenne pour y signer un nouveau partenariat avec le président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi. A la clé pour l’Egypte un chèque de 7,4 milliards d’euros.

Oui, après la Tunisie, c’est au tour de l’Egypte de recevoir la visite de la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen ainsi que des premiers ministres belge, grec et italien.

Officiellement, l’objectif de Bruxelles est de soutenir l’économie égyptienne, mise à mal par des déficits budgétaires successifs et par les conséquences de la guerre à Gaza en termes de tourisme et de trafic maritime dans le canal de Suez. En réalité il s’agit d’un accord largement centré sur les questions migratoires et qui vise à garantir une surveillance renforcée aux frontières égyptiennes d’où de nombreux migrants partent vers l’Europe. 

Mais cet accord suscite de fortes critiques, notamment parmi les eurodéputés. 

Oui des critiques similaires à celles qui avaient suivi la signature du partenariat entre l’UE et la Tunisie l’été dernier et celui avec la Turquie en 2016. 

La Commission est accusée de pactiser avec un autocrate et de subventionner la répression. D’autant que l’accord est signé en présence de la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, figure de l’extrême droite et dont le discours contre l’immigration est particulièrement virulent.

Concluons ce journal en Slovaquie ou le projet de réforme de la chaîne publique nationale RTVS essuie de nombreuses critiques

A Bratislava, ce week-end, des milliers de personnes sont descendues dans les rues pour protester contre la réforme de la télévision voulue par le gouvernement qui s’apparente pour beaucoup comme une tentative de mainmise du pouvoir sur les médias. Pour les manifestants ce projet est une violation du droit de l’UE qui, depuis une loi de 2022 garantit la liberté et l’indépendance des médias en exigeant des nominations transparentes et en empêchant les licenciements abusifs.  

Ce vent de colère n’est pas nouveau, depuis l’arrivée au pouvoir du populiste Robert Fico à la tête d’une coalition d’extrême droite, pro-russe.

Effectivement, la Slovaquie subit depuis plusieurs mois de graves atteintes à l’Etat de droit sous la férule de son premier ministre, le pro-russe Robert Fico. 

Une des dernières initiatives en date du Premier ministre slovaque vise à prévoir l’allègement des peines pour corruption et l'abolition du bureau du procureur spécialisé dans la lutte contre la corruption. Pour Michal Šimečka, leader du parti progressiste, c'est exactement la voie que "tous les autocrates suivent" évoquant sa crainte de voir la Slovaquie prendre le même tournant que la Hongrie ou la Biélorussie.

Un journal de Joris Schamberger et Paloma Biessy