Traité de libre-échange entre l'UE et le Mercosur, le possible revirement de position de la France inquiète. Face aux nombreuses restrictions sanitaires imposées par les différents gouvernements, la contestation monte en Europe. Nouvelle offensive de Bruxelles pour une taxation des géants du numérique. Un incendie dans un hôpital à Bucarest fait ressurgir le débat sur le système de santé du pays.
Traité de libre-échange entre l'UE et le Mercosur - La France pourrait lever son véto
La présidence portugaise du Conseil de l’UE, qui réunit les chefs d'États européen a fait de la ratification de l’accord de libre-échange entre l’Union et le Mercosur une de ses priorités. Cet accord commercial entre les pays de l’Union et le Brésil, l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay suscite néanmoins l’opposition du gouvernement français. Un véto français qui irrite plusieurs États membres, impatients de conclure l’accord. En novembre, neuf d’entre eux ont écrit une lettre au Commissaire européen au commerce, inquiets notamment que l’Europe perde en crédibilité dans les négociations. Le 29 janvier, un document du gouvernement français publié par Mediapart indiquait les pistes de Paris pour tenter de dépasser les réticences soulevées par l’accord UE-Mercosur.
Oui cela fait dix ans que la Commission négocie au nom des Européens un traité de libre-échange avec le Mercosur qui vise donc à réduire les obstacles commerciaux entre d’un côté les États membres de l’UE et de l’autre l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay.
Ils sont parvenus à un accord en juin 2019 mais la France s’y était opposée à plusieurs reprises. Selon le document interne révélé dans la presse, la position de Paris pourrait changer si l’accord était amendé pour offrir davantage de garanties sur la déforestation et imposerait les mêmes standards sanitaires pour les produits importés.
Un revirement de position qui inquiète ?
Oui, même si le gouvernement français reste toujours officiellement opposé au texte, certains craignent un revirement de Paris si des changements sont obtenus.
La Fondation Nicolas Hulot juge ainsi les améliorations du texte évoquées purement déclaratives et non contraignantes. Les éleveurs bovins français ne cachent pas non plus une certaine fébrilité. Ils craignent ainsi la concurrence massive des producteurs du continent sud-américain. En dehors de l’hexagone, l’accord de libre-échange fait aussi face à d’autres oppositions, notamment au sein des Parlement autrichien, irlandais ou encore néerlandais. Ce partenariat commercial ne semble pas non plus faire l’unanimité au Parlement européen. Il ne semble donc pas prêt d’être ratifié.
Restrictions sanitaires, un vent de contestation souffle sur l'Europe
Évoquons maintenant le climat social qui donne des signes de grande tension face aux restrictions imposées dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de Covid. À Bruxelles des manifestants se sont rassemblés ou plutôt ont tenté de se rassembler dimanche 31 janvier contre les mesures sanitaires.
Tout à fait, suite à un appel diffusé sur les réseaux sociaux, quelques centaines de manifestants ont bravé l’interdiction pour exprimer leur rejet des restrictions sanitaires. Ils ont fait face à un important dispositif policier : un hélicoptère, des dizaines de fourgons ainsi qu’un canon à eau prêt à être déployé. Résultat selon la description d’un journal flamand : “chaque manifestant qui a posé le pied en gare de Bruxelles s’est fait immédiatement coffrer par les robocops de la police.”. Au total, plus de 488 arrestations ont eu lieu. Il y avait donc probablement plus de policiers que de manifestants. Les images des émeutes contre le couvre-feu au Pays Bas ont fait craindre un évènement similaire.
Une contestation qui s’illustre dans nombre de pays européen ?
En effet, dimanche 31 janvier par exemple, environ dix mille personnes se sont aussi rassemblées, cette fois à Vienne en Autriche et ce, malgré l’interdiction des autorités, suite à l’appel du Parti d’extrême droite FPÖ. Enfin, au Danemark, plusieurs centaines de manifestants se réunissent presque chaque week-end depuis décembre contre les restrictions imposées par le gouvernement.
Nouvelle offensive de Bruxelles pour une taxation des géants du numérique
Revenons à Bruxelles, où l’Union européenne souhaite bâtir une taxation sur les géants du numérique. Des entreprises qui profitent pour l’instant de la concurrence entre les États membres sur les taux d’imposition. Faute de consensus, elle ne peut qu’infliger des amendes en cas de manquement. Des sanctions parfois spectaculaires mais certaines peines à se concrétiser.
En effet, la Commission européenne se livre à un véritable duel face aux géants du numérique, notamment à l’encontre de l’américain Apple. En août 2016, Bruxelles avait déjà condamné l’entreprise à rembourser presque 13 milliards d'euros d'impôts impayés. La Commission avait estimé que l'accord entre l'entreprise à la pomme et l’Irlande où elle a son siège social, un accord permettant un taux d'imposition de 0,005% en 2014 était illégal au regard du droit européen.
Mais en juillet 2020, Bruxelles avait été déboutée en justice par le Tribunal de l'Union européenne après avoir tenté de faire payer Apple.
La Commission a cependant annoncé qu’elle n'entendait pas en rester là. Lundi 1er février son service juridique a publié les premier documents qui reproche au tribunal plusieurs erreurs de droits. L'affaire sera donc de nouveau devant la cour dans les prochains mois.
Incendie meurtrier dans un hôpital à Bucarest - le débat sur le système de santé du pays relancé
Terminons ce journal en Roumanie, où un incendie dans le principal hôpital de Bucarest a fait cinq morts vendredi 29 Janvier. Une tragédie qui fait resurgir le débat sur le système de santé du pays.
Oui, les causes de l'incendie ne sont pas encore connues mais plusieurs journaux roumains déplorent l'inaction des autorités après ce nouvel incendie. Le 14 novembre dernier, dix patients atteints du coronavirus avaient déjà perdu la vie dans un violent incendie dans le nord-est du pays. En décembre dernier et dans la même région, un feu dans un hôpital psychiatrique avait également tué une personne. Le ministère de l'intérieur avait alors présenté un rapport faisant état de plus de 1900 carences de sécurité dans les établissements de santé. La vétusté de ces hôpitaux qui pour la plupart datent de l'ère communiste inquiète alors que le pays fait face à la pandémie. Ainsi, plusieurs centaines de personnes sont descendues dans les rues de Bucarest samedi 30 janvier pour demander la construction d'hôpitaux et la démission du président et du ministre de la Santé, scandant "nous ne voulons pas être dirigés par des voleurs".
Image: Gerd Altmann