L'essentiel de l'actualité européenne du jour :
- Annonce par la Commission européenne de son nouveau plan d’action contre la désinformation.
- Conflit israélo-palestinien : le Conseil de l’UE tiendra une réunion extraordinaire mardi en réaction à “l’escalade entre Israël et la Palestine et le nombre inacceptable de pertes civiles.”
- Autriche : le procureur général a ouvert une enquête contre le chancelier Sebastian Kurz, sur sa possible implication dans une affaire de corruption.
Annonce par la Commission européenne de son nouveau plan d’action contre la désinformation
Commençons ce journal en revenant sur l’annonce par la Commission européenne de son nouveau plan d’action contre la désinformation, c’est-à-dire la diffusion volontaire d’informations fausses et préjudiciables.
Oui, la Commission européenne a présenté le vendredi 14 mai les mesures du Digital Services Act (DSA) visant à lutter contre la désinformation en ligne. Il s’agit d’une des principales initiatives législatives de l’agenda numérique de la Commission. Concrètement, le DSA devrait s’attaquer aux contenus illicites en ligne et aux risques systémiques, c’est-à-dire ceux qui touchent les grandes plateformes en ligne, comme Facebook ou TikTok.
Une nouvelle autorité sera chargée d’évaluer la façon dont les plateformes en ligne s’attaquent à la désinformation.
Oui, tout à fait. Intitulée "le Conseil européen des services numériques", cette autorité indépendante sera chargée de contrôler au niveau européen les obligations des plateformes. Des efforts seront aussi portés pour responsabiliser les utilisateurs, notamment dans leur attitude vis-à-vis de la publicité, qui est l’un des principaux outils de diffusion de désinformation. Les utilisateurs devront être en mesure de voir en temps réel quand un contenu est sponsorisé, qui est l’annonceur et pourquoi ils sont ciblés.
D’autres initiatives ont vu le jour pour réguler les contenus postés sur internet, notamment l’Appel de Christchurch lancé le 15 mai 2019, deux mois jour pour jour après qu’un terroriste ait diffusé en direct sur les réseaux sociaux son attaque contre deux mosquées dans cette ville de Nouvelle Zélande.
Oui, cette initiative avait été lancée par la Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern conjointement avec le Président français. Les deux leaders avaient déclaré “s’engager à créer un Internet plus humain, et qui ne peut pas être utilisé de manière haineuse par les terroristes ». Depuis son lancement, l’initiative a été soutenue par plus de 50 pays et organisations internationales, et les Etats-Unis viennent également de s’y associer.
Vendredi dernier (le 14 mai), le Président français Emmanuel Macron et la Première ministre néo-zélandaise Jacinda Arden ont d’ailleurs co-présidé un sommet virtuel pour évaluer les avancées en la matière.
Les Etats membres ont ainsi salué favorablement le nouveau règlement adopté par le Parlement européen le 28 avril qui oblige les entreprises et plateformes en ligne à retirer dans l’heure tout contenu signalé comme terroriste.
Enfin, les discussions ont aussi porté sur les prochaines étapes de l’Appel. Selon le gouvernement français, l’enjeu est désormais de résoudre “la question de la haine en ligne [...] de l’appel à la violence et l’apologie du terrorisme”, tout en respectant les libertés et droits fondamentaux.
Conflit israélo-palestinien
Cette réunion du Conseil de l’UE intervient alors que ce conflit au Proche-Orient crée un certain émoi dans les sociétés civiles européennes.
Tout à fait. Samedi, les protestations se sont faites plus fortes après que l’armée israélienne a bombardé plusieurs bâtiments abritant des médias internationaux, tels que l’agence américaine Associated Press ou le groupe audiovisuel qatari Al-Jazira. Mais, alors qu’à Bruxelles, près de 3000 personnes ont manifesté en solidarité avec la Palestine ce week-end, et qu’en Grande Bretagne, les manifestants ont appelé le gouvernement à intervenir pour mettre fin à l’opération militaire israélienne, à Paris les autorités avaient interdit de tels rassemblements et ont dispersé les manifestants qui s’étaient quand même mobilisés.
Le Président français se pose en médiateur en insistant sur "l'urgence d'un retour à la paix" lors d'un entretien avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou vendredi dernier.
L’exécutif français cherche donc à adopter une position équilibrée, et il a fait part à son interlocuteur de sa préoccupation au sujet des populations civiles à Gaza. Enfin, le jeudi 13 mai Emmanuel Macron a également rencontré le Président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Il a condamné notamment les tirs du Hamas sur Israël.
Autriche : enquête contre le chancelier Sebastian Kurz
Terminons ce journal en nous dirigeant vers l’Autriche où le procureur général a ouvert une enquête contre le chancelier Sebastian Kurz, sur sa possible implication dans une affaire de corruption.
Cette affaire dite de “l’Ibizagate” avait éclaté en 2019 suite à la diffusion d’une vidéo dans laquelle on voyait Heinz-Christian Strache qui était alors vice-chancelier proposer des contrats publics à une prétendue oligarque russe en l’échange de soutien dans les médias pour sa campagne. Le scandale avait entraîné la démission du gouvernement de tous les ministres issus du parti d’extrême-droite FPÖ, et Sebastian Kurz avait dû reformer un gouvernement, cette fois avec les Verts. Pourtant, en mars de cette année, c’est le Conseil de l’Europe qui, dans un rapport, avait déploré des “progrès globalement insuffisants” de l’Autriche en matière de lutte anticorruption.
La Commission du parquet chargée des affaires économiques et de la corruption soupçonne le chancelier d’avoir livré un faux témoignage à la commission d'enquête du Parlement en 2019. Pourtant, malgré l’affaire, le chancelier autrichien Sebastian Kurz a déclaré qu’il ne démissionnerait “certainement pas”.
Oui, M. Kurz a déclaré qu’il ne démissionnerait pas, même si le ministère public commençait à porter des accusations contre lui. L’opposition a immédiatement réagi, le leader du parti social-démocrate (SPO) Christian Deutsch a affirmé que “dans tous les autres États de droit civilisés et démocratiques, un responsable gouvernemental démissionne lorsqu’il est poursuivi”. Les Verts, qui forment l’autre parti présent au gouvernement, se sont abstenus jusqu’à présent de tout commentaire sur la question.
Romain L'Hostis - Armand Duthil
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