Environnement, la Commission européenne négocie un accord de libre-échange entre l'Union européenne et l'Amérique du Sud; Autriche, les élections municipales se tenaient à Vienne ce week-end, un scrutin marqué par la chute chute du « parti de la liberté », le FPO, un parti d’extrême droite; France, Grenoble élue "capitale verte européenne 2022" par la Commission européenne.
Pour cette édition, intéressons-nous au commerce international et son impact sur l’environnement. La Commission européenne négocie depuis 2013 l’accord UE-Mercosur, des négociations à l’origine entamées en 2000, puis interrompues en 2004. Il s’agit un accord de libre-échange entre l’Union européenne et plusieurs pays d’Amérique du Sud, dont l’Argentine et le Brésil. La branche allemande de Greenpeace, une ONG qui lutte contre le réchauffement climatique, a dévoilé jeudi passé des documents qui ont filtré des négociations. Que reproche Greenpeace à cet accord en matière environnementale ?
Greenpeace reproche principalement à l’accord en gestation de ne contenir aucune mesure concrète pour mettre en place l’accord de Paris. Pour rappel, l’accord de Paris est un accord historique signé en 2015 dans le cadre de la conférence de Paris sur le climat. Il rassemble tous les Etats membres de l’ONU et vise à réduire significativement le réchauffement de la planète.
Selon Greenpeace, le traité ne contient aucune disposition contraignante par rapport à l’environnement, outre une déclaration relativement symbolique. Par exemple, le traité encourage les investissements mais ne les soumet à un aucun critère de durabilité. Greenpeace dénonce aussi l’absence de sanctions pour limiter la déforestation. Le sort de la forêt amazonienne, située principalement au Brésil, constitue un enjeu climatique majeur depuis de nombreuses années. Depuis l’élection de Jair Bolsonaro, connu pour son déni affiché du réchauffement climatique, à la présidence brésilienne en janvier 2019, les feux de forêts et la déforestation ont significativement augmenté.
Ce traité ne fait pas l’unanimité d’ailleurs au sein de l’Union européenne. La France, par exemple, a notamment s’oppose à cet accord de puis 2017. D’autres pays ont également émis des doutes sur certaines dispositions de ce texte.
Tout à fait ! Si la Commission européenne affiche sa détermination à ratifier l’accord rapidement, le soutien des Etats membres semble moins sur.
Comme vous l’avez dit, la France s’y oppose depuis 2017. Le président Macron avait demandé une pause dans les négociations car il demandait une vérification la pertinence des éléments sociaux et écologiques du traité. En août 2020, alors que l’Allemagne a toujours soutenu le traité, Angela Merkel, la chancelière allemande, a changé sa position. Elle a émis des doutes sur l’avenir de cet accord en raison des risques écologiques qu’il pourrait entraîner. En septembre 2020, la France a réitéré son opposition au traité, dans sa forme actuelle. Jean Castex, le premier ministre français a dénoncé les conséquences possibles de l’accord sur la déforestation et à la dégradation de la biodiversité. De plus, l’Autriche, l’Irlande, le Luxembourg et la région belge, de Wallonie, ont aussi exprimé leurs inquiétudes en matière environnementale.
Greenpeace craint que la Commission décide de scinder l’accord pour n’en soumettre qu’une partie aux votes des ministres des Etats membres au Conseil de l’UE, et pour éviter un éventuel blocage.
Dirigeons-nous maintenant vers l’Autriche. Les élections municipales se tenaient à Vienne dimanche. Un scrutin marqué par la chute du « parti de la liberté », le FPO, un parti d’extrême droite. Après avoir déjà essuyé un sévère recul aux législatives en 2019, c’est maintenant à Vienne qu’il échoue à convaincre les électeurs.
En effet, le parti de la liberté, le FPO, perd 23% des votes, passant de 31% à 7% des voix. Ce sont les sociaux-démocrates qui arrivent en tête avec 41% et voient leur maire sortant, Michael Ludwig, reconduit dans ses fonctions. Ils auront le choix de créer une coalition avec les conservateurs, arrivés deuxième, ou avec les verts, en troisième position. Vienne a toujours été surnommée « la Rouge », car tous les maires ont été de gauche depuis 1919, à l’exception de la période 1934-1945.
Le parti d’extrême droite faisait de bons scores depuis 2008 puis fut, si l’on peut dire, boosté par la crise migratoire en à partir de 2011. En 2017, Sebastian Kurz, leader des conservateurs avait emmené le parti d’extrême-droite, le FPO, au gouvernement. Le parti était porté par son leader charismatique et sulfureux, Heinz-Christian Strache. Il était connu pour ses positions très dure contre l’immigration, sa rhétorique très incisive et directe, et son appartenance passée à un groupe néo-nazi.
Le parti paie dans les urnes les différents scandales qui ont touché son leader, Heinz-Christian Strache. Le scandale le plus retentissant était celui dit de l’Ibizagate, pouvez-vous nous en dire plus ?
Oui, en mai 2019. Il fut piégé à Ibiza, par la prétendue nièce d’un oligarque russe. Dans une vidéo devenue virale, on le voit proposer des marchés publics en échange d’un soutien financier pour son parti. Il affirma également vouloir racheter le plus grand journal autrichien pour promouvoir son parti. Devant l’émoi causé par cette affaire, il a du démissionner et a été exclu du parti. Ce scandale a créé une véritable crise politique qui donna lieu à des élections anticipées. Les conservateurs avaient pu se maintenir au pouvoir mais cette fois-ci dans une coalition avec les Verts.
Le parti d’extrême droite, organisa une campagne médiatique pour redorer son blason mais un nouveau scandale de détournements de fonds en septembre 2019 toucha à nouveau durement la réputation du parti. Les élections municipales à Vienne ce weekend confirment la chute de ce parti dont les thèmes de prédilection, l’immigration notamment, semblent moins porteurs pour capter le vote des autrichiens.
Terminons par un passage à Grenoble ! La ville a été élue « Capitale verte européenne 2022 ». C’est la Commission européenne qui a sélectionné Grenoble pour son engagement dans la lutte contre le réchauffement climatique. Pour quelles raisons la Commission a-t-elle choisi d’élire cette ville française ?
Et bien, le prix de la Capitale verte européenne a été créé en 2006. La Commission européenne identifie chaque année une ville qui intègre la question environnementale dans ses aménagements urbains. L’objectif est notamment d’inciter les autres villes à suivre cet exemple. Le choix est basé sur douze indicateurs, avec entre autres, la qualité de l’air, le traitement des eaux usées, les transports, la performance énergétique et même la pollution sonore.
La Commission a souligné l’approche innovante de démocratie participative dans la ville qui tend vers un changement systémique en matière environnementale. Une victoire symbolique pour Eric Piolle, membre d’Europe écologie les Verts et maire de Grenoble depuis 2014. Ce prix s’accompagne d’une subvention 350.000 euros.
Le prix avait, les dernières années, récompensé les villes de Lisbonne, Oslo ou encore Lahti, en Finlande.
Une belle réussite pour Grenoble !
Victor D’Anethan – Thomas Kox
Image: Anton Atanasov