Querelle entre la Tchéquie et la Pologne au sujet d'une mine de charbon et d'une centrale électrique polonaises ; la question épineuse de l'échange des données personnelles entre l’UE et le Royaume-Uni après le Brexit ; assouplissement progressif des mesures sanitaires au Royaume-Uni et vaccination des enseignants en Allemagne et en Italie ; les lycéens irlandais rassurés sur les examens de fin d'année.
Querelle entre la Tchéquie et la Pologne au sujet d'une mine de charbon et d'une centrale électrique polonaises
Débutons ce journal par la querelle qui oppose la Tchéquie et la Pologne. Ces deux pays entretiennent des relations traditionnellement amicales mais une mine de charbon et une centrale électrique polonaises situées à deux pas de la frontière avec la Tchéquie et l'Allemagne inquiètent les habitants.
Oui, malgré les appels répétés de Prague et de Berlin, la Pologne a reconduit pour six ans la mine de charbon et la centrale électrique de Turow qui fournit 8% de l'électricité du pays. Le groupe énergétique public polonais PGE souhaite même étendre la mine. Et ce, alors que les habitants de la zone et les associations environnementales s'alarment des effets déjà très réels de ces activités sur les nappes phréatiques et sur la pollution de l’air.
Un dossier qui devrait finir devant les juridictions de l’UE ?
Oui, la Tchéquie avait même déposé plainte auprès de la Commission européenne en septembre 2020. En décembre dernier, celle-ci a d’ailleurs considéré que la Pologne avait mal évalué l’impact environnemental de la mine mais a tout de même estimé que les arguments de la Tchéquie sur les nappes phréatiques et la qualité de l’air étaient infondés.
Les négociations entre Prague et Varsovie n’ont rien donné. Le gouvernement tchèque a donc annoncé lundi vouloir saisir la Cour de justice de l’Union européenne et demander l’arrêt de la mine. Rappelons que la Pologne dépend du charbon pour près de 80% de son électricité et ce secteur concerne environ 80 000 emplois.
La question épineuse de l'échange des données personnelles entre l’UE et le Royaume-Uni après le Brexit
Attardons-nous sur un autre sujet épineux entre États européens : l’échange des données personnelles entre l’UE et le Royaume-Uni après le Brexit. L’accord de sortie prévoit un régime temporaire, mais seulement jusqu’au 30 juin prochain. Cette échéance inquiète les entreprises outre-Manche qui pourraient voir leurs activités impactées. Mais le transfert des données personnelles des Européens entre les deux rives suscite l’inquiétude des défenseurs des droits du numérique. Vendredi dernier, la Commission européenne a annoncé qu’elles pourront continuer à transiter vers le Royaume-Uni.
Oui, la Commission européenne a donné son aval vendredi à la poursuite du transfert des données personnelles vers le Royaume-Uni. Une décision saluée par Londres et ses entreprises car ces dernières auraient vu leurs coûts de fonctionnement grimper pour se mettre au niveau des standards européens de protection des données. Un coût estimé à 1,6 milliard d’euros pour les entreprises britanniques selon la New Economics Foundation.
Cette annonce de la Commission a donc été accueillie favorablement par Londres et ses entreprises, mais cette déclaration de Bruxelles ne scelle pas définitivement cette question du transfert des données. De même, cette question inquiète les défenseurs des droits, notamment autour du sujet de la surveillance de ces données par le gouvernement britannique.
Oui, la Commission assure que cette autorisation sera réexaminée à l’avenir et pourra être suspendue en cas d'évolution problématique du côté britannique. Cette décision nécessite aussi l’accord des États membres à la majorité qualifiée et doit aussi recevoir l’avis consultatif du Comité européen de la Protection des données. Les eurodéputés et les associations de défense des droits pourraient aussi faire pression pour demander plus de protection sur les données des Européens qui transitent vers le Royaume-Uni.
Enfin, la circulation des données vers un pays non-membre pourrait être invalidée en justice, comme ce fut le cas avec les données personnelles des Européens vers les États-Unis, annulée par la Cour de justice de l’UE suite à la plainte de l’avocat autrichien Max Schrems.
Assouplissement progressif des mesures sanitaires au Royaume-Uni et vaccination des enseignants en Allemagne et en Italie
Restons au Royaume-Uni où le Premier ministre Boris Johnson a présenté lundi sa feuille de route sur l’assouplissement progressif des mesures sanitaires. Les écoles vont rouvrir le 8 mars après presque six mois de fermeture, mais ce n’est pas le cas partout en Europe.
Oui, c’est le cas aussi en Allemagne, où depuis lundi, les écoles ré-ouvrent dans dix régions sur seize, mais c’est loin d’être la règle en Europe, surtout pour les lycées. Ainsi, les écoles restent fermées dans plusieurs régions d’Italie, mais aussi aux Pays-Bas. Et en Pologne comme en Hongrie les lycéens continuent leurs cours à distance. Alors qu'en Suède et en Belgique, les lycées sont ouverts mais partiellement.
Plusieurs pays rouvrent donc leurs écoles et certains pays comme l’Allemagne et l’Italie ont décidé de vacciner en priorité les enseignants pour endiguer la propagation du virus en milieu scolaire, car les récents chiffres sur l’impact des cours en distanciel inquiètent.
En effet, en Italie par exemple, près de 40 000 lycéens auraient disparu des radars soit 3% de la classe d’âge selon les estimations officielles. Cette tendance est due en grande partie aux inégalités d’accès aux ressources en ligne qui se creusent entre les enfants.
Une tendance que souligne une étude britannique qui s’est penchée sur le cas de 6 000 élèves faisant leur entrée en deuxième année de primaire. L’étude relève un retard significatif de deux mois dans l’apprentissage de la lecture et la numération, comparé à la même classe d’âge en 2017. Et l’écart entre les enfants pauvres qui bénéficient de la cantine gratuite et ceux plus aisés est d’environ sept mois.
Nombreux sont encore les lycéens européens qui doivent donc suivre leurs cours en ligne depuis plusieurs mois. La tenue des épreuves écrites du baccalauréat ou des épreuves équivalentes est un véritable casse-tête pour les autorités dans les différents pays et une source de stress pour les lycéens. Comme en Irlande où cette inquiétude était largement partagée.
En effet, l’angoisse des lycéens de la République d’Irlande était palpable en vue de la tenue ou non de leur baccalauréat qui tardait à être confirmée. Une angoisse accentuée par la tenue des cours en ligne depuis maintenant cinq mois. Le sort des 60 000 étudiants de terminale a été tranché jeudi 18 février. Ils auront l’option d’être notés sur leurs notes durant l’année ou d’opter pour un examen écrit. Une nouvelle accueillie avec soulagement par les étudiants et le corps enseignant, mais ce dernier demande plus de clarifications.
Thomas Kox - Armand Duthil
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