Les microgrids, des sous-réseaux intelligents au coeur de la transition écologique ; la Commission européenne adopte sa première stratégie pour la promotion des droits LGBTQI ; addictologie, des études récentes montrent un changement des addictions chez les jeunes européens.
Intéressons-nous au défi de la transition écologique et au pacte vert européen. Un projet ambitieux qui vise à rendre l’Union européenne neutre en carbone à l’horizon 2050. De multiples domaines sont concernés. Parlons en particulier des « microgrids ». Il s’agit de sous-réseaux intelligents qui permettent de mieux gérer la production et la demande d’électricité. Les micro-grids seraient-ils indispensables à toute véritable transition écologique ?
Il s’agit certainement d’une innovation importante qui gagne en popularité en Europe. Tout d’abord, qu’est-ce exactement qu’un micro-grid ? Ce sont des sous-réseaux locaux qui se caractérisent par trois éléments : une source d’énergie locale et renouvelable, un système de stockage, et un système de gestion intelligente. Grâce à un ordinateur, le réseau ajuste en temps réel la production et la demande d’énergie pour minimiser les pertes. L’élément-clé qui définit un micro-grid est sa capacité à se déconnecter du réseau central pour fonctionner en autonomie.
Ces sous-réseaux ont plusieurs avantages : assurer une meilleure couverture électrique d’un territoire, fournir des régions pauvres et reculées en énergie, assurer l’approvisionnement en cas de coupure du réseau central, maintenir l’équilibre du réseau électrique national, et intégrer les énergies vertes.
Et pouvez-vous nous expliquer dans quelle mesure, cette innovation, les micro-grids, s’intègre dans le pacte vert européen ?
Oui, pour rappel, l’objectif phare du pacte vert est la réduction des émissions de gaz à effet de serre de 55% d’ici à 2030. Le parlement européen s’est montré plus exigeant en votant une réduction de 60%.
La Commission européenne a trois objectifs. D’abord, privilégier l’énergie la moins carbonée possible, car en effet, produire de l’énergie pollue. Elle veut ensuite surtout dépendre de l’électricité, car elle peut être produite de manière plus verte. Enfin, promouvoir l’adoption de systèmes décentralisés et circulaires. A ce titre, elle investit dans les nouvelles infrastructures comme les micro-grids qui permettent d’accomplir ces trois objectifs. Il y en a déjà un peu partout en Europe, mais surtout en France, en Allemagne, aux Pays-Bas, ou au Danemark.
Tournons-nous maintenant vers un autre enjeu actuel ! La Commission européenne a publié sa première stratégie pour la promotion des droits LGBTQI. Pour rappel, cet acronyme regroupe les lesbiennes, gay, bisexuel, trans, queer, et intersexe. Toute personne qui ne se considère pas hétérosexuelle. Pouvez-vous nous dire ce que contient cette stratégie ?
En effet, l’objectif est d’harmoniser le cadre légal à travers les Etats membres. Par exemple, la Commission promeut la criminalisation des discours haineux anti-LGBTQI. De plus, elle veut aussi favoriser la reconnaissance légale de l’union et de la parenté des personnes de même sexe en Europe.
La Commission se base notamment sur un rapport de 2019 qui montre que 43% des personnes LGBTQI en Europe se sentent discriminées. De plus, toujours en 2019, 76% des citoyens européens se sont prononcés en faveur d’une égalité de droits peu importe l’orientation sexuelle.
Cette stratégie arrive à un moment de résurgence de discours anti-LGBTQI, notamment en Hongrie et en Pologne. Par exemple, 80 municipalités polonaises se sont déclarées « zones libres de toute personne LGBT ».
Tout à fait, par exemple aussi la Hongrie a affiché son intention d’interdire l’adoption par les couples homosexuels. La Pologne de son côté possède le triste titre d’Etat membre de l’Union européenne le moins favorable aux personnes LGBTQI. Pour vous donner une idée, l’actuel président polonais, Andrej Duda, a déclaré que l’idéologie LGBT était plus dangereuse que le communisme.
La commissaire européenne pour l’égalité, la maltaise Helena Dalli, voudrait lier l’octroi de fonds européens au respect des droits LGBTQI. Dans le cadre du plan de relance européen, les institutions européennes ont trouvé un accord pour priver de financements européens les pays qui ne respectent pas l’Etat de droit. Entre autres, la Hongrie et la Pologne sont visés pour leurs réformes anti-démocratiques controversées. Néanmoins, un tel mécanisme de conditionnalité nécessiterait leur accord, et les deux pays ont déjà déclaré qu’ils mettraient leur veto.
Terminons en évoquant les addictions chez les jeunes en Europe. Depuis 1995, un projet européen enquête sur cette question en milieu scolaire. Une enquête européenne de 2019 vient compléter ce long processus. Elle a interrogé 100.000 jeunes de 15 à 16 ans à travers 35 pays du continent européen. Les résultats sont sortis jeudi et montrent un changement des tendances. Pouvez-vous nous dire quelles en sont les conclusions ?
En effet, l’enquête montre un changement des habitudes des jeunes de 15-16 ans en matière de conduites addictives. Même si elle reste élevée, la consommation d’alcool diminue progressivement depuis plusieurs années. Le fameux binge drinking a atteint son plus bas niveau. Le binge-drinking consiste à boire beaucoup d’alcool en un court laps de temps.
La consommation quotidienne de cigarettes diminue également. Aujourd’hui, seulement 10% des jeunes de 15-16 fument tous les jours. Cela varie évidemment à travers les pays. Alors que l’Estonie et la République Tchèque enregistrent de fortes baisses, la consommation reste stable en Roumanie, en Italie et au Monténégro.
Par contre, la consommation globale de cannabis augmente. 16% de ces jeunes en ont consommé au moins une fois. Autre évolution notable, l’addiction aux jeux vidéo a très fortement augmenté, notamment avec l’arrivée de nouvelles technologies comme les smartphones.
Victor D’Anethan - Urich Huygevelde
crédits photo: Gotta Be Worth It