Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'euradio à Bruxelles. Avec Gaspard Timmermans, Robin Job Thomas Kox, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme:
- Contestation dans les rues d’Istanbul contre Recep Tayyip Erdogan
- Birmanie : un séisme meurtrier plonge le pays dans le chaos
- L’UE durcit les restrictions sur les importations agricoles ukrainiennes
Bonjour, on ouvre ce journal en évoquant les manifestations massives qui continuent en Turquie contre le président Recep Tayyip Erdogan. Elles font suite à l’arrestation arbitraire, le 19 mars dernier, du maire d’Istanbul et principal opposant au pouvoir, Ekrem Imamoglu. Son arrestation a déclenché une immense vague de protestations
Oui, Istanbul s’est soulevé en réaction à l’arrestation de son maire et est devenue l’épicentre d’une contestation qui prend de l’ampleur, marquée par des rassemblements quotidiens réunissant des centaines de milliers de manifestants. Ce week-end encore, malgré les interdictions, ils étaient des centaines de milliers à manifester. Le Parti républicain du peuple, le CHP à l’initiative de la mobilisation évoque même le chiffre de 2,2 millions de manifestants.
Rappelons qu’Ekrem Imamoglu est officiellement poursuivi pour corruption, des accusations qu’il rejette fermement.
Effectivement, et son avocat, Mehmet Pehlivan, a également été arrêté avant d’être libéré sous contrôle judiciaire ce vendredi 28 mars. Özgür Özel, le président du Parti républicain du peuple (CHP), principal parti d’opposition et parti du maire d’Istanbul a dénoncé un “coup d’État civil”. A noter que cette offensive judiciaire contre le principal opposant de Recep Tayyip Erdogan est loin d’être la première. Ekrem Imamoglu avait déjà été empêché de se présenter au précédent scrutin présidentiel.
Dans ce climat de tension, la répression s’intensifie. Selon les derniers chiffres, plus de 2 000 personnes ont été arrêtées en une semaine, dont 260 placées en détention.
En effet, et parmi elles, des journalistes étrangers : un reporter de la BBC, Marc Lowell, expulsé du pays, et le Suédois Joakim Medin, accusé d’avoir, je cite, “insulté le président” et d’être “membre d’une organisation terroriste armée”, selon des médias turcs. L’ONG Reporters sans frontières dénonce une “criminalisation des journalistes” et une entrave au droit à l’information.
De nombreux jeunes et étudiants descendent dans la rue pour exprimer leur ras-le-bol face à une société où, selon eux, “le droit n’existe plus”.
“N’ayez pas peur, le peuple est là” ou encore “Droit, loi, justice” sont des slogans arborés sur les pancartes lors des manifestations. La jeunesse exige un retour à l’état de droit. Le gouvernement, de son côté, tente, sans convaincre, de mettre en avant l’indépendance de la justice et rejette les accusations d’ingérence politique dans cette affaire. Dans une tentative un peu grossière d’épuiser la contestation, les autorités ont par ailleurs décrété une période de neuf jours fériés à l’occasion de la fin du ramadan.
Pour maintenir la pression sur le régime, le CHP prévoit des rassemblements chaque week-end et des manifestations plus ciblées dans différentes villes du pays. Une stratégie changeante qui vise à prolonger la contestation tout en contournant la répression.
Oui, et dans un entretien accordé au journal Le Monde, Özgür Özel a également annoncé le lancement, dès la semaine prochaine, d’une vaste campagne de signatures pour demander la libération d’Ekrem Imamoglu et l’organisation d’élections anticipées. Les prochaines élections présidentielles turques doivent théoriquement se tenir en 2028.
On continue ce journal en revenant sur le terrible séisme de magnitude 7,7 qui a frappé la Birmanie vendredi à 12h50 (heure locale), dans la région de Sagaing, près de Mandalay, deuxième ville du pays.
Oui il s’agit du tremblement de terre le plus violent dans la région depuis des décennies, de magnitude 7,7, ressenti jusqu’en Chine, en Thaïlande et en Inde. Ce dimanche 30 mars, d’autres secousses se sont à nouveau fait sentir proche de l’épicentre.
Le bilan provisoire est déjà dramatique : au moins 1 700 morts, plus de 3 400 blessés et des centaines de disparus. Mais selon des experts américains, le nombre de victimes pourrait largement dépasser ce bilan encore très provisoire.
Oui, sur place, le chaos règne. Ravagée par quatre ans de guerre civile, la Birmanie peine à faire face. Les hôpitaux,déjà fragilisés par le conflit, débordent, les secours manquent de moyens, et les infrastructures sont en grande partie détruites.
Face à l’ampleur de la catastrophe, la junte militaire au pouvoir depuis le coup d'État de 2021 a lancé un appel à l’aide internationale. L’Union européenne a annoncé avoir débloqué 2,5 millions d’euros d’aide d’urgence initiale et attend une évaluation des besoins pour mobiliser davantage de moyens sur le terrain. Le Royaume-Uni a promis 12 millions d’euros d’aide à son ancienne colonie. La France doit également dépêcher de l’aide et des équipes sur place.
Nous clôturons ce journal en évoquant l’ annonce de l’Union européenne concernant la réduction des importations agricoles ukrainiennes.
Oui, l'Union européenne s'apprête à durcir les restrictions sur les importations agricoles ukrainiennes. Christophe Hansen, commissaire européen à l'Agriculture, a annoncé vendredi 28 mars à l'Agence France-Presse que Bruxelles prévoyait de limiter ces importations après l’expiration de l’accord actuel en juin.
Mais de quel accord est-il question ?
Depuis 2022, l'UE avait instauré une exemption de droits de douane sur les produits agricoles ukrainiens afin de soutenir Kiev financièrement face à l'invasion russe. Cependant face à la colère des agriculteurs européens qui dénoncent une concurrence déloyale, les vingt-sept ont décidé de ne pas prolonger le dispositif.
Comment cela va t’il se concrétiser ?
Et bien un plafond sera instauré sur les importations ukrainiennes : une fois le seuil atteint, les tarifs douaniers habituels s'appliqueront de nouveau. Cette réforme, qui vise à protéger les marchés agricoles européens provoque des inquiétudes à Kiev qui craint que cette décision n’affaiblisse encore une économie déjà très dégradée par la guerre.
Un journal d’Isaline Feller, Gaspard Timmermans et Paul Thorineau.