Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'Euradio à Bruxelles. Avec Thomas Kox, Baptiste Maisonnave, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme :
- Ukraine : reprise des échanges de prisonniers avec la Russie ; Moscou revendique deux nouveaux villages mais suspend important terminal pétrolier ; Deal Ukraine grec
- Au Royaume-Uni, des mesurs historiques pour limiter l’immigration
- Tempête Claudia
On ouvre ce journal en Ukraine, où le président Volodymyr Zelensky a annoncé hier vouloir relancer les échanges de prisonniers avec la Russie.
Oui, le dispositif était pourtant au point mort depuis longtemps, mais il permettrait de rapatrier jusqu’à 1200 prisonniers ukrainiens selon la déclaration du président. La veille, samedi, l’ex-ministre de la Défense ukrainien, Rustem Oumerov, mentionnait sur Télégram des consultations indirectes avec la Russie, par l’intermédiaire d’une médiation de la Turquie et des Emirats arabes unis
Ce n’est pas la première fois que les deux pays s’apprêtent à échanger des prisonniers ; le processus est d’ailleurs cadré par un texte, l’accord d’Istanbul, négocié en 2022. Plusieurs milliers d’hommes et de femmes ont ainsi déjà été échangés depuis lors, mais à un rythme très irrégulier.
Ces négociations sur le sort des prisonniers ne ralentissent cependant en rien le rythme de la guerre : cette nuit encore, une attaque russe dans l’Est de l’Ukraine a fait trois morts et une dizaine de blessés dans l’oblast de Kharkiv.
Malgré des pertes énormes dans ses rangs la Russie continue d’être à l’offensive ; Moscou a revendiqué hier la prise de deux nouveaux villages dans le sud de l’Ukraine.
Oui, les localités de Rivnopillia et de Mala Tokmatchka plus précisément, dans la région de Zaporijia. Il faut noter que dans cette partie du territoire, le conflit est beaucoup moins actif qu’à l’Est, et donc que les forces russes, plus nombreuses, y grignotent régulièrement des territoires.
De l’autre côté de la frontière, la Russie a fait état d’une nouvelle attaque ukrainienne massive contre l’un de ses terminaux pétroliers. La ville de Novorossiysk, dans le Sud-ouest du pays, a ainsi vu ses activités d’exportations suspendues - alors qu’y transitent près de 2% des exportations mondiales du pays Dimanche, elles étaient de nouveau en place.
C’est dans ce contexte difficile que Volodymyr Zelensky poursuit une nouvelle tournée européenne. Il était en Grèce hier, à Paris aujourd’hui, et demain, à Madrid.
Oui, le président veut notamment rassurer ses soutiens occidentaux après la gigantesque affaire de corruption qui a secoué son pays la semaine dernière. Pour rappel, deux de ses ministres se sont vu accusés, par le bureau anti-corruption, d’avoir détourné et blanchi des fonds publics, et ont dû démissionner.
Dimanche, à Athènes, le président a tout de même cosigné une déclaration d’intention avec la compagnie publique de gaz naturel grecque pour renforcer les capacités énergétiques ukrainiennes cet hiver. Une urgence alors que les infrastructures énergétiques font régulièrement l’objet de frappes russes, et qu’une partie du territoire est toujours privée d’électricité.
Et après Athènes, le président ukrainien arrive à Paris.
A Paris, Volodymyr Zelensky rejoint Emmanuel Macron pour la neuvième fois depuis l’invasion russe de 2022, cette fois-ci pour discuter accords de défense et coopération industrielle. Le mois dernier, le président ukrainien avait signé une lettre d’intention en vue d’acquérir 100 à 150 avions de chasse suédois - il passe aujourd’hui par la base aérienne de Villacoublay pour y évoquer l’acquisition de quelques avions rafales pour renforcer l’aviation ukrainienne.
L’actualité, c’est aussi cette décision du Royaume-Uni de durcit sa politique à l’égard des réfugiés. Un plan détaillé doit être présenté devant le Parlement aujourd’hui, mais deux mesures phares ont déjà été annoncées.
Oui, le gouvernement britannique parle de “mesures historiques” pour limiter l’arrivée de migrants et tenter de contrer la montée en flèche du parti anti-immigration de Nigel Farage, Reform UK. Deux d’entre elles ont déjà été annoncées par le gouvernement, et indiquent la teneur du plan qui sera présenté à Westminster aujourd’hui : restreindre la protection accordée aux réfugiés, et supprimer l’accès automatique aux aides sociales pour les demandeurs d’asile.
La ministre de l’intérieur, Shabana Mahmood, parle de “supprimer le billet en or”, soit effacer ce qui rend le pays attractif aux candidats à la migration. Par exemple, toute personne arrivant au Royaume-Uni pouvait automatiquement demander à devenir résident permanent au bout de cinq ans. Si le nouveau plan est voté, il faudra attendre 20 ans avant de pouvoir demander à rester définitivement. Leur durée légale de séjour, parallèlement, sera diminuée pour passer de cinq ans à trente mois. Une victoire pour l’extrême droite qui défendait ces idées depuis longtemps.
Le pays traverse une crise politique liée à ce sujet de l’immigration.
Oui, et une crise qui met sous pression le gouvernement de Keir Starmer. Rappelez-vous, mi septembre, une immense manifestation avait rassemblé 150 000 sympathisants d’extrême droite, quelques semaines après d’autres rassemblements devant des hôtels hébergeant des demandeurs d’asiles.
Or, le gouvernement n’arrive pas à faire baisser le nombre de migrants qui traversent la Manche - ils sont presque 40 000 à avoir rejoint les côtes anglaises depuis le 1er janvier, quelque 2500 de plus qu’en 2024. Un deuxième chiffre illustre bien la situation : là où les demandes d’asiles ont diminué de 13% dans l’ensemble de l’Union européenne en 2024, elles ont augmenté de 18% au Royaume-Uni.
Les nouvelles mesures particulièrement sévères ont donc pour but de faire baisser ces chiffres, et s’inspirent notamment du modèle danois. Plusieurs hauts fonctionnaires anglais se sont d’ailleurs rendus au Danemark ces dernières semaines pour mieux comprendre le système d’un pays à la politique extrêmement stricte en matière de droit d’asile.
Et on termine ce journal à Bruxelles, où la contestation de l’accord UE-Mercosur prend une nouvelle tournure. Pour rappel, ce gigantesque accord vise à ouvrir en grand le marché de l’UE à cinq pays d'Amérique du sud - un objectif central du mandat d’Ursula von der Leyen mais dont l’impact social et commercial fait grincer les dents de plus d’un dirigeant. C’était vendredi au tour des eurodéputés d’exprimer leurs craintes, en demandant une saisie de la Cour européenne de justice.
Oui, avec pas moins de 145 signatures pour vérifier si l’accord du Mercosur respecte bien les traités européens. Une demande conjointe des groupes du PPE, des Sociaux Démocrates, de Renew, des Verts et de La Gauche, rassemblant 21 nationalités.
La Cour de Justice de l’UE devra donc examiner la conformité de l’accord aux règles de l'OMC, l’Organisation mondiale du commerce, qui exige, entre autres, le droit à une compensation si le commerce d’un agriculteur européen par exemple, se voit diminué, voire annulé par les régulations comprises dans l’accord. En d’autres termes, si le Mercosur rend inégal l’exploitation du marché européen pour producteurs déjà présents, il ne correspondra pas aux demandes de l’OMC.
Un journal de Baptiste Maisonnave, Ulrich Huygevelde et Paul Thorineau.