Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - 5 décembre 2024

© eppofficial / CC BY 2.0 Aujourd'hui en Europe - 5 décembre 2024
© eppofficial / CC BY 2.0

Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'euradio à Bruxelles. Avec Margot Klein, Thomas Kox, Giona Melotto, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.

Au programme :

  • La chute du gouvernement Barnier en France 
  • Le point sur les relations commerciales entre le Royaume-Uni et l’Union européenne
  • Les résultats de la dernière enquête Trends in Mathematics and Science Studies

Bonjour, on ouvre ce journal par un point sur la situation politique française marquée par la chute du gouvernement Barnier. Comment cette censure risque de peser sur le rôle de la France en Europe ?

Oui le gouvernement de Michel Barnier, premier ministre depuis à peine 3 mois, n’a pas résisté, ce 4 décembre au vote d’une motion de censure adoptée par une large majorité à l’Assemblée nationale. L’ex-premier ministre est donc forcé de démissionner et son gouvernement entre dans l’histoire comme le plus éphémère de toute l’histoire de la cinquième république.

Pourquoi cette motion de censure ? 

Michel Barnier ne bénéficiait que d’une majorité très relative et savait sa mission très périlleuse. Pour faire voter le budget qu’il proposait il avait il y a quelques jours annoncé qu’il activerait l’article “49.3” qui permet de contourner le vote des députés mais expose le gouvernement à une motion de censure.La motion de censure a réuni la gauche et l’extrême-droite française. 

M. Barnier a, depuis son arrivée à l’Elysée, compté sur le soutien tacite du Rassemblement national pour faire passer ses mesures. 

Mais en passant outre le vote des députés sur ses mesures budgétaires, le premier ministre a fait un pari risqué qu’il a finalement perdu. Emmanuel Macron doit donc reprendre la main et doit désormais désigner un nouveau premier ministre. Il lui faudra aller plus vite que pendant l’été quand il avait mis plus de deux mois et demi à nommer M. Barnier car les marchés montrent une extrême fébrilité face à cette situation institutionnelle imprévisible.

Le futur gouvernement aura un défi de taille : proposer un plan pour un vote du budget qui prend un retard inédit. La France doit en plus trouver des solutions face à un déficit budgétaire qui déraille largement.

En effet, le déficit public a grimpé en flèche dans le pays, atteignant les 6% du PIB.L’UE fixe théoriquement une limite de déficit de 3% du PIB mais la France ne parvient plus à la respecter depuis 2020. Pour tenter de faire baisser ce déficit intenable à terme, les mesures proposées par M. Barnier incluaient des coupes budgétaires conséquentes et une augmentation des taxes. 

Quel impact pour l’Europe ?

La France est, avec l’Allemagne, la plus grande puissance économique de l’UE. Ces deux pays sont d’ailleurs dans une situation économique similaire et très délicate. Mais l’instabilité politique actuelle de la France et les risques que cette situation crée pour son économie, avec notamment une envolée de ses taux d’emprunts, pourrait faire chuter les investissements. Ce qui risque à terme de compliquer encore la tâche du gouvernement qui devra rembourser la dette qui culmine à plus de 112 %, soit plus du double du plafond imposé par Bruxelles. La situation budgétaire critique de ce poids lourd européen risque aussi de faire un effet “ricochet” avec les autres pays, affectant donc toute l’Union européenne. 

Poursuivons ce journal avec un point sur les relations commerciales entre le Royaume-Uni et l’Union européenne.

Suite à la décision du Royaume Uni de quitter l’Union européenne, Bruxelles et Londres avaient signé un accord commercial : l’Accord de Commerce et de Coopération (ACC) entre l’UE et le Royaume Uni. Cet accord, entré en vigueur le premier janvier 2021, “prévoyait des droits de douane nuls et l’absence de contingents sur tous les échanges de marchandises de l’UE et du Royaume-Uni qui respectent les règles d’origine appropriées.” 

Mais selon une étude publiée par le Centre of Inclusive Trade Policy (CITP), les exportations de produits alimentaires britanniques vers l’UE ont chuté de près de 3 milliards de livres par an depuis le Brexit. 

Selon le CITP, cette diminution des exportations serait largement due à des contrôles plus stricts à la frontière.

En effet, dès que le Royaume-Uni a officiellement quitté le marché unique le 1er janvier 2021 il a été considéré comme un « pays tiers » par Bruxelles.

Ce qui a porté les 27 à introduire de nouveaux contrôles pour les produits agroalimentaires en provenance de la Grande-Bretagne, y compris les certificats sanitaires, ainsi que des contrôles physiques aux frontières. Selon le rapport du CITP les nouvelles certifications et les mesures relatives aux importations et aux exportations introduites par l’accord de Commerce et Coopération se sont révélées être un « obstacle majeur » au commerce. 

Pour tenter de faire face à cette situation le parti travailliste au pouvoir,  avait promis lors de sa campagne électorale avant les élections générales de juillet 2024 un rapprochement majeur avec Bruxelles. 

Le parti du Premier ministre Keir Starmer avait en effet proposé la signature d’un accord vétérinaire entre l’UE et le Royaume Uni. L’accord qui a pour but d'établir des mesures sanitaires communes en ce qui concerne le commerce des animaux vivants et des produits d’origine animale, aurait permis d’éviter des contrôles inutiles aux frontières et de réduire les coûts liés aux échanges. Cependant, il n’y a pas encore de progrès à ce sujet et les experts ont averti que ces négociations pourraient encore prendre des années selon le journal The Guardian.

Clôturons ce journal en évoquant le résultat de la dernière enquête Trends in Mathematics and Science Studies. 

Ce mercredi 4 décembre, l’Association internationale pour l’évaluation des résultats scolaires (IEA) a publié les résultats de cette enquête : une étude comparative qui mesure le niveau des connaissances scolaires des élèves de 9 et 10 ans en mathématiques et en sciences.  Les résultats sortent tous les quatres ans et ceux qui ont été publiés ce mercredi sont relatifs au sondage datant de 2023. 

En 2023, 76 pays ont participé au sondage, ce qui a permis de comparer plusieurs systèmes éducatifs dans le monde. 

Oui et selon les sondages, un des pays qui a acquis le moins de points en Europe est la France, avec 17% d'élèves au-dessous du niveau de base de mathématique. La moyenne des scores en Union européenne et dans les pays de l’OCDE est de 507, la France a en a acquis 479. Et ce sont les pays asiatiques qui dominent le haut du classement, avec en trio de tête, Singapour, Taïwan et la Corée du sud.

Et si on compare les résultats français de 1995 jusqu’en 2023, la tendance est en diminution.

En effet, si en 1995, les élèves très faibles en mathématiques étaient le 3% du total, le pourcentage est passé à 12% en 2009 et à 17% aujourd’hui. 

Un journal de Thomas Kox et Paul Thorineau.