Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'euradio à Bruxelles. Avec Gaspard Timmermans, Robin Job Thomas Kox, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme :
- Relations franco-italiennes : Emmanuel Macron en visite à Rome pour apaiser les tensions avec Giorgia Meloni sur fond de guerre en Ukraine et virage diplomatique américain
- Élargissement de la zone euro : feu vert européen pour la Bulgarie, une adhésion prévue en 2026 qui divise fortement la population
- Géo-ingénierie marine : entre promesses climatiques et scepticisme scientifique, l’océan au cœur des débats avant l’UNOC à Nice
Bonjour Assia, on ouvre ce journal en revenant sur le second tête-à-tête entre Emmanuel Macron et Giorgia Meloni. À l’exception d’une rencontre à l’Élysée en juin 2023, c’est la première fois que les deux dirigeants se retrouvent depuis l’arrivée de Giorgia Meloni au pouvoir en octobre 2022.
Oui, cette initiative revient au président français Emmanuel Macron, dans une tentative de réchauffer les relations entre Rome et Paris, relations quelque peu fraiches depuis le début du mandat de la candidate issue du parti post-fasciste Fratelli d’Italia.
Trois heures de discussions au Palais Chigi, la résidence des chefs de gouvernement italien, suivies d’un dîner. Une rencontre qui s’est conclue par une brève déclaration commune afin de souligner, je cite, de “profondes convergences” et de s’engager à "coordonner leurs efforts de mobilisation et d’action européenne" sur les principaux dossiers internationaux actuels.
Oui Assia, les relations entre Paris et Rome s’étaient crispées notamment sur fond de crise migratoire depuis l’arrivée de Giorgia Meloni à la présidence du conseil italien.
Oui en 2022, une crise avait éclatée entre Paris et Rome lorsque cette dernière avait refusé d'accueillir un bateau de sauvetage de migrants contraignant la France à le faire.
En mai 2023, les tensions entre Rome et Paris s’étaient ravivées après que Gérald Darmanin, ministre français de l’Intérieur, avait jugé Giorgia Meloni « incapable » de gérer la crise migratoire en Italie, pourtant au cœur de ses promesses électorales. En réaction, l’Italie avait annulé à la dernière minute une visite prévue de son ministre des Affaires étrangères, dénonçant un manque de solidarité européenne. Depuis le Parlement européen, le parti d'extrême droite italien la Ligue de Matteo Salvini avait quant à elle vivement répliqué, accusant Paris de considérer l’Italie comme un simple camp de réfugiés pour l’Europe.
Et plus récemment, la présidente du Conseil italien était absente lors de la visite d’Emmanuel Macron à Kiev, le 10 mai, aux côtés de Friedrich Merz, Keir Starmer et Donald Tusk.
Si l’Italie soutient fermement l’Ukraine depuis le début du conflit, Giorgia Meloni a justifié son absence en rappelant son opposition à l’envoi de troupes, préférant concentrer l’aide italienne sur le plan militaire et humanitaire.
Proche de Donald Trump, Meloni cherche aussi à faire de l’Italie un trait d’union entre Washington et l’Europe. Sa visite à Washington le 17 avril visait notamment à sécuriser l’engagement américain en Ukraine et à apaiser les tensions commerciales, une stratégie encore en construction.
Mais cette rencontre aura au moins tenter de solidifier les relations transalpines en amont d’une séquence cruciale qui s’annonce avec le G7 du 15 au 17 juin au Canada ou encore le sommet de l’OTAN à la Haye les 24 et 25 juin.
Oui l’enjeu des deux États est maintenant de relancer une coopération bilatérale car comme le déclarait Martin Briens, l’ambassadeur de France à Rome, le 23 mai, “ Sur le plan européen, la France et l’Italie partagent 85 % de leurs intérêts et de leurs positions ».
On continue ce journal en Bulgarie, qui a reçu l’approbation de la Commission européenne pour rejoindre la zone euro le 1er janvier 2026. Selon la Commission européenne, la Bulgarie a réussi à maintenir son taux d’inflation à 2,7 %, ce qui est en dessous de la valeur de référence de 2,8 %.
En effet. Bien que la Bulgarie soit l’État membre le plus pauvre de l’Union européenne, elle a su conserver un faible déficit et des niveaux d’endettement modérés. Mais depuis la crise énergétique déclenchée par l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie en février 2022, Sofia a eu du mal à contenir l’inflation. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré : « L’euro est un symbole concret de la force et de l’unité européennes. Grâce à l’euro, l’économie bulgare deviendra plus forte et la Bulgarie prendra toute sa place dans les décisions au cœur de la zone euro. »
Mais cette décision a mis en évidence une nette division dans le sentiment de la population bulgare vis-à-vis de l’Union européenne et de la zone euro. Ces derniers mois, des dizaines de manifestations dans les plus grandes villes bulgares ont réclamé un référendum sur la décision, la population craignant que le changement de monnaie entraîne une forte hausse des prix.
En effet. Dans les rues bulgares, on pouvait entendre des slogans comme « l’avenir appartient aux États souverains » ou « la bataille pour le lev bulgare est la dernière bataille pour la Bulgarie », scandés par des groupes civiques et nationalistes. Avant la décision, le parti d’extrême droite Revival avait lancé une campagne de désinformation pro-russe, avertissant les citoyens bulgares que la Commission volerait leurs économies pour financer des projets militaires, à moins qu’ils ne les dépensent dans un délai limité.
On conclut ce journal Assia, en évoquant une solution controversée face à l’urgence climatique : la géo-ingénierie marine. Grand sujet qui sera évoqué à la Conférence des Nations unies sur l’océan à Nice, du 9 au 13 juin prochain.
Oui Isaline, c’est lors de la troisième Conférence des Nations unies sur l’océan co-organisés par la France et le Costa-Rica, que 70 dirigeants mondiaux dont la France, le Brésil, mais pas les USA, ainsi que des milliers de délégués, scientifiques et représentants d’ONG, s’interrogeront sur le potentiel de l’océan pour capturer davantage de dioxyde de carbone.
Déjà responsable de l’absorption d’un quart des émissions de CO2 d’origine humaine, l’océan est au cœur de nouvelles expérimentations.
L’objectif est clair, renforcer les capacités naturelles de stockage des océans. Mais comment s’y prendre Assia ?
Plusieurs technologies sont à l’étude, comme la fertilisation par le fer pour stimuler le phytoplancton, ou l’alcalinisation des eaux à l’aide de minéraux pour capter le carbone atmosphérique. Mais ces méthodes Assia, encore peu testées à grande échelle, suscitent des inquiétudes. Oui Isaline, en réalité les impacts environnementaux de ces nouvelles expérimentations, sont encore mal connus, et certaines substances utilisées pourraient menacer la faune marine. Malgré ces réserves, le recours au “mCDR” (marine carbon dioxide removal) séduit un grand public de par son faible empiètement spatial comparé aux alternatives terrestres.
Un journal d’Isaline Feller, Assia Patel et Thomas-Jan Meekers