L'essentiel de l'actualité européenne du jour :
- Les russes concentrent leur attaque au sud de l'Ukraine
- Les conséquences alimentaires de la guerre en Ukraine
- Le parti espagnol d’extrême droite Vox rejoint le gouvernement de la plus grande région du pays
Les russes concentrent leur attaque au sud de l'Ukraine
Commençons ce journal en évoquant la guerre qui dure depuis plus de deux semaines en Ukraine. Depuis quelques jours, les Russes semblent concentrer leur offensive sur les villes de Mykolaïv et Marioupol, deux villes du sud du pays. Qu’en est-il de la situation sur place ?
À Marioupol, où les troupes russes ont encerclé la ville, on compte plus de 2100 morts d’après la mairie. La situation est-elle que les corps peinent à être évacués et que beaucoup ont dû être enterrés dans des fosses communes. L’arrivée de l’aide humanitaire peine à se frayer un chemin, alors que les Russes qui soumettent la ville a un véritable siège ont empêché pendant plusieurs jours les convois d’arriver. Dimanche quelques camions ont pu passer mais après avoir été en partie pillés de leur chargement.
D’après Médecins sans frontières, la ville est plongée dans une situation “quasi désespérée" en raison du manque de vivres, d’eau, de gaz, d'électricité et de communications. Concernant Kiev, même si la situation évolue assez peu et que la progression des Russes est beaucoup plus limitée qu’anticipée. Les forces armées russes seraient seulement à 25 km du centre d’après le ministre de la Défense britannique. Les combats continuent de faire rage aux alentours de la capitale, où un journaliste américain a d’ailleurs été tué par balle à Irpin, à la lisière nord-ouest de Kiev.
Une offensive russe marquée par des bombardement à l’extrême ouest du pays, à quelques kilomètres de la frontière polonaise
Depuis maintenant plus de 48h c’est l’ouest du pays et notamment la région de Lviv qui est la cible des bombardements aériens. Ce dimanche, une base militaire et un aéroport ont d’ailleurs été touchés par des frappes qui auraient fait plus de 35 morts selon les autorités locales. En bombardant l’ouest, les Russes se rapprochent dangereusement des frontières hongroises, slovaques et surtout polonaises à moins de 30 kilomètres de là. Ces bombardements inquiètent également du côté de Lviv à l’ouest, où des milliers de civils se sont réfugiés depuis le début du conflit et où les représentations diplomatiques de plusieurs pays continuent de fonctionner.
Une situation qui contraint des millions d’Ukrainiens à quitter leur pays pour se rendre en Europe.
Oui, selon le Haut-Commissariat de l’ONU aux réfugiés, près de 2,6 millions de personnes auraient fui l’Ukraine depuis le 24 février, sans compter les quelque deux millions de déplacés à l’intérieur du pays. Une vague qui semble ralentir ces derniers jours d’après les décomptes officiels de l’ONU mais qui continue de mettre sous pression les pays frontaliers tels que la Pologne, la Hongrie ou la Slovaquie.
Les conséquences alimentaires de la guerre en Ukraine
Continuons ce journal en nous intéressant cette fois aux conséquences alimentaires de la guerre en Ukraine, le pays étant, avec la Russie, l’un des plus gros exportateur de céréales au monde.
Effectivement, d’après le rapport de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) paru vendredi dernier, le conflit pourrait entraîner une baisse soudaine des exportations de blé de la Russie et de l’Ukraine, à l’origine de plus d’un tiers des exportations mondiales de céréales. Une situation qui annonce, d'après la FAO, une privation de nourriture importante, notamment en Afrique, au Moyen-Orient ou en Asie, des régions qui dépendent fortement de cette exportation pour leur alimentation de base.
Comment expliquer cette situation ?
La guerre sur le territoire ukrainien rend pour l’instant quasi impossible la moisson prévue pour juin, le stockage de la production ou simplement l’ouverture des ports ukrainiens de la mer Noire. En Russie, ce sont les sanctions internationales sur les exportations qui sont susceptibles de nuire à la productivité et de rehausser les coûts. Une situation désastreuse qui, d’après le rapport de l’ONU pourrait priver de nourriture jusqu’à 13 millions de personnes supplémentaires dans le monde.
Un rapport qui amène les Européens à repenser leur autonomie agricole, et les objectifs du Green deal.
Oui, l’une des recommandations de la FAO est d’ailleurs de trouver des fournisseurs de denrées alimentaires nouveaux et plus diversifiés pour ne plus seulement dépendre du “grenier de l’Europe” que représente l’Ukraine. Une question qui relance la volonté de l’Union européenne de devenir une superpuissance agricole véritablement indépendante, mais qui suppose la mise sur le côté de certaines aspirations écologiques en matière d’agriculture.
Pour produire davantage et compenser le déficit que provoque la guerre en Ukraine, les lobbys agricoles européens demandent la mise sur le côté de certaines politiques liées aux engrais. Une demande qui semble convenir aux leaders européens, lesquels sont prêts à "réexaminer les objectifs et éventuellement les corriger”. Une situation qui laisse craindre un retour en arrière des ambitions écologiques pour les verts au parlement européen, alors que la Commission envisage de suspendre cette année les règles obligeant les agriculteurs à laisser une partie de leurs terres agricoles hors production au nom de la biodiversité.
Le parti espagnol d’extrême droite Vox rejoint le gouvernement de la plus grande région du pays
Terminons ce journal en allant cette fois-ci au sud de l’Europe, en Espagne, où le parti Vox vient tout juste de rejoindre le gouvernement de la plus grande région du pays.
Effectivement, le parti espagnol d’extrême droite Vox entre pour la première fois de son histoire dans un gouvernement régional grâce à une coalition faite avec le Parti populaire conservateur (PP). Une alliance que le parti socialiste au pouvoir dénonce comme un “pacte de la honte”, pourtant considéré comme un moindre mal pour une partie de l’électorat, alors qu’une nouvelle élection régionale aurait été défavorable pour le PP. Le parti d’extrême droite, encore marginal il y a quatre ans de cela, est entré pour la première fois dans un parlement régional en Andalousie en 2018. Depuis, il est devenu la troisième force politique au sein du parlement espagnol. Cette alliance scelle donc encore un peu plus sa position de parti majeur en Espagne.
Une progression qui avait déjà été perçue comme une onde de choc en février dernier
En février dernier, le parti Vox avait connu une forte progression aux élections régionales anticipées dans la région de Castille-et-Léon, en comptabilisant 13 sièges au Parlement régional, alors qu’il n’en possédait qu’un seul auparavant. Un résultat présenté comme “historique” selon la presse, obligeant le Parti Populaire qui ne possédait pas de majorité absolue, à former une coalition, et à choisir, ce dimanche, Vox.
Laura Leger - Thomas Kox
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