Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - Vendredi 30 avril

Aujourd'hui en Europe - Vendredi 30 avril

Le Haut représentant de l'UE Josep Borrell appelle à davantage d'engagement de l'Europe dans la région du Sahel. A Madrid, des élections régionales sous haute tension. Le président de la Macédoine du Nord en visite à Bruxelles pour négocier l'adhésion de son pays à l'Union européenne.

Le Haut représentant de l'UE Josep Borrell appelle à davantage d'engagement de l'Europe dans la région du Sahel.

Commençons ce journal en évoquant la situation sécuritaire du Sahel. Le Haut Représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Josep Borrell vient d’appeler à davantage d’engagement des Européens dans la zone après les meurtres de plusieurs journalistes dans cette région.

Oui, deux journalistes espagnols et un ressortissant irlandais ont été tués lundi 26 avril dans la région du Sahel. Selon Josep Borrell ces attaques montrent que “la lutte contre les groupes terroristes et l’insécurité dans la région reste un combat de longue haleine”. Mercredi 28 avril, le Haut représentant a demandé davantage d’implication militaire de la part des Européens, puisque “seulement huit Etats membres ont envoyé des moyens, pour un effectif de 700 soldats de forces spéciales déployés”. Il a rappelé que ce chiffre est loin de l'objectif que l'UE s'était fixé d'envoyer 2000 soldats dans la région.

Ces sept dernières années, l’UE a versé 8,5 milliards d’euros aux pays du Sahel, et depuis mars 2020, la force européenne “Takuba” a été lancée pour aider l’opération militaire française “Barkhane” au Mali. Pourtant, selon Josep Borrell “la situation ne sera pas réglée dans un an ni dans trois.

Oui c’est vrai, alors que le Conseil de l’UE a récemment adopté une nouvelle stratégie pour le Sahel, Josep Borrell a reconnu mercredi que l’UE “a signé trop de chèques en blanc”. Il propose donc qu'à partir de maintenant, les aides financières européennes soient versées aux Etats du Sahel seulement en échange “d’objectifs de résultats vérifiables” en termes de sécurité et de bonne gouvernance. Un autre progrès serait d’obtenir un meilleur suivi “des paiements des forces armées au Mali”, notamment la rémunération des généraux et soldats maliens, pour ainsi éviter des éventuels détournements de fonds européens. 

La nouvelle stratégie de l’UE vise aussi à lutter contre les exactions perpétrées par les différentes forces armées engagées sur la zone. 

La nouvelle stratégie de l’UE a donc pour objectif de renforcer le pouvoir judiciaire sur place. Celui-ci servira à mettre fin à l’impunité des groupes djihadistes, mais aussi celle des armées locales.  

A Madrid, des élections régionales sous haute tension.

Dirigeons-nous maintenant vers l’Espagne, où les élections régionales pour le gouvernement de la Communauté autonome de Madrid se préparent dans un climat de plus en plus tendu. 

En effet, ces élections régionales à Madrid sont prévues le 4 mai, mais la campagne électorale s’est particulièrement tendue vendredi 23 avril lorsque le candidat du parti de gauche radicale Unidas Podemos Pablo Iglesias a affirmé avoir reçu des menaces de mort. La présidente de la région Isabel Diaz Ayuso est elle aussi candidate à l’élection et membre du parti conservateur le Parti Populaire ; elle avait alors dénoncé un “cirque” et une manipulation politique par la gauche. 

Pourtant, la tension est à nouveau montée d’un cran mardi 27 avril lorsque cette fois c’est la présidente Diaz Ayuso elle-même, qui a reçu une lettre de menaces et contenant des balles d’armes à feu. 

En effet, et comme si cela ne suffisait pas, le parti d'extrême droite Vox attise la polémique en minimisant et en réfutant la véracité de ces menaces. Le leader national du parti Santiago Abascal a plusieurs fois déclaré que ces menaces de mort sont “un montage, une opération de marketing et de victimisation”. Par conséquent, les candidats de gauche ont annoncé qu’ils ne débattraient plus avec l’extrême droite, et les chaînes publiques et privées de télévision ont dû annuler les débats. 

La série de menaces s’est étendue au-delà de la région de Madrid puisque le ministre de l’Intérieur et la directrice de la Garde civile ont eux aussi reçu des lettres avec des balles similaires.

Selon le gouvernement national, ces menaces sont donc à prendre très au sérieux et leur ou leurs auteurs proviendraient des milieux de l’extrême droite.

Selon les sondages, s’il est peu probable que Vox remporte les élections, le parti en tête du scrutin aura besoin d’une alliance avec l'extrême-droite pour former un gouvernement régional.

Le président de la Macédoine du Nord en visite à Bruxelles pour négocier l'adhésion de son pays à l'Union européenne.

Terminons ce journal en partant dans les Balkans et en évoquant la Macédoine du Nord. Son président Stevo Pendarovsk était en visite à Bruxelles le 27 avril.

Oui, son premier objectif était de réagir à nouveau face à l’existence d’un document anonyme proposant de redessiner les frontières des pays des Balkans. Selon la presse bosniaque puis slovène, ce document anonyme aurait été envoyé le mois dernier par le président du gouvernement slovène Janez Jansa au président du Conseil européen Charles Michel. Même si ceux-ci ont nié que ce document ait une quelconque valeur, le président macédonien a insisté sur le fait qu’un changement des frontières dans les Balkans “pourrait se révéler dangereux” en raison des tensions communautaires et politiques qui persistent dans la région. 

Le but de la visite du président de la Macédoine du Nord à Bruxelles était également de convaincre les dirigeants de l’UE de lancer les négociations d’adhésion avec son pays.

Oui, cette adhésion avait semblé possible en janvier 2019 lorsque la République de Macédoine et la Grèce avait enfin trouvé un accord pour régler leur différend relatif à la propriété du nom même de Macédoine. La Macédoine acceptait de changer de nom pour s’appeler la Macédoine du Nord, et la Grèce soutenait désormais son adhésion au sein de l’UE. Mais le processus est maintenant bloqué par la Bulgarie, qui maintient son veto au démarrage des négociations d’adhésion de la Macédoine à l’Union européenne.

A l’origine de ce blocage se trouve le passé commun des deux pays, notamment sur le plan linguistique.

Oui, aux yeux de la Bulgarie, la langue macédonienne ne serait qu’un dialecte provenant de la langue bulgare. Les Macédoniens partageraient donc une part de leur identité avec les Bulgares, ce qui ne leur donnerait pas le droit de se déclarer en tant que nation indépendante.  Ce différend bloque donc pour l’instant le processus d’adhésion à l’UE, mais suite aux élections législatives du 4 avril en Bulgarie, la formation d’un nouveau gouvernement pourrait voir évoluer les positions de Sofia vis-à-vis de Skopje.

Thomas Kox - Romain L'Hostis

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