La contestation grandit chez Amazon : de plus en plus de travailleurs se rassemblent pour lutter contre les conditions de travail imposées par le géant du numérique ; en Allemagne, le végétarisme prend de l'ampleur ; et enfin, quel rôle pour le Parlement européen ?
La contestation grandit au sein du géant du numérique Amazon ! Cette gigantesque entreprise américaine de vente en ligne est présente partout dans le monde. Elle est tristement célèbre notamment pour imposer un rythme de travail très strict et éprouvant dans ses entrepôts de distribution. Un mouvement transfrontalier baptisé l’International des travailleurs d’Amazon fait du bruit depuis 2015 face à ce qu’ils dénoncent comme des conditions de travail indignes et des salaires trop bas.
Tout à fait, il s’agit d’un réseau informel de travailleurs de ces entrepôts, dont le nom fait directement référence au chant révolutionnaire français. Ils semblent avoir mis au placard les anciennes méthodes de contestation syndicale. Ils adoptent une approche en ligne, par vidéoconférence notamment, qui leur permet de mieux se coordonner. Ils luttent contre leur propre entreprise qui, en dépit de la pandémie, a maintenu des conditions de travail précaire tout en doublant son profit net, passant de 2,6 à 5,2 milliards de dollars.
En Europe, ce sont les travailleurs allemands et polonais qui ont commencé à s’organiser avant que certains ne rejoignent le mouvement. En effet, quand un entrepôt allemand fit grève en 2015, les travailleurs polonais durent travailler plus pour compenser, incitant les travailleurs des deux côtés de la frontière à coopérer. Outre des américains, le mouvement rassemble des travailleurs d’Espagne, de France et de Slovaquie. En France, au printemps 2020, les travailleurs ont réussi à faire fermer les six entrepôts d’Amazon où ils étaient forcés à travailler malgré les mesures sanitaires.
Pouvez-vous nous dire quelles sont les revendications de ce mouvement ?
Les principales demandes de l’International des travailleurs d’Amazon se concentrent surtout sur une augmentation des salaires, des pauses dans la journée, et de mesures de sécurité. Leur but est de souligner la similarité des conditions des travailleurs d’Amazon dans le monde, en communiquant le plus possible, et donc faire grandir le mouvement. Amazon de son côté ne reconnaît pas ce mouvement comme un acteur légitime. Le mouvement reste petit mais commence à s’organiser des représentants sur différents continents.
Amazon est connue pour ses activités dans la vente en ligne mais l’entreprise investit massivement dans de multiples domaines dont les nouvelles technologies?!
En effet, Amazon développe notamment un logiciel de reconnaissance faciale qu’elle a vendu à des services de police durant plusieurs années. En 2019, l’entreprise a décidé de cesser cette collaboration face aux critiques d’organisations de protection des droits. Une étude avait montré que le logiciel faisait de nombreuses erreurs lorsqu’il s’agissait de personnes de couleur et que cela, dans les mains de la police, allait contribuer à des pratiques discriminatoires.
Tournons-nous vers l’Allemagne et la place croissante que prend le végétarisme dans le pays. De plus en plus d’allemands diminuent ou arrêtent tout à fait de manger de la viande.
C’est ce que montre une étude réalisée par des chercheurs allemands, britanniques et français 42% des allemands font attention à leur consommation ou privilégient un régime alimentaire stricte. Les raisons d’adopter une telle approche sont souvent liées au bien-être animal et à l’environnement. Selon la FAO, l’organisation des Nations-Unies pour l’alimentation, l’industrie de la viande produit environ 15% des émissions de gaz à effet de serre. En 2015, l’OMS, l’organisation mondiale de la santé publiait un rapport marquant qui a placé la viande transformée, charcuterie et jambon par exemple, dans la catégorie des produits cancérigènes.
A noter aussi que la consommation de viande va même augmenter de 15% dans le monde d’ici 2027, car les pays en développements deviennent davantage carnivores à mesure qu’ils se développent.
Terminons en évoquant le Parlement européen. Nous citons souvent cette institution dans cette émission. Prenons le temps de revenir sur son rôle et le fonctionnement de cette institution. Le parlement est donc composé de 705 eurodéputés qui représentent les 27 Etats membres. Pouvez-vous nous en dire plus sur sa composition ?
Et bien, les trois plus grandes délégations viennent d’Allemagne, de France, et d’Italie avec respectivement 96, 79 et 76 parlementaires élus pour 5 ans. Le parlement est composé de 20 commissions et 2 sous-commissions où les eurodéputés travaillent sur des thématiques précises comme le contrôle budgétaire, le transport et le tourisme, ou les affaires étrangères. Son président actuel est l’Italien socialiste David Sassoli.
Certes, le parlement européen, comme son nom l’indique, joue un rôle dans le processus législatif. Pourtant, le système européen diffère des systèmes nationaux dans la mesure où le parlement doit coopérer avec deux autres institutions. Pouvez-vous nous éclairer sur ce processus ?
En effet, contrairement à de nombreux systèmes nationaux, le parlement n’a pas l’initiative législative. C’est la Commission européenne, grande institution exécutive et législative, qui soumet des propositions au parlement et au Conseil de l’Union européenne, cette institution qui rassemble les ministres des Etats membres. Ces propositions sont adoptées en première ou deuxième lecture, ou à travers une procédure de conciliation, si le processus bloque.
L’une des grandes prérogatives du parlement consiste dans le contrôle de la Commission européenne. Le parlement élit la présidente de la Commission, auditionne de manière intransigeante les commissaires européens avant leur nomination, et peut éventuellement contraindre la Commission à une démission collective.
Qu’en est-il de la composition politique du parlement ? Et de la présence française dans la composition de cette assemblée ?
Et bien, les trois partis traditionnels européens conservent encore leur place sur le podium. Le parti populaire européen, de centre droit, dont est issue Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission, domine avec 187 sièges. Il est suivi par les socialistes européens, avec 146 sièges, et par les libéraux, avec leur groupe Renew, renouveau en anglais, avec 98 sièges. Ils sont talonnés par le groupe Identité et Démocratie, parti d’extrême droite formé en juin 2019 pour les dernières élections, qui lui a 76 sièges. A noter que les eurodéputés sont composés à 39% de femmes et 61% d’hommes.
A la présidence des commissions, on retrouve notamment les français Nathalie Loiseau et Pascal Canfin, de la République en Marche, respectivement aux sous-commissions sécurité et défense, et environnement, santé et alimentation. Karima Delli d’Europe Ecologie les Verts préside au transport et le tourisme, et puis Younous Omarjee, de la France Insoumise, à la commission pour le développement.
Victor D’Anethan – Thomas Kox
crédits photo: THAM YUAN YUAN