Transition écologique, nouvelle initiative de la Commission en faveur de la "consommation verte" ; le programme INTERREG récompensé par le prix RegioStar ; droit du travail, la Corée du Sud épinglée par la Commission européenne ; Venezuela, Juan Guaido plus reconnu par l'UE comme dirigeant légitime du pays.
Green Deal - nouveau projet pilote en faveur d'une "consommation verte"
Commençons cette édition avec le lancement officiel d’une initiative européenne en faveur de la “consommation verte”. Depuis le 25 janvier, la Commission européenne autorise en effet les entreprises à accéder à ce projet pilote et au financement européen qui l’accompagne. Alors qu’on a surtout parlé du Green Deal comme principal outil de la politique environnementale de l’UE, quel est l’enjeu de cette nouvelle mesure de la Commission ?
Ce projet vers une “consommation verte” s’inscrit bien dans ce Green Deal, et contribue à l’objectif de neutralité climatique en Europe d’ici à 2050. Selon le commissaire européen à la justice Didier Reynders, la “consommation verte” vise à améliorer l’accès à des produits plus durables. Concrètement, les entreprises participantes devront s’engager à mieux calculer leur empreinte carbone, et à promouvoir des produits plus respectueux de l'environnement.
Il s’agit pour l’instant de la phase pilote de cette initiative, avant qu’une évaluation prévue en 2022 ne détermine les prochaines mesures à mettre en place. En attendant, certaines entreprises se sont déjà inscrites à la liste des participants.
Oui ! C’est notamment le cas du leader mondial des produits de sport Décathlon. Dans un catalogue de ses engagements élaboré avec la Commission européenne, le groupe fixe l’objectif de baisser les émissions de gaz à effet de serre de 75% d’ici à 2026, et d’utiliser 100% d’énergies renouvelables pour sa production. Decathlon s’engage aussi à publier chaque année les informations relatives à la réduction de son empreinte carbone.
Le programme INTERREG récompensé par le Prix RegioStars
Toujours dans cet objectif de transition durable, évoquons maintenant un autre projet européen qui a su se distinguer. Dans le cadre de la politique de cohésion de l’UE, la Commission et le Comité européen des régions délivrent chaque année les prix RegioStars. Ces prix récompensent certains projets reconnus comme “exceptionnels” pour le développement des régions. Qui a remporté ce prix lors de la dernière édition des RegioStars ?
Tout à fait ! Lors de la semaine européenne des régions et des villes organisée par le Comité européen des régions, plusieurs prix RegioStars ont été remis. Dans la catégorie de l’engagement des citoyens en faveur de la cohésion des villes européennes, le RegioStar a été attribué à un projet financé par le programme INTERREG. Lancé par un consortium de villes belges, britanniques et françaises, il a mis au point, en 2020, un modèle en faveur d’un logement plus durable et inclusif pour lutter contre la précarité urbaine.
Aujourd’hui dans de nombreuses villes d’Europe les loyers augmentent plus vite que les salaires. Par conséquent, de plus en plus de personnes n’ont d’autre choix que de quitter les villes pour leurs périphéries. Que propose concrètement ce projet pour résoudre ce problème ?
L’idée du projet est de dissocier le terrain des bâtiments construits dessus, pour permettre aux nouveaux propriétaires ou locataires d’acheter seulement les bâtiments. Ce mécanisme géré en collaboration avec des associations de résidents aide donc à diminuer les prix de l’immobilier et à rendre les villes plus accessibles. Le projet sera lancé d’abord dans les villes de Londres, Gand, Bruxelles et Lille, en attendant d'inspirer d’autres porteurs de projets.
Droit du travail - La Corée du Sud épinglée par la Commission européenne
Tournons-nous vers l’Asie où la Corée du Sud ne respecterait toujours pas certains de ses engagements vis-à-vis de l’Union européenne. De quoi s’agit-il exactement ?
En effet, la Commission a déclaré dans un communiqué que la République de Corée ne respecte pas “les obligations qui lui incombent en matière de commerce et de développement durable au titre de son accord commercial avec l’UE.” On parle ici d’un accord ratifié en 2015. En plus des mesures commerciales, il prévoit des engagements environnementaux et sociaux de la part des deux parties. La Commission considère que la Corée devrait modifier sa législation pour mieux mettre en œuvre les conventions de l’OIT, l’Organisation Internationale du Travail, et ainsi se conformer à l’accord passé avec l’UE.
Cette information a réveillé les inquiétudes des Européens, vis-à-vis de la Corée, mais aussi de la Chine.
Oui, le vice-président de la Commission Valdis Dombrovkis a dit vouloir “travailler en étroite collaboration avec la Corée pour veiller à ce qu’elle applique ses engagements en matière de droits des travailleurs.” Mais ces retards ne font que rappeler aux Européens un accord politique qu’ils ont signé fin décembre avec la Chine pour préparer un futur traité commercial. L’exemple coréen risque donc de renforcer les critiques vis -à -vis de la capacité du régime communiste chinois à respecter cet accord commercial avec l’UE.
L'UE ne reconnaît plus Juan Guaido comme dirigeant légitime du Venezuela.
Terminons cette édition avec un autre sujet relevant de l’action extérieure de l’Union européenne : l’UE a officiellement annoncé qu’elle ne reconnaît plus le président autoproclamé Juan Guaido comme le dirigeant légitime du Venezuela.
Rappelons que depuis maintenant des années le Venezuela fait face à une crise politique majeure. Malgré un énième scrutin contesté et un régime de plus en plus répressif, Nicolas Maduro, qui a pris la succession d’Hugo Chavez en 2013, se maintient au pouvoir.
Dans un contexte particulièrement tendu le leader de l’opposition et président de l’assemblée nationale Juan Guaido s'était autoproclamé président intérimaire du pays le 23 janvier 2019. Il avait notamment été reconnu par les Etats-Unis et l’Union européenne. Mais son mandat de président de l’Assemblée nationale a pris fin ce 5 janvier 2021, ce qui a amené l’Union à redéfinir qui elle devait reconnaître comme président légitime à Caracas.
Juan Guaido a fait voter une loi fin décembre pour prolonger son mandat “jusqu’à ce que des élections législatives et présidentielles justes” soient organisées, mais cela n’a pas suffit à rétablir sa légitimité démocratique aux yeux des Européens.
Ce lundi 25 janvier, le conseil européen a annoncé ne plus considérer Juan Guaido comme président légitime, car selon la constitution il n’est plus député. Mais l’UE ne reconnaît pas pour autant la présidence de Maduro. Malgré un blocage apparent, le Haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères Josep Borell a affirmé qu’il “continuait à creuser toutes les pistes visant à résoudre le problème politique vénézuelien”.
Cette décision a suscité l’opposition formelle de la représentante de Juan Guaido en France Isadora Zubillaga qui craint que cela n’incite les Etats-Unis à lâcher aussi leur soutien. Là où l’UE s’interrogeait sur l’intérêt de soutenir le pouvoir de Guaido qui était avant tout symbolique, Zubillaga maintient que “le gouvernement intérimaire est la seule instance démocratique du pays”.
Illustration : © Copyright: Commission européenne 2021