Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - 18 décembre 2025

Ce jeudi, les 27 doivent donner une réponse concernant l’utilisation des avoirs russes gelés (CE - Service audiovisuel) Aujourd'hui en Europe - 18 décembre 2025
Ce jeudi, les 27 doivent donner une réponse concernant l’utilisation des avoirs russes gelés (CE - Service audiovisuel)

Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'Euradio à Bruxelles. Avec Thomas Kox, Baptiste Maisonnave, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.

Au programme : 

  • Ukraine : Zelensky à Bruxelles ; réunion sur le prêt d’aide, clause d’urgence de la Belgique ; nouvelles sanctions américaines ; les alliés de l’Ukraine sont des “porcs” selon Poutine
  • Immigration : 19 pays de l’UE veulent rejoindre la dynamique des return hub et demandes des fonds à Bruxelles
  • Belarus : surveillance des journalistes révélée ; 30 journalistes en prison

On commence ce journal à Bruxelles, où sont attendues des réponses cruciales ce jeudi concernant l'utilisation des avoirs russes gelés pour aider l’Ukraine.

Comment réunir les 90 milliards d’euros, minimum, pour répondre aux besoins financiers et militaires de l’Ukraine des deux prochaines années ? La question, objet de débat des 27 depuis plusieurs semaines, prend une nouvelle tournure aujourd’hui : les dirigeants “ne quitteront” pas le sommet sans solution financière a déclaré à la presse Ursula von der Leyen. Devant l’hémicycle de Strasbourg, mercredi, elle soulignait par ailleurs que, je cite, “la paix d’hier n’existe plus. [...] Ce qui compte, c’est la façon dont nous affrontons le présent”.

Et deux options se présentent à eux aujourd’hui.

Oui soutenir l’Ukraine en empruntant, ou se servir des avoirs russes gelés. La première option consisterait à créer un fond commun européen, mais elle ne convainc pas beaucoup voir pas du tout les Etats membres : l’Allemagne se dit très réticente, la Hongrie, totalement opposée. Créer un tel emprunt sur les marchés requiert l’unanimité des Etats membres, perdue d’avance donc, si la Hongrie campe sur ses positions. 

Quant à la seconde option, si elle a obtenu l’avis positif d’une très large majorité des 27 - et notamment parce qu’elle ne coûterait théoriquement rien au contribuable - elle nécessite de convaincre la Belgique qui, ces dernières semaines, a bien fait comprendre qu’elle ne voulait pas ouvrir les coffres bruxellois où sont stockés ces avoirs gelés. “On a besoin d’un parachute avant de sauter” a expliqué ce matin le premier ministre belge, Bart de Wever, “si on nous demande de sauter, on saute tous ensemble”. L’option du dégel des avoirs, elle, peut être approuvée par une simple majorité qualifiée. 

Un marqueur du caractère crucial de ce sommet : Volodymyr Zelensky a fait le déplacement. 

Oui, le président ukrainien est arrivé à Bruxelles ce matin, au lendemain d’une nouvelle salve d’attaques de drones russes - tous interceptés. La Russie ne ralentit pas le rythme de ses attaques, et a d’ailleurs menacé hier Kyiv et ses alliés occidentaux d’étendre ses “gains” en Ukraine s’ils rejetaients les demandes du Kremlin. 

C’était à l’occasion d’une réunion annuelle, lors de laquelle le président russe Vladimir Poutine, manifestement en verve, a fustigé l’ancienne administration américaine, mais surtout les 27, qu’il a qualifié, je cite, “de porcelets” voulant “se régaler de l’effondrement de la Russie”. 

C’est donc dans ce contexte de menaces directes de Moscou que se déroulent ces négociations au Conseil européen. L’Ukraine aura “un gros problème” si aucun accord n’est trouvé concernant l’utilisation des avoirs russes gelés a expliqué le président Volodymyr Zelensky. De nouveaux pourparlers sont par ailleurs prévus vendredi et samedi aux Etats-Unis.

On continue ce journal, toujours à Bruxelles, où 19 pays demandent à l’Union européenne de financer des centres d’accueil hors de ses frontières. Une exigence qui traduit la nouvelle dynamique de l’UE en ce qui concerne l’accueil de demandeurs d’asile : être plus dur, renvoyer plus loin. 

Oui, depuis l’adoption, le 8 décembre, d’une série de textes visant à encadrer plus strictement les arrivées et les renvois de migrants, les 27 ont également ouvert la voie à la mise en place de centres de retours. Ces “hubs”, comme ceux que l’Italie vient d’ouvrir en Albanie, permettent de renvoyer les migrants dont la demande d’asile a été rejetée.

Mercredi, dix neuf États membres, dont les Pays-Bas, l’Allemagne, la Grèce ou la Belgique ont demandé à la Commission de passer des paroles aux actes, et de financer la construction de ces centres de retour. Une initiative dont le fer de lance est le Danemark, qui occupe actuellement la présidence semestrielle de l’Union européenne, et qui se félicitait mercredi, je cite, d’avoir “convaincu d’autres pays européens des idées danoises”.

Concrètement, quelles sont ces “idées danoises” ?

Si l’on s’intéresse au texte récemment voté par les ministres de l’Intérieur européens, on remarque qu’il prévoit une série de mesures extrêmement restrictives en matière de libertés, décriées par les ONG de protection des droits des exilés. Par exemple, les demandeurs d’asiles envoyés dans ces centres de retour pourront y rester jusqu’à 30 mois, y compris les enfants. Autre mesure marquante : l’introduction de “clauses de flexibilité”, qui permettent, à l’avenir, d’élargir les motifs de détention ou les sanctions en cas de non-coopération, et rendent les procès très difficiles à gagner. 

Le texte, rappelons-le, n’est pas encore adopté. Il doit encore passer l’examen du Parlement européen, en commission puis en plénière, avant d’être approuvé par les trois institutions. 

On termine ce journal en Biélorussie. L’ONG Reporters sans frontières a révélé ce mercredi avoir découvert l’existence d’un logiciel espion, utilisé par le gouvernement pour surveiller les journalistes. 

“ResidentBat”, c’est le nom de ce petit logiciel qui permet l’accès aux journaux d’appels, aux enregistrements du microphones, aux messages… à quasiment tout ce que votre téléphone est capable de faire. Il aurait été installé dans le portable d’un journaliste qui avait dû déverrouiller et remettre son appareil aux agents des services bélarusses lors d’un interrogatoire - “une stratégie délibérée de répression contre le journalisme indépendant” explique le rapport de RSF. 

Le Belarus est l’une des plus grandes prisons de journalistes au monde, avec notamment plus d’une trentaine de professionnels des médias derrière les barreaux, mais ces derniers mois, des négociations ont permis plusieurs vagues de libérations.

Oui, après des négociations américaines, 123 personnes ont pu quitter leur cellule la semaine dernière, le 13 décembre, dont des journalistes. Parmi le groupe, on comptait notamment le Prix Nobel de la paix, Ales Bialiatski, et l’opposante au pouvoir, Maria Kolesnikova. Idem, le 11 septembre, 52 prisonniers politiques ont retrouvé l’air frais, dont près d’une dizaine de journalistes. 

Principal levier de négociations des Etats-Unis : la potasse, un composé chimique utilisé comme engrais notamment. Le Belarus en est un important producteur, et était jusque-là soumise à de lourdes sanctions de la part de Washington. L’aviation biélorusse également faisait l’objet de restrictions américaines, partiellement levées en échange de ces libérations de prisonniers. Côté européen, les sanctions sont toujours actives, et devraient le rester.

Un journal de Baptiste Maisonnave, Ulrich Huygevelde et Paul Thorineau.