Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'Euradio à Bruxelles. Avec Thomas Kox, Baptiste Maisonnave, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme :
- Ukraine : Rencontre Witkoff Poutine ; Russie dit avoir pris Pokrovsk, Ukraine dément ; attaques en hausse en novembre ;
- Enquête pour fraude au service diplomatique de l’UE : arrestations, perquisitions, levées d’immunités ; ex cheffe diplo ue Mogherini en GAV
- Record : la région de Bruxelles dépasse les 541 jours sans gouvernement
On commence ce journal à Moscou, où l’émissaire américain Steve Witkoff rencontrait hier soir Vladimir Poutine. Le président russe était accompagné de son conseiller Iouri Ouchakov, et de son émissaire Kirill Dmitriev, mais la rencontre n’a mené, je cite, à “aucun compromis”.
Non, “aucune solution de compromis n’a encore été choisie” en ce qui concerne les territoires occupés par la Russie en Ukraine. C’est ce qu’a expliqué Iouri Ouchakov hier, en désignant les quelque 19% du territoire ukrainien actuellement sous contrôle de Moscou. Lors de la conférence de presse qui a suivi la rencontre, à la question “se trouve-t-on désormais plus proche ou plus éloigné de la paix ?”, le conseiller de Moscou s’est contenté de répondre “certainement pas plus proches”.
Parallèlement, le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, faisait état de “quelques progrès” dans les négociations de paix au micro de Fox News, sans plus de précisions.
Qu’en est-il de Vladimir Poutine ? S’est-il exprimé ?
Non, pas de nouvelles du président russe pour l’instant, qui avait cependant donné quelques signes de son humeur belliqueuse avec une déclaration quelques heures avant la réunion, réunion à laquelle il est d’ailleurs arrivé avec 3 heures de retard. Vladimir Poutine ne s’est alors pas privé de menacer une nouvelle fois l’Europe : “Nous n’avons pas l’intention de faire la guerre à l’Europe, mais si elle le souhaite et commence, nous sommes prêts dès maintenant”. La version amendée par les Européens du plan de paix, rappelons-le, a été jugée “inacceptable” par le Kremlin, cette version prend davantage en considération les intérêts ukrainiens que ne l’était le projet initial.
En marge de ces discussions la guerre continue de faire rage, notamment à Pokrovsk, dans l’Est ukrainien, dont la prise fait d’ailleurs l’objet d’une bataille de communication
Oui, ce lundi Moscou a revendiqué la prise de Pokrovsk, une ville très stratégique pour les forces ukrainiennes, qui parviennent difficilement à la tenir depuis des mois. Une vidéo, relayée par l’armée russe, montre ainsi deux soldats de Moscou hisser leur drapeau sur la place centrale de la ville qui comptait quelque 60 000 habitants avant la guerre. Hier, l’armée ukrainienne a démenti la prise de la ville, affirmant que les affrontements sont toujours en cours et que Kyiv contrôle la partie Nord de la ville.
Au-delà de Pokrovsk : le grignotage, quoique lent, du territoire ukrainien par les forces armées de Moscou se poursuit. En novembre, elles ont revendiqué la prise de contrôle de 700 km² de territoire ukrainien - la seconde progression la plus importante depuis novembre 2024. Les chiffres des analystes ukrainiens, eux, gravitent davantage autour des 500 km². 5 660 missiles et drones ont été tirés par la Russie en novembre, marquant, là aussi, une intensification du conflit, de 2% par rapport à octobre.
On continue ce journal à Bruxelles, où l’ancienne cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a été placée en garde à vue hier dans le cadre d’une enquête pour fraude. La police belge a mené une série de perquisitions, y compris dans les locaux du Service européen pour l’Action extérieure, le SEAE, et au Collège d’Europe, à Bruges.
Oui, les forces de l’ordre ont saisi de nombreux documents et arrêté trois personnes, pour les interroger sur des soupçons de fraude dans les marchés publics, des affaires de corruption et de favoritisme. L’enquête pénale, récemment ouverte, suspecte le service d’Action extérieure et la prestigieuse école spécialisée en formation de fonctionnaires européens d’avoir détourné des fonds publics de l'UE entre 2021 et 2022.
Parmi les suspects interpellés, Federica Mogherini, à la tête du Collège d’Europe, ex-cheffe de la diplomatie européenne et ancienne ministre italienne des Affaires étrangères. Mais également Stefano Sannino, haut fonctionnaire de l’Union européenne et ancien secrétaire général du SEAE. La troisième personne serait, selon le média Le Soir, un autre cadre du Collège d’Europe. Les immunités diplomatiques des suspects ont été levées depuis le début de l’enquête.
Concrètement, de quoi sont-ils accusés ?
L’affaire débute en 2021, l’Union européenne a lancé un appel d'offres pour financer une formation de neuf mois destinée aux jeunes diplomates, sous le nom de l’Académie diplomatique de l’Union européenne. Le SEAE aurait alors partagé des informations confidentielles avec le Collège d’Europe pour qu’il emporte cet appel d’offres, ce qu’il a fait.
Selon le Parquet européen, cette diffusion d’informations constitue “une fraude à la passation de marchés, de la corruption, un conflit d’intérêts et une violation du secret professionnel”. L’enquête n’en est pour l’instant qu’au stade de “forts soupçons” précise le Parquet.
On termine ce journal à Bruxelles également, puisque la région dépasse aujourd’hui le record historique de 541 jours sans gouvernement. Plus de 18 mois, une durée qui n’avait connu de précédent qu’en 2010-2011,lorsque la formation du gouvernement fédéral s’était éternisée.
Oui, lundi déjà, devant le Parlement régional de Bruxelles-Capitale, une manifestation donnait le ton : les habitants décriaient la crise budgétaire, la paralysie politique et la longue, très longue, vacance du gouvernement. Car ces dernières semaines, rappelez-vous, la situation n’a cessé d’empirer : la banque publique Belfius a annoncé qu’elle ne renouvelerait pas la ligne de crédit de la région, l’agence de notation S&P a dégradé sa note de A+ à A, et les prévisions concernant la dette brute ont grimpé à 22,2 milliards d’euros en 2029.
Le gouvernement d’affaires courantes, qui gère la situation en attendant la mise en place d’une nouvelle équipe, pourrait être amené à recourir à des emprunts hypothécaires coûteux pour combler les besoins de financement à court terme.
Une situation qui n’est pas amenée à s’arranger, puisque les partis politiques n’arrivent pas à s’accorder sur la mise en place d’une coalition, ni même sur un mode de négociation. Une situation que certains jugent sans issue alors qu’il est impossible de dissoudre le Parlement régional pour organiser un nouveau scrutin. Au sein de l’hémicycle, la féroce opposition entre deux partis francophones entretient cette instabilité : les libéraux et les socialistes, qui occupent respectivement 20 et 16 sièges sur les 89 que compte le Parlement régional.
Un journal de Baptiste Maisonnave, Ulrich Huygevelde et Paul Thorineau.