Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - 12 novembre 2025

La guerre fait rage à Pokrovsk, ville autrefois peuplée de 60 000 habitants, et où la défense ukrainienne doit retenir plus de 150 000 soldats russes (Donetsk Regional Military Civil Administration - 8 janvier 2025) Aujourd'hui en Europe - 12 novembre 2025
La guerre fait rage à Pokrovsk, ville autrefois peuplée de 60 000 habitants, et où la défense ukrainienne doit retenir plus de 150 000 soldats russes (Donetsk Regional Military Civil Administration - 8 janvier 2025)

Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'Euradio à Bruxelles. Avec Thomas Kox, Baptiste Maisonnave, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.

Au programme : 

Direction l’est de l’Ukraine, à Pokrovsk, ville dévastée par des semaines de combats. La cité, en ruines, subit de nouveaux assauts russes face à une défense ukrainienne éprouvée.

Oui, Pokrovsk, l’une des dernières grandes villes encore tenues par Kyiv dans la région de Donetsk, est désormais prise en tenaille par les forces russes.Autrefois peuplée de 60 000 habitants, la ville occupe une position stratégique, avec ses nœuds ferroviaires et son accès direct vers l’intérieur du pays — une avancée qui pourrait servir de tremplin aux troupes de Moscou.

Malgré la pression, le porte-parole de l’état-major ukrainien, Andriy Kovalev, assure que les lignes tiennent, grâce à un système de rotations et d’évacuations des blessés. Mais la réalité sur le terrain reste préoccupante : la Russie y mobiliserait plus de 150 000 soldats, soit un rapport de un contre huit, selon Volodymyr Zelensky à la fin du mois d’octobr

Pokrovsk — surnommée “la porte de Donetsk” — représenterait, si elle tombait, une avancée majeure pour l’armée russe dans l’est de l’Ukraine et un risque pour Kyiv.

Oui, Pokrovsk fait l’objet des offensives russes depuis plus d’un an. Après Bakhmout, en 2023, et Avdiivka, en 2024, elle pourrait à son tour tomber face à l’offensive russe. Une telle défaite pourrait rendre plus vulnérable Dnipro, l’une des plus grandes villes d’Ukraine peuplée de plus d’un million d’habitants. Elle rapprocherait aussi la guerre du centre de l’Ukraine.

Cette situation critique relance aussi la polémique sur la stratégie du commandant en chef Oleksandr Syrsky, accusé — déjà à Bakhmout et Avdiïvka — d’exposer inutilement ses troupes au lieu de replier ses hommes sur des positions plus défendables.

Et ce n’est pas la seule tempête qui secoue le pays : le Bureau national de lutte contre la corruption a révélé lundi un vaste système de détournement et de blanchiment d’argent. Cinq personnes ont déjà été interpellées, selon l’annonce faite hier par les enquêteurs.

Oui, et la veille encore, des dizaines de perquisitions ont été menées dans le cadre de cette affaire, qui touche le secteur énergétique ukrainien.Parmi les suspects, deux personnalités proches du pouvoir : le ministre de la Justice, suspendu de ses fonctions ce matin, et le copropriétaire d’Energoatom, l’entreprise publique du nucléaire.

Selon le Bureau anticorruption, un vaste système de pots-de-vin et de blanchiment aurait été mis en place, “afin de contrôler les entreprises publiques essentielles”.Les enquêteurs évoquent plus de 100 millions de dollars détournés.

Un dossier d’autant plus sensible que le secteur de l’énergie reste vital pour l’Ukraine — et qu’il est régulièrement visé par les frappes russes, destinées à plonger le pays dans le froid et le noir à l’approche de l’hiver.

Mais c’est aussi un coup dur pour l’image de Volodymyr Zelensky. Les accusations de corruption font partie depuis longtemps de la propagande du Kremlin, et cette fois, plusieurs de ses proches se retrouvent directement impliqués dans l’affaire.

Oui, en plus des deux suspects déjà cités, Timur Mindinch a été identifié comme l’un des acteurs centraux de l’affaire. Ancien partenaire commercial du président et copropriétaire d’une société de production dans laquelle Volodymyr Zelensky détenait des parts, sa voix apparaît dans plusieurs enregistrements, aux côtés du ministre de la Justice, rendus publics par le Bureau national anticorruption.

Le chef de l’État ukrainien a réagi lundi soir, évoquant la nécessité de prendre des mesures rapides et des sanctions exemplaires. Fin juillet déjà, il avait proposé de placer les organes de surveillance anticorruption à l’origine de ces enquêtes sous le contrôle du procureur général. Une initiative finalement abandonnée, après plusieurs manifestations dans le pays pour dénoncer cette mainmise jugée politique.

On poursuit ce journal en évoquant la question des salaires en Europe. L’Union européenne, qui avait adopté en 2022 une directive obligeant les États membres à fixer un salaire minimum, faisait depuis face à l’opposition du Danemark.

La Cour de justice de l’Union européenne a tranché hier : le Danemark a eu tort, la directive est bel et bien légale.

Oui, le Danemark tentait depuis plusieurs années de bloquer cette directive, estimant que Bruxelles empiétait sur les compétences nationales en matière de salaires. Pour Copenhague, chaque pays doit rester libre de déterminer la façon dont les rémunérations sont fixées.

Les socialistes du Parlement européen saluent, eux, la décision de la Cour de justice. Ils y voient “un puissant signal d’espoir et de justice sociale”, dans un contexte de crise du coût de la vie et du logement.Mais ils rappellent aussi que, pour l’heure, seuls huit États membres ont réellement mis en œuvre la directive.

Et alors, où en sont les salaires minimum en Europe ?

La directive européenne vise à garantir à tous les travailleurs un salaire permettant un niveau de vie décent, à réduire la pauvreté au travail et à combler l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes.

Mais son application varie fortement d’un pays à l’autre, notamment en fonction du PIB.

Résultat : en janvier 2025, le salaire minimum brut allait de 551 euros en Bulgarie à 2 638 euros au Luxembourg.

Et on termine ce journal en Turquie, où la principale figure de l’opposition au président Recep Tayyip Erdogan, le maire d’Istanbul Ekrem Imamoglu, fait désormais l’objet de poursuites officielles pour 142 chefs d’accusation.

Il risque, au total, jusqu’à 2 430 ans de prison.

Oui, Ekrem Imamoglu avait déjà été arrêté en mars pour des faits présumés de corruption. Il fait cette fois l’objet d’un acte d’accusation de près de 3 700 pages, qui évoque des soupçons de fraude, de blanchiment d’argent et de trucage d’appels d’offres. Au total, 402 personnes sont poursuivies dans cette affaire, dont plusieurs proches collaborateurs du maire d’Istanbul, arrêtés en même temps que lui. Il rejette catégoriquement toutes les accusations.

Son arrestation avait déjà provoqué des manifestations inédites à travers le pays, pendant plusieurs jours, avant d’être étouffées par près de 2 000 interpellations. Pour le chef du Parti républicain du peuple, Ozgur Ozel, ces nouvelles poursuites représentent “un cas flagrant d’ingérence judiciaire dans la politique turque”.

Un journal de Baptiste Maisonnave, Ulrich Huygevelde et Paul Thorineau.