Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - 4 décembre 2025

L’UE demande la mise à l’arrêt des importations de gaz russe d’ici la fin 2027 (rawpixel.com / Carol M Highsmith) Aujourd'hui en Europe - 4 décembre 2025
L’UE demande la mise à l’arrêt des importations de gaz russe d’ici la fin 2027 (rawpixel.com / Carol M Highsmith)

Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'Euradio à Bruxelles. Avec Thomas Kox, Baptiste Maisonnave, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.

Au programme : 

On ouvre ce journal à Bruxelles en s’intéressant à un accord historique signé mercredi : l’Union européenne a décidé d’interdire toute importation de gaz russe d’ici l’automne 2027. La clôture d’une dépendance énergétique vieille de 57 ans entre l’Europe occidentale et Moscou.

Oui, une mise à l’arrêt complète du gazoduc, sur un rythme progressif, jusqu’au 30 septembre 2027 ; moins d’un an, donc, pour sortir définitivement d’une dépendance qui soutient toujours l’économie du Kremlin. Les représentants des gouvernements de l’UE et du Parlement, après des négociations menées par Ville Niinistö, eurodéputé du groupe des Verts, ont également décidé d’arrêter l’importation de gaz naturel liquéfié, dès le début de l’année 2026.

Alors que se passera-t-il pour les Etats membres et les entreprises qui continueront d’importer du gaz russe ? Le texte prévoit des amendes allant jusqu’à 300% de la valeur de la transaction ou 3,5% du chiffre d'affaires annuel pour les personnes morales et physiques. Quant aux 27, ils sont tenus de soumettre des plans nationaux qui indiquent comment ils comptent diversifier leurs approvisionnement énergétiques. 

L’objectif est clair : réduire la dépendance européenne, mais surtout limiter les sources de financement de la guerre que la Russie mène en Ukraine. 

Oui, car même si Bruxelles a largement réduit ses importations depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, l’Europe a encore financé pour près de 10 milliards d’euros d’importations d’hydrocarbures à la Russie l’année dernière. Le résultat d’une dépendance historique, qui remonte à 1968 et à la mise en service du premier gazoduc, et qui aura fourni jusqu’à 40% de la demande en gaz de l’UE.

“Nous ne reviendrons jamais au chantage énergétique et à l’exposition économique” a déclaré hier Dan Jorgensen, le commissaire européen chargé de l’énergie.

Mais cette décision compte deux exceptions : la Hongrie et la Slovaquie qui peuvent continuer à importer du pétrole russe.

Oui, là aussi, l’histoire est à prendre en compte : les deux pays ont développé une dépendance massive aux hydrocarbures moscovites et contestent toute mesure visant à les empêcher de continuer à s’approvisionner en Russie

Même si Budapest et Bratislava bénéficient d’une dérogation, le compromis acté par les Européens prévoit que la Commission présente, dans les mois qui viennent, une proposition pour mettre fin aux importations de pétrole russe en Hongrie et en Slovaquie d’ici à la fin de 2027.

La Hongrie a immédiatement annoncé qu’elle allait engager une procédure judiciaire devant la Cour de Justice de l’UE si Bruxelles finalise la mise en œuvre de ce projet.

Les autres pays de l’UE n’ont pas à s’inquiéter d’une possible hausse des prix ? 

Non, Bruxelles a insisté sur ce point : d’autres fournisseurs vont progressivement remplacer la Russie et l’accord contient une clause de sécurité. Un Etat membre peut lever les restrictions liées à ce nouvel accord s’il dispose de moins de 90% de ses réserves de gaz. Une situation d’urgence qui n’a pour l’instant concerné aucun pays de l’UE, même pendant les périodes de crise énergétique. 

On continue ce journal à Pékin. La Chine accueille le Président français Emmanuel Macron depuis mercredi, pour sa quatrième visite d’Etat sur place. Il est accompagné de six ministres et de 35 patrons pour aborder, avec le dirigeant Xi Jinping, les dossiers du déficit commercial français et européen, et évoquer le soutien de la Chine à la Russie.

Oui, l’Elysée précisait en amont de ce voyage que l’objectif était, je cite, “que l’Europe soit respectée comme un grand partenaire de la Chine”. Car si l’UE est déjà le premier partenaire du pays, l'excédent commercial de Pékin a atteint les 265 milliards d’euros entre octobre 2024 et octobre 2025.

En d’autres termes, en 2024, l’UE représentait 10% des importations chinoises, là où la Chine exportait 14% de ses produits vers l’UE. Pour reprendre l’expression de l’Elysée : il faut que la Chine “consomme plus et exporte moins". 

Une ambition qui se heurte à la réalité des chiffres

Oui, ne serait-ce qu’entre mai 2024 et mai 2025, les exportations chinoises ont augmenté de 12% vers l’UE, avec des chiffres frappants pour certains Etats membres : +24% vers la France, +21,5% vers l’Allemagne. Cette croissance ne va pas sans contestation, rappelez-vous : à Paris, l’ouverture d’une boutique géante de l’entreprise chinoise Shein avait déclenché une fronde certaine. 

En Hongrie également, sous le gouvernement de Viktor Orban, le pays est devenu la principale destination des investissements chinois en Europe, dans le domaine des voitures électriques notamment, mais aussi financièrement, puisque Budapest avait tout de même emprunté un milliard d’euros à des banques chinoises en 2024.

La guerre en Ukraine sera également bien sûr un sujet central de la visite.

Oui, le Président Emmanuel Macron l’avait annoncé la semaine dernière, il compte profiter de son passage à Pékin pour convaincre Xi Jinping de peser dans les négociations de paix pour l’Ukraine. Un objectif de taille, puisque le soutien de Pékin a pour l’instant toujours pris la direction de Moscou et que le dirigeant chinois n’a jamais condamné les actions de son homologue russe. 

On termine ce journal à Berlin, par un constat alarmant dressé par la Fédération allemande de l’industrie : elle estime que le pays traverse, je cite, “la crise la plus grave de son histoire”.

Oui, depuis l’après-guerre, ajoute-t-elle, “l’économie allemande est en chute libre”. La Fédération de l’industrie tire la sonnette d’alarme et dévoile ses prévisions pour 2025 : la production allemande devrait, selon-elle, reculer de 2% cette année. Ce serait la quatrième année consécutive, pour le premier pays manufacturier d’Europe. Des chiffres d’autant plus contrastés que la production européenne, elle, devrait augmenter d’1%. 

Dans le secteur de la fabrication automobile, notamment, l’industrie allemande recense 4,15 millions de voitures construites en 2025. Un chiffre insuffisant pour freiner les suppressions d'emplois  : près de 49 000 personnes ont dû quitter la filière cette année.

Un journal de Baptiste Maisonnave, Ulrich Huygevelde et Paul Thorineau.