Programme du jour :
- Une loi de restauration de la nature
- Des manifestations en Espagne contre la loi d'amnistie des indépendantistes catalans
- Une éruption volcanique en Islande
Bonjour Joris, ouvrons ce journal en évoquant l’accord auquel sont parvenus les négociateurs du Parlement et du Conseil européen sur la loi de restauration de la nature.
Après une âpre lutte avec les députés de droite, menés par le PPE, le Parlement et le Conseil se sont mis d’accord sur un texte de loi crucial dans le programme écologique de l’Union européenne. Un texte qui est le premier au monde “portant sur la restauration de la nature” comme l’explique la députée du groupe Vert Jutta Paulus. Ce n’est pas un texte qui sert à protéger, mais à rétablir la biodiversité.
Et concrètement, que dit ce texte ?
L’élément principal c’est bien entendu la restauration des espaces terrestres et maritimes endommagés par l’homme en Europe. D’après le Conseil européen, 80% des habitats et 70% des sols européens seraient aujourd’hui en mauvais état. L’objectif est que 30% de ces zones soient restaurées d’ici à 2030, puis l’intégralité en 2050. Et bien sûr les États membres sont chargés de s’assurer que les terres ne soient pas détériorées à nouveau après leur restauration.
Dans un premier temps, les États membres devront se concentrer sur les sites catégorisés Natura 2000. Pour rappel, le réseau Natura 2000 est un ensemble de 27000 espaces naturels protégés s’étendant sur l’ensemble du territoire européen.
Et comment compte-t-on restaurer ces espaces ?
Cela peut passer par différents moyens selon le type d’écosystème à restaurer. Par exemple, la plantation de 3 milliards d’arbres supplémentaires d’ici à 2030 pour les forêts. Les zones urbaines sont également concernées, puisque la part des espaces verts dans les agglomérations ne pourra plus baisser jusqu’à 2030.
Les terres agricoles font aussi l’objet d’obligations, notamment celle de restaurer les sols organiques dans les tourbières qui ont été drainées. Ces zones humides sont souvent mal-aimées des agriculteurs pour leur sol gorgé d’eau qui rend difficile la pousse de céréales C’est d’ailleurs un des aspects les plus controversés de ce texte, ayant fait l’objet de vives contestations de la part du PPE.
Des agriculteurs avaient d’ailleurs manifesté cet été à Strasbourg pour contester un texte qui dans la profession, suscite de vives inquiétudes
Oui les agriculteurs déplorent notamment le flou autour des financements alloués aux travaux qu’ils devront réaliser pour respecter les objectifs.
La gronde agricole et les contestations de la droite ont poussé les législateurs à édulcorer le texte sur sa partie agricole. La principale concession qu’ont acceptée les négociateurs est celle de l’arrêt d’urgence, qui permettra de suspendre les objectifs des écosystèmes agricoles si la production d’une nourriture suffisante pour toute l’Europe se trouve menacée. Des concessions que déplorent des ONG comme la WWF, qui craignent que ces exceptions ne puissent donner lieu à des abus.
Partons en Espagne pour la suite de ce journal, où des manifestations ont rassemblé plusieurs milliers de personnes dans tout le pays pour dénoncer les concessions du parti socialiste aux indépendantistes catalans pour obtenir leur voix en vue de la formation du gouvernement
Oui, c’est le parti d’opposition de droite, le parti populaire qui a appelé à ces protestations dans les 52 capitales provinciales du pays. D’après les organisateurs, le nombre de protestataires a avoisiné le million dont 80 000 pour le seul rassemblement madrilène.
Les contestations se multiplient depuis plusieurs semaines dans le pays, pour dénoncer la loi d’amnistie pour les indépendantistes catalans que compte promulguer le premier ministre de transition Pedro Sanchez.
Une loi d’amnistie qui devrait permettre au premier ministre sortant de se maintenir à la tête du gouvernement pour 4 années supplémentaires.
Oui Pedro Sanchez avait besoin du soutien du principal parti indépendantiste, Junts per Catalunya, pour se maintenir au poste de Premier ministre. Un soutien conditionné à l’amnistie pour tous les indépendantistes interpellés notamment lors des manifestations de 2017. Et notamment celle de Carles Puigdemont, leader du parti Junts, actuellement en exil.
Les deux hommes, Pedro Sanchez et Carles Puigdemont, sont d’ailleurs parvenus à un accord en milieu de semaine dernière. Cet accord assure à Pedro Sanchez d’être reconduit par le parlement lors du vote de confiance qui aura lieu la semaine prochaine.
Cette loi d’amnistie est perçue par beaucoup comme un accord contre-nature fragilisant l’Etat espagnol
Tout à fait, dans un manifeste, le Parti Populaire affirme que “la démocratie est en danger”. De son côté, le parti d’extrême droite Vox, tout aussi véhément dans sa dénonciation du projet de loi, par l’intermédiaire de son leader Santiago Abascal, déplore “une période sombre dans l’histoire de l’Espagne”.
Le mouvement contestataire ne devrait pas désenfler dans les prochains jours, d’autant plus avec le vote du parlement sur la confiance au gouvernement prévu cette semaine qui devrait ouvrir la porte à de nouvelles manifestations d’envergure.
Concluons ce tour de l’actualité en Islande, où une ville a dû être évacuée par crainte d’une éruption volcanique.
Oui, dimanche plus de 880 tremblements de terre ont été enregistrés par les autorités islandaises. La péninsule de Reykjanes, au sud-ouest du pays, devrait être le théâtre d’une éruption volcanique de grande ampleur dans les prochains jours, voire les prochaines heures. L’Islande toute entière est désormais en état d’urgence.
La ville de Grindavik, directement menacée par les coulées, a vu ses plus de 3000 habitants évacués. Un gouffre d’un mètre de profondeur s’est formé dans la ville, ce qui indique que le magma est tout proche de sortir du sol, mais aussi qu’il pourrait bien toucher les habitations.
Une éruption qui survient 13 ans après celle de l’Eyjafjoll qui avait fortement perturbé le trafic aérien à l’époque.
Oui l’éruption avait été d’une ampleur telle que les conséquences s’étaient aussi fait ressentir en dehors de l’île. Le pays est régulièrement touché par des éruptions volcaniques plus ou moins violentes. La région de Reykjanes en a par exemple connu 3 entre 2021 et 2023. Celle de Grindavik devrait en revanche être bien plus importante, et les fractures répétées de la croûte terrestre ces dernières années font craindre aux vulcanologues une activité volcanique accrue pour les prochaines décennies, voire les prochains siècles.
Un journal de Paul Thorineau et Joris Schamberger.