Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - 22 mai

© Wikimedia Commons (Le Président du Conseil européen, Antonio Costa et le président intérimaire syrien Ahmed Al-Shaara et son ministre des Affaires étrangères Assad Al Chabaini  lors d’une rencontre officielle le 3 mars 2025.) Aujourd'hui en Europe - 22 mai
© Wikimedia Commons (Le Président du Conseil européen, Antonio Costa et le président intérimaire syrien Ahmed Al-Shaara et son ministre des Affaires étrangères Assad Al Chabaini lors d’une rencontre officielle le 3 mars 2025.)

Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'euradio à Bruxelles. Avec Gaspard Timmermans, Robin Job Thomas Kox, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.

Bonjour Assia, nous commençons ce journal  en revenant sur une grande nouvelle pour la Syrie de Ahmed al-Charaa. L’Union européenne lève ses sanctions économiques contre Damas.

C’est un tournant. Une semaine après les Etats-Unis, l’Union européenne a, elle aussi, annoncé ce mardi 20 mai la levée d’une partie des sanctions économiques contre la Syrie, dans l’objectif de relancer la reconstruction du pays ravagé par 14 années de guerre civile.

Oui Assia, rappelons que depuis 2011, l’UE imposait une batterie de mesures à l’encontre du régime syrien.

Effectivement, gel des avoirs, embargo sur le pétrole, restrictions sur les investissements, interdiction d’exporter certains équipements… Ces sanctions visaient à la fois les individus proches du régime de Bachar el-Assad, mais aussi des pans entiers de l’économie syrienne.

La levée partielle annoncée ce mardi concerne notamment la Banque centrale syrienne et le système bancaire sur le terrain.

Oui, concrètement, cette levée partielle ouvre la voie au dégel de près de 2 milliards de dollars d’avoirs syrien jusque-là bloqués dans les banques européennes. Une bouffée d’oxygène pour l’économie du pays alors que plus de 90% de la population syrienne vit sous le seuil de pauvreté et que le pays peine à se relever de 14 années de guerre dont il tente de sortir. 

Désormais, les États membres seront également autorisés à transférer des fonds vers certaines institutions syriennes, y compris les ministères de l’Intérieur et de la Défense. 

Mais si l’Union européenne lève une grande partie de ses sanctions économiques, elle prévient que les mesures prises contre l’ancien dictateur et les responsables de violations des droits humains restent en vigueur, de même que l’interdiction de vente d’armes ou de matériel de surveillance. Tout retour à la violence, notamment contre les minorités religieuses, entraînerait une réévaluation immédiate des mesures. 

À Damas, les autorités de transition saluent un “signal fort” de la communauté internationale.  

“Le peuple syrien a aujourd’hui une opportunité historique de reconstruire son pays” a déclaré le ministre syrien des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, lors d’une conférence de presse.

Si l’élan donné par les Etats Unis et l’UE se confirme, le chantier de la reconstruction syrienne pourra enfin s’amorcer. Seulement, selon les estimations des Nations unies, il faudra plus de 400 milliards de dollars pour reconstruire le pays. Un défi colossal, mais désormais, pour la première fois depuis 14 ans, un cap semble se dessiner.   ​

On continue ce journal Assia en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967, où l’armée israélienne a ouvert le feu sur une délégation d’une vingtaine de diplomates. Ces derniers étaient en visite d’un camp de réfugiés à Jénine, une visite organisée par l’Autorité palestinienne.

Oui et le gouvernement israélien a reconnu ces tirs de sommation affirmant que la délégation diplomatique a je cite « dévié de l’itinéraire approuvé et est entrée dans une zone interdite ». L’armée de l’Etat hébreu, a dit, je cite, regretter “ les désagréments occasionnés ».

Le ministère des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne a publié une vidéo montrant deux individus en uniforme militaire israélien braquant leurs armes sur la délégation diplomatique. Cette visite officielle était pourtant en coordination avec l’armée israélienne et le convoi d’une vingtaine de véhicules clairement identifiables.

Une scène choquante vécue par les diplomates, dont beaucoup font partis d’États membres de l’Union européenne.

Oui en effet des membres de la chancellerie italienne, belge, espagnole ou encore française faisaient partis de la délégation ciblée. Après l’incident, les condamnations ont fusé de part et d’autre de la communauté internationale. La cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a « appelé Israël à enquêter sur cet incident”. Elle a par ailleurs rappelé qu'Israël, étant membre de la convention de Vienne, se trouve dans l’obligation de garantir la sécurité de tous les diplomates étrangers”.

De leur côté, Paris, Rome et Lisbonne ont également annoncé la convocation de l’ambassadeur d’Israël. Madrid a fait de même avec le chargé d’affaires de l’ambassade d’Israël. Pour rappel, la convocation d’un ambassadeur constitue le premier degré de sanction diplomatique, le but étant de protester officiellement auprès du pays représenté.

On conclut ce journal en abordant la mise à mal de la directive européenne sur le droit de vigilance, ciblée par Paris et Berlin. Alors que se tenait ce lundi 19 mai le sommet Choose France, le président français Emmanuel Macron a annoncé qu’il souhaitait la suppression pure et simple de la directive européenne sur le devoir de vigilance s’inscrivant ainsi dans le sillage du chancelier allemand Friedrich Merz.

Oui, le chancelier allemand avait initié cet appel envers l’UE  le 9 mai dernier au nom de je cite “la lutte contre la bureaucratie”. Un appel suivi par le Président français lors de ce sommet accueillant les dirigeants des grandes entreprises étrangères,  pour les convaincre d’investir en France, où il a déclaré que cette directive faisait subir, je cite, « de nombreuses contraintes et régulations dans de nombreux secteurs, tout en ouvrant ses marchés à des entreprises pratiquant des standards moins élevés ».

Pour rappel , la directive sur le devoir de vigilance dit CS3D , ciblée par Paris et Berlin, a été adoptée le 24 avril 2024. Elle vise à imposer aux entreprises et à leurs partenaires de prendre des mesures pour prévenir en amont ou en aval, de réduire ou faire cesser leurs impacts négatifs sur les droits humains et l’environnement, tout au long de leur chaîne d’activité, de l’approvisionnement à la distribution.

Et les eurodéputés ont déjà voté le 3 avril dernier un délai d’application de cette directive initialement prévue pour être effective dès 2027 mais reportée à 2028.

Oui, la proposition de reporter la directive CS3D  avait été portée par la Commission européenne, qui depuis le mandat de sa présidente Ursula Von Der Leyen, entend “simplifier” les règles de l’Union. Et si l'Allemagne et France semblent  alliés pour soutenir la suppression de cette directive, c’est aux dépens du Pacte vert pour l’Europe, cet ensemble d’initiatives lancé par la Commission pour rendre l’Europe neutre en 2050. Une demande de suppression déjà vivement contestée par les ONG. 

Un journal d’Isaline Feller et Assia Patel