Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - 11 décembre 2025

Malgré la pression imposée par les Etats-Unis, Volodymyr Zelensky bénéficie du soutien de la “coalition des volontaires” (Simon Dawson / No 10 Downing Street) Aujourd'hui en Europe - 11 décembre 2025
Malgré la pression imposée par les Etats-Unis, Volodymyr Zelensky bénéficie du soutien de la “coalition des volontaires” (Simon Dawson / No 10 Downing Street)

Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'Euradio à Bruxelles. Avec Thomas Kox, Baptiste Maisonnave, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.

Au programme : 

  • Ukraine : plan de paix ukrainien présenté à Washington ; nouvelle réunion à Londres de la coalition des volontaires, entretenus avec Trump ; aide ralentie et demande d’élections par Trump
  • Immigration : le Conseil s’accord sur une remise en question de la Convention des droits de l’homme
  • Climat : l’UE s’éloigne encore de ses objectifs environnementaux pour 2030

On commence ce journal à Washington, où a été remise hier une version mise à jour du plan de paix par l’Ukraine. Quelques heures avant une nouvelle réunion entre Volodymyr Zelensky et la “Coalition des volontaires” aujourd’hui.

Oui, un plan divisé en trois parties : un accord de vingt points pour mettre fin aux combats, une partie sur les garanties de sécurité, et une autre sur la reconstruction de l’Ukraine après la guerre. Peu de détails ont pour l’instant été dévoilés concernant cette nouvelle version, mais en ce qui concerne ce dernier point, on sait que Volodymyr Zelensky s’est entretenu mercredi avec Jared Kushner, émissaire et gendre de Donald Trump, Scott Bessent, secrétaire américain au Trésor et Larry Fink, PDG de la compagnie BlackRock pour discuter de la reconstruction de l’Ukraine.

Le même jour, Donald Trump échangeait par téléphone avec ses homologues français, allemand et britanniques. 

Oui, Emmanuel Macron, Friedrich Merz et Keir Starmer lui ont d’ailleurs demandé d’organiser une réunion ce weekend, en présence de représentants ukrainiens. Les Etats-Unis ont, ces dernières semaines, considérablement accéléré le rythme des négociations non sans sembler favoriser largement les intérêts de Moscou : “Nous prendrons une décision en fonction de ce qu’ils nous soumettront” a sobrement annoncé Donald Trump hier avant la réception du plan ukrainien. 

Signe de cette frénésie diplomatique, la “coalition des volontaires” qui rassemble une trentaine de pays alliés de l’Ukraine, se réunit également pour faire avancer les discussions ; “un moment critique” explique Friedrich Merz, sur fond d’intensification du conflit. Cette nuit, la Russie a indiqué avoir abattu 287 drones ukrainiens, l’une des plus grosses attaques de Kyiv en presque quatre ans de guerre.

Parallèlement, Kyiv, sous pression américaine, dit envisager l’organisation de potentielles élections.

Oui, Volodymyr Zelensky a déclaré que son pays pourrait se rendre aux urnes dans les trois mois si ses partenaires peuvent garantir que le scrutin se déroule en toute sécurité. Une déclaration qui intervient alors que Donald Trump estimait mardi dans une interview donnée au média Politico que Kyiv, je cite, “utilisait la guerre pour ne pas organiser d’élections”. Une remise en question claire de la démocratie en Ukraine, semblable en tout points au narratif de Moscou.

Pour rappel, en 2019, Volodymyr Zelensky avait remporté l’élection avec une écrasante majorité de 73% des voix au second tour. Il avait alors, selon les sondages de l’Institut international de sociologie de Kyiv, la confiance de 80% des Ukrainiens. Un chiffre qui gravite autour des 60% aujourd’hui, selon le dernier sondage réalisé au début de l’automne.

On continue ce journal à Copenhague, où est basée l’Agence européenne pour l’environnement, l’AEE. Elle lançait l’alerte sur le manque de progrès réalisés par l’UE en matière de politique climatique. Un constat particulièrement négatif, dressé quelques heures avant que la Commission annonce “simplifier” ses réglementations environnementales.

Oui, le rapport de l’AEE, publié hier, confirme que l’UE est en passe de manquer la quasi-totalité de ses objectifs, fixés par le programme d’action environnementale pour 2030. Ce programme comprend, entre autres, l’inversion de la perte de biodiversité, le renforcement de l’action climatique, la poursuite de l’objectif “zéro pollution” et la création d’une économie circulaire durable. 

Sur les 28 critères qui permettent à l’AEE de jauger l’avancée de l’Union sur ces objectifs, l’organisme basé à Copenhague n’a constaté, tenez-vous bien, aucune amélioration. Pire, trois de ces indicateurs se sont en fait détériorés depuis la même enquête l’année dernière. Par exemple, l’objectif d’augmenter les dépenses publiques et privées dans la lutte contre la pollution a été rétrogradée depuis 2024 de “en bonne voie” à “probablement hors des clous”.

Si le rapport ne mentionne aucune amélioration, il souligne tout de même que plusieurs indicateurs sont dans le vert. 

Oui, côté positif, la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la diminution des décès prématurés liés à la pollution atmosphérique ou l’augmentation des emplois verts sont trois exemples parmi les six indicateurs pour lesquels l’Agence considère que l’Europe est en bonne voie. Aucun de ces éléments ne marque d’amélioration par rapport à l’année dernière, mais ils constituent les rares points sur lesquels le bilan est positif.

Autre note optimiste du rapport : l’Agence souligne que plusieurs nouvelles lois écologiques ont été adoptées récemment, et que leurs effets, probablement bénéfiques, ne pouvaient pas encore être ressentis.

D’un autre côté, la loi de simplification votée mardi devrait, elle, affaiblir davantage la politique climatique de l’UE.

Oui, ce nouvel omnibus de la Commission, proposé en février dernier, vise à assouplir certaines obligations imposées aux entreprises pour améliorer leur compétitivité par rapport, notamment, à leurs concurrents étrangers. Or, parmi ces obligations, nombreuses sont celles qui concernent l’impact environnemental des entreprises. Elles n’auront désormais plus le devoir d’adopter un plan de transition climatique, ni de collecter et publier des données sur leurs émissions de gaz à effet de serre. Un pas en arrière donc, par rapport aux ambitieuses règles du Pacte Vert.

On termine ce journal à Strasbourg, au Conseil de l’Europe. Une conférence tenue hier sur l’immigration a mené à l’expression d’un souhait rare : modifier la Convention européenne des droits de l’homme, la CEDH.

Oui, une majorité de pays ont dit vouloir adapter la CEDH aux enjeux des renvois de migrants - une liste de signataires qui comprend l’Autriche, la Belgique, l’Italie, l’Irlande et les Pays-Bas, mais aussi une grande partie des pays de l’Europe de l’Est et l’ensemble des pays nordiques. 27 États, majoritaires donc, qui demandent à durcir le droit à l’encontre des demandeurs d’asiles et des migrants reconnus coupables de crimes graves.

Concrètement, certains Etats craignent et connaissent des cas où des migrants ont fait appel à la CEDH pour rester dans un pays malgré un ordre d’expulsion. Le texte garantit, entre autres, un droit à “la vie privée et familiale”, qui rend plus difficile l’expulsion d’un criminel si sa famille vit dans le pays d’accueil. Des craintes rapidement nuancées par le président de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, Theodoros Roussopoulos, qui rappelle que seuls 0,7% des migrants faisant appel à la CEDH parvenaient à rester dans un pays en vertu de la Convention”.

Ce nouveau projet de modifier la Convention européenne des droits de l’homme s’inscrit dans un contexte de durcissement des lois liées à l’accueil de demandeurs d’asile dans l’UE. 

Oui, à commencer par l’adoption, lundi, d’une série de textes par les ministres de l’Intérieur des 27 permettant l’ouverture de centre de retours - ces dispositifs jusqu’alors très contestés qui permettent de renvoyer les migrants en dehors des frontières de l’Europe. Hier, le commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Michael O’Flaherty, en faisant référence à ces nouveaux textes et à l’ambition de modification de la CEDH, dénonçait, je cite, “des tentatives inacceptables d’atteinte au principe de non-refoulement” qui interdit, je le rappelle, d’expulser une personne vers un pays où elle serait en danger. 

Un journal de Baptiste Maisonnave, Ulrich Huygevelde et Paul Thorineau.