Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'Euradio à Bruxelles. Avec Thomas Kox, Baptiste Maisonnave, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme :
- Prêt de réparation à l’Ukraine : réunion lundi, puis jeudi, “de plus en plus difficile” ; Italie Bulgarie Malte et Tchéquie contre le prêt La Banque Centrale Russe attaque en justice Euroclear ; résultats de la réunion de lundi
- Bruxelles : une réunion ministérielle afin de réduire l'écart de coût de l'électricité entre les États membres de l'UE
- Serbie : ministre de la culture arrêté pour affaire de fraude dans un projet hôtelier de Jared Kushner
On commence ce journal à Berlin où étaient réunis hier les dirigeants européens, ukrainien et les émissaires américains pour tenter d’avancer dans les négociations sur les garanties de sécurité pour l’Ukraine.
Oui, et “les garanties juridiques et matérielles mises sur la table par les Etats-Unis [...] sont vraiment remarquables” a commenté le chancelier allemand Friedrich Merz. Il s’est félicité de ces huits heures de discussions sur deux jours - “Nous sommes plus proches aujourd’hui que nous ne l'avons jamais été” a poursuivi le président américain, intervenu hier en visio. Lui qui, rappelons-le, qualifiait encore ses homologues européens de “faibles” la semaine dernière.
Si Américains et Européens se félicitent des avancées des négociations et s’affichent unis sur les photos ; le bilan semble plus incertain pour le président ukrainien, pour qui, je cite, “cela ne semble pas si mauvais, mais ce n’est qu’un premier pas”. Volodymyr Zelensky, d’après des éléments qui ont filtré des négociations, devrait notamment renoncer à son projet d'adhésion à l’Otan, pourtant inscrit dans la constitution ukrainienne. L’alternative actuellement en discussion à Berlin, qui calquerait le modèle de l’article 5 de l’alliance atlantique, ne semble pas totalement convaincre Kyiv. Le pays reste hanté par le souvenir du mémorandum de Budapest de 1994, qui garantissait théoriquement sa souveraineté et son intégrité. Un texte pourtant violé sans vergogne, par la Russie, l’un des signataires de ce texte.
Les dirigeants européens ont également confirmé leur intention d’envoyer une force multinationale en Ukraine.
Oui, un projet de longue date de la coalition des volontaires, initié par la France et le Royaume-Uni, et qui viendrait directement soutenir les forces armées ukrainiennes. Concernant le sujet d’éventuelles concessions territoriales en revanche, impossible de trouver un consensus pour l’instant - “Pour le dire franchement, nous avons des positions différentes” avec les Etats-Unis dans ce domaine, a expliqué Volodymyr Zelensky. Une nouvelle réunion de concertation devrait avoir lieu le week-end prochain, à Miami, avant que les émissaires de Donald Trump tentent, à nouveau, de convaincre le président russe d'accepter un éventuel accord.
Un autre sujet de dissensions, Baptiste, c’est celui du “prêt de réparation à l’Ukraine”. La proposition de l’UE de se servir des milliards d’euros d’actifs gelés de la Banque centrale russe fait l’objet de “différentes pressions de part et d’autre” selon Kaja Kallas, cheffe de la diplomatie européenne.
Oui, si la Belgique demeure résolument opposée au projet, inquiète de potentielles représailles de la Russie et des conséquences sur la crédibilité financière de l’Union européenne, Bruxelles a notamment vues ses craintes partagées par l’Italie, la Bulgarie, Malte et la République tchèque. Jeudi, les dirigeants des 27 décideront de la manière de répondre aux besoins financiers et militaires de l’Ukraine, et ce pour les deux prochaines années - les Etats membres opposés à l’idée d’un “prêt de réparation”, appellent à trouver des “solutions alternatives” avec, je cite, “des paramètres prévisibles et des risques nettement moindres”.
Leur craintes se sont renforcées la semaine dernière, lorsque la Banque centrale russe a intenté une action en justice contre Euroclear, l’institution bruxelloise qui détient ses 185 milliards d’euros gelés. La Commission européenne a immédiatement réagi, autant pour se protéger que pour rassurer les Etats membres inquiets : elle a qualifié l’action en justice de “spéculative”, et sans fondements.
On continue ce journal à Bruxelles, où se tenait lundi un conseil ministériel centré sur les question d’Energie. Les ministres des en charge du dossier avaient un objectif clair : réduire l’écart de prix de l’énergie entre les Etats membres.
Oui, il existe en Europe, d’un pays à un autre, de sévères disparités en ce qui concerne les factures d’électricité. Des taxes plus élevées sur l’énergie, des frais supplémentaires facturés par les producteurs… autant de détails qui peuvent faire que certains Etats membres paient leur énergie jusqu’à 7 fois plus cher que d’autres.
En plus de différences entre les pays , tous subissent, depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, une hausse généralisée des prix, liée en grande partie aux objectifs de réduire la dépendance de l’UE aux hydrocarbures russes. Des augmentations qui peuvent grimper jusqu’à +100%, comme c’est le cas en Belgique.
Et que comptent faire les ministres pour pallier le problème ?
Et bien la tâche est ardue car, en ce qui concerne les taxes sur l’énergie, les politiques sont décidées à l’échelle nationale. Mais depuis quelques semaines, l’exécutif européen planche sur une interconnexion des réseaux : concrètement, une meilleure distribution entre les Etats membres, un octroi simplifié de permis pour les projets d’énergie renouvelable et une augmentation de la part d’énergie propre dans le réseau européen.
On termine ce journal en Serbie, où le Parquet a inculpé lundi le ministre de la Culture, Nikola Selakovic, pour “présomption d’illégalité”. Il aurait approuvé un projet très contesté d'hôtel lié… au gendre de Donald Trump, Jared Kushner.
Oui, très contesté car il impliquait la destruction du siège de l’ancien état-major de l’armée yougoslave, un lieu historique pourtant, qui bénéficiait du statut de “bâtiment protégé”. Selon le parquet serbe chargé de la lutte contre le crime organisé, le ministre de la Culture et trois autres personnes auraient abusé de leur pouvoir et falsifié un document pour supprimer le statut de “patrimoine culturel” du site. L’une des trois autres personnes inculpées n’est autre que le directeur de l’Institut pour la protection des monuments culturels, qui a reconnu les faits.
Et ils souhaitaient remplacer l’ancien siège de l’armée yougoslave par un hôtel de luxe.
Oui, et pas n’importe lequel : un hôtel de luxe du groupe Affinity Partners, l’entreprise de Jared Kushner. Car n’oublions pas qu’avant d’être l’émissaire du président de la première puissance mondiale et l’une des figures centrales des négociations de paix entre Moscou et Kyiv, Jared Kushner est surtout agent immobilier et gendre de Donald Trump. Le président serbe, Aleksandar Vucic, a annoncé qu’il serait immédiatement gracié en cas de poursuites dans cette affaire.
Un journal de Baptiste Maisonnave, Ulrich Huygevelde et Paul Thorineau.