Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités
européennes du jour, réalisé par la rédaction d'euradio à Bruxelles.
Avec Margot Klein, Thomas Kox, Giona Melotto, Paul Thorineau et Ulrich
Huygevelde.
Au programme:
- La COP16 sur la biodiversité qui se tient actuellement à Cali, Colombie
- L’Union Européenne pointée du doigt pour sa mauvaise gestion des restrictions sur les substances chimiques hautement toxiques
- Des manifestations ont éclaté en Turquie pour protester contre les féminicides
Bonjour, entamons ce journal en Colombie, où se tient actuellement le sommet de l’ONU sur la biodiversité, la COP16.
Des représentants de 196 pays sont présents pour discuter des avancées depuis la mise en place, deux ans plus tôt, d’un accord visant à stopper la destruction de nos écosystèmes. Cette réunion se tient en effet tous les 2 ans, et est axée sur la préservation de la biodiversité.
À ne pas confondre avec la COP 28, événement annuel, qui se tiendra à Bakou, en Azerbaïdjan, fin 2024.
Contrairement à la COP 28, la COP16 se concentre essentiellement sur vingt trois cibles, qui concernent la biodiversité en général. On peut citer par exemple la protection des espèces en danger, la préservation des mers, et la lutte contre la disparition d’espèces et d’écosystèmes d’ici 2030.
Les enjeux sont donc majeurs.
Oui, pourtant cette COP risque de décevoir. A la mi-octobre, seulement une trentaine de pays avaient annoncé avoir finalisé leur plan d’action pour atteindre les objectifs fixés deux ans auparavant. Les États présenteront à Cali leurs stratégies nationales.
Seulement, d’autres facteurs entrent en jeux pour mettre à bien ces plans.
L’aspect financier est une donnée majeure, en particulier pour les pays du Sud qui déclaraient ne pas avoir les fonds nécessaires pour atteindre ces objectifs de protection de la biodiversité. Un accord passé lors de la COP15 de 2022 a permis d’établir des financements de la part de l’Union européenne et de l’Angleterre, qui ont promis d’assister ces pays qui ne disposaient pas d’assez de moyens financiers.
Qu’en est-il justement des objectifs de l’Europe dans cette COP16 ?
L’Union européenne a déjà présenté sa stratégie en vertu des objectifs présentés en 2022. De plus, l’UE a annoncé dans un communiqué sur le sujet vouloir doubler ses financements externes pour la protection de la biodiversité et investir massivement dans des projets visant à protéger notre environnement.
Des annonces qui ne font pas l’unanimité.
Greenpeace Europe a publié un rapport la semaine dernière dans lequel l’ONG déclare que “Bruxelles est loin d’être l’exemple qu’elle pense être” en matière d’environnement et que l’UE était encore très loin d’atteindre les objectifs nécessaires pour protéger la planète.
Poursuivons ce journal en évoquant un rapport du Médiateur européen concernant le contrôle des substances chimiques dangereuses.
Le Médiateur européen a pour rôle d’examiner les plaintes à l’encontre des institutions européennes. Ce sont des plaintes qui peuvent être déposées soit par des citoyens européens, soit par des associations et entreprises établies dans l’UE.
Le rapport de la médiatrice irlandaise Emily O’Reilly a donc été publié ce lundi.
Oui, ce rapport des services du Médiateur présente une enquête sur la mise en place de règles concernant l’usage de substances chimiques dangereuses. Ce rapport révèle que l’Union européenne ne respecte pas les délais légaux concernant la mise en place de restrictions sur les produits chimiques toxiques.
L’Union européenne s’était pourtant engagée à restreindre et contrôler ces substances hautement toxiques pour l’homme et l’environnement…
Une loi est entrée en vigueur en 2007 qui prévoit les mesures nécessaires pour contrôler ces substances au sein de l’UE. Selon ce texte, chaque cas de substance préoccupante doit faire l’objet d’une décision concernant son autorisation ou interdiction au sein de l’UE en moins de trois mois.
Des délais qui sont pourtant loin d’être respectés.
Le rapport a révélé que l’Union européenne mettait en moyenne, non pas 3 mois, mais dix-neuf pour introduire des restrictions sur ces produits chimiques. Sans restrictions, ces substances toxiques s’accumulent dans l’environnement et finissent par polluer les eaux, pour parfois se retrouver dans nos assiettes. Ce sont environ 300 millions de tonnes de substances chimiques qui sont produites dans l’UE chaque année. Selon l’agence européenne de l’environnement, environ trois quart de ces substances sont considérées comme “dangereuses pour la santé ou pour l’environnement”. Elles augmentent le risque de cancer, de maladie neurologique ou encore d’asthme, pour citer quelques-uns des effets possibles.
Mais alors, pourquoi la mise en place de ces restrictions est-elle si lente alors que les substances représentent des dangers majeurs pour la santé ?
Selon le journal le Monde, la Commission déplore “des dossiers de plus en plus complexes” ou bien une “dimension politique” qui rend laborieuse la mise en place de sanctions. La Commission a également mentionné des “salles de réunion pleines” pour justifier ce manquement à la loi.
Passons maintenant au dernier sujet du jour, en faisant un détour par la Turquie où d’importantes manifestations ont éclaté dans plusieurs villes du pays.
Oui, les manifestations ont éclaté la semaine dernière, au lendemain d'un féminicide effroyable dans le pays. La Turquie, qui compte près d’un féminicide par jour en moyenne - 300 depuis le début de l’année - n’en fait pourtant pas une priorité politique. Selon les organisations de protection des droits humains et des droits des femmes citées par le journal allemand Deutsche Welle, la Turquie ne dispose que d’un arsenal juridique très limité pour défendre les femmes. Le gouvernement conservateur de Recep Tayyip Erdogan est accusé d’être partiellement responsable de tous ces féminicides en ne faisant rien pour les arrêter.
Ce n’est pas le seul problème pointé du doigt par les activistes.
En effet, l’impunité dont jouissent les criminels et auteurs de féminicides est également mise en cause. Outre le système judiciaire qui pose problème, les prisons turques sont surpeuplées de prisonniers politiques, ce qui entrave les incarcérations des autres criminels, comme ceux qui commettraient des violences sexistes et sexuelles ou bien des féminicides.
Un journal de Giona Melotto et Margot Klein.