Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction euradio à Bruxelles. Avec Joris Schamberger, Ariane Dana, Paloma Biessy, Thomas Kox, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme :
- La condamnation de la Suisse par la Cour européenne des droits de l’Homme pour inaction climatique
- Le point sur l’opération Aspides en Mer rouge, moins de deux mois après son démarrage
- Six pays ont conclu un accord le 9 avril pour protéger la Mer du Nord contre les “sabotages”
Ouvrons ce journal en évoquant la condamnation de la Suisse par la Cour européenne des droits de l’Homme pour inaction climatique.
Oui, et il s’agit de la première fois que la Cour condamne un État à ce motif. Cette décision, datée du mardi 9 avril, est contraignante et ouvre ainsi la voie à la reconnaissance de la responsabilité des États en matière d’action face au changement climatique. Elle est susceptible de créer une jurisprudence dans les 46 États membres du Conseil de l'Europe. Gerry Liston, avocat de l'ONG Global Legal Action Network, a affirmé que cette affaire représente potentiellement l'évolution juridique la plus significative depuis l'Accord de Paris en 2015.
Pourquoi la Suisse a-t-elle été condamnée ?
La Suisse a été condamnée pour avoir violé la Convention européenne des droits de l’homme, à la suite d'une plainte déposée par les "Aînées pour la protection du climat", un groupe de 2 500 femmes d'âge moyen de 73 ans. Celles-ci ont dénoncé les manquements des autorités suisses dans la lutte contre le changement climatique, soulignant les conséquences néfastes sur les conditions de vie et la santé. La Cour a conclu que la Suisse avait violé plusieurs articles de la Convention européenne des droits de l’homme, dont le « droit à la vie » et le « droit au respect de la vie privée et familiale ».
Cette décision a suscité des réactions variées en Suisse.
Oui, tandis que les militants écologistes saluent une victoire historique, certains acteurs politiques, notamment le parti de droite radicale UDC, la considèrent comme « inacceptable ». Ils remettent en question l'intervention de juges étrangers dans les affaires nationales et appellent au retrait de la Suisse du Conseil de l'Europe.
Ce n'est pourtant pas la première fois que la cause climatique est portée devant les tribunaux.
Oui, elle fait partie d'une tendance mondiale croissante où les citoyens et les groupes environnementaux utilisent les tribunaux pour tenir les gouvernements responsables de leurs actions, ou de leur inaction, en matière climatique.
Deux autres affaires similaires à celle de la Suisse ont d’ailleurs été portées devant la Cour européenne des droits de l’Homme.
Oui, la première initiée par l'eurodéputé français Damien Carême, ancien maire de Grande-Synthe, qui a mis en avant les "carences" de l'État français dans sa réponse au changement climatique, notamment au vu du risque de submersion de sa ville littorale. La deuxième émanait d’un groupe de jeunes Portugais, qui, après les terribles incendies qui ont frappé leur pays en 2017, ont attaqué non seulement le gouvernement portugais, mais également 32 autres États européens et non européens. Toutefois, ces deux requêtes n'ont pas abouti à des condamnations, car, selon la Cour, les plaignants n’ont pas épuisé les voies de recours nationales.
Poursuivons ce journal en Mer rouge, pour faire le point sur l’opération Aspides moins de deux mois après son démarrage. Souvenez-vous, il s’agit de cette opération de protection des navires marchands pris pour cibles par les rebelles yéménites houthistes.
L’Union européenne et son haut représentant aux affaires étrangères, Josep Borrell, ont tiré le premier bilan de cette opération lors d’une conférence de presse le 8 avril. La plupart des pays de l’Europe sont impliqués financièrement pour épauler les navires italiens, grecs, français belges et allemands présents sur place. A l’heure actuelle, ce sont 11 attaques qui ont été repoussées et 35 navires qui ont été escortés par l’aviation et la marine européenne sur place. Autre succès de cette mission, pour l’heure aucun blessé n’est à déplorer.
Malgré la protection des Européens, la situation reste particulièrement tendue dans cette région du monde.
Les Houthis, qui disent uniquement prendre pour cible les navires liés à Israël ou à ceux des pays qu’ils considèrent alliés de l’Etat hébreu, continuent de perturber le trafic dans le canal de Suez. Depuis le 7 octobre, plusieurs dizaines d’attaques ont été recensées. Un nombre qui ne cesse d’augmenter, malgré les présences européennes et américaines dans la région. Josep Borrell a donc appelé à augmenter les moyens alloués à la protection des navires passant la Mer Rouge.
La Mer Rouge qui, rappelons-le, est un des principaux points de passage commerciaux du monde.
Avant le début des attaques Houthis on estimait que 13% du commerce mondial transitait par cette route. Mais l’instabilité croissante de la région a poussé les affréteurs à chercher des alternatives, en passant par exemple par le cap de Bonne-Espérance en Afrique du Sud. Un chemin plus sûr, mais également beaucoup plus long, ce qui augmente donc les coûts de trajet, au point même de les doubler, toujours selon Josep Borrell.
Concluons ce journal dans une autre étendue maritime, la Mer du Nord. Six pays ont conclu un accord le 9 avril pour protéger cette région contre, je cite, les “sabotages”.
La Belgique, le Danemark, la Norvège, l’Allemagne, le Royaume-Uni et les Pays-Bas ont signé un accord pour faciliter la protection de cette région. La principale volonté derrière cette coopération étant de faciliter le partage d’informations concernant les potentielles menaces dans la zone.
La Mer du Nord qui est une région centrale pour la transition verte européenne.
Le ministre danois de l’énergie Dan Jorgensen a d’ailleurs rappelé l’importance de cette mer, qu’il considère comme un “moteur” pour la production énergétique européenne. On y trouve de nombreux pipelines, mais également des parcs éoliens, ce qui en fait également un lieu très important pour la transition verte.
Cet accord est une réponse à plusieurs sabotages survenus ces dernières années.
Notamment celui des gazoducs Nord Stream qui relient l’Allemagne et la Russie, et dont le coupable n’a pas encore été identifié. En 2023, un pipeline reliant la Finlande et l’Estonie a également été endommagé. Quelques mois plus tôt, l’OTAN avait averti les pays européens que de tels sabotages pourraient être organisés par la Russie en représailles du soutien des occidentaux à Kiev.
Un journal de Joris Schamberger et Ariane Dana.