La décision du Tribunal constitutionnel polonais concernant la place du droit européen dans le pays et les dénonciations du gouvernement polonais « d’ingérence européenne dans les affaires intérieures de la Pologne » ont réveillé un débat qui semblait éteint en Europe : la sortie d’un état-membre de l’Union européenne (UE) sur le modèle du Brexit. En l’occurrence, il s’agirait de la sortie de la Pologne des institutions européennes qualifiée de « Polexit ». Mais est-ce réellement un débat de société alors que la population y est globalement défavorable et que la majorité des partis politiques ne peuvent se résigner à quitter l’UE ? Pourquoi et comment une situation aussi paradoxale a vu le jour ?
Un débat réveillé par le PiS
La Pologne a adhéré à l’Union européenne en 2004. La candidature a été déclarée suite au résultat unanime d’un référendum, 77.6 % de réponses favorables. La Pologne a ensuite suivi et contribué, avec le reste de l’Europe, à l’évolution de l’UE oscillant entre réussites et crises, entre blocages institutionnels et solutions de dernières minutes… La Pologne aurait pu rester un état-membre comme les autres avec ses forces et ses faiblesses propres mais l’Histoire en a voulu autrement. En 2015, le parti gouvernemental libéral et pro-européen de Donald Tusk (PO) essuie une défaite cuisante aux élections générales au profit du parti ultraconservateur Droit et Justice de Jarosław Kaczyński (PiS). Le PiS se lance alors dans une croisade contre le libéralisme politique par la promulgation de lois réduisant les droits fondamentaux, notamment ceux des minorités et des femmes. L’Etat de droit est attaqué par le gouvernement sous couvert du choix démocratique de l’abattre : restriction de la liberté de la presse, effacement de la séparation des pouvoirs et de l’indépendance de la justice…
Alors que l’Etat de droit et le respect des droits fondamentaux sont le pilier de la construction européenne, la Commission européenne, garante des traités, saisit la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE) afin de stopper ses atteintes « disproportionnées et persistantes envers l’Etat de droit et les Droits de l’Homme ». Or c’est là que le bât blesse puisque le gouvernement du PiS considère comme une ingérence étrangère les actions de la Commission et de la CJUE dénoncées, dès lors, comme illégitimes. Partant de ce postulat, les autorités polonaises ont dénoncé une Union « n’étant plus celle que la Pologne avait décidé de rejoindre », laissant alors penser que la Pologne devrait plutôt la quitter pour conserver sa souveraineté.
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