C’était la semaine dernière. En pleine conférence de rédaction, un peu endormi, le mot nombril me saute aux oreilles. Depuis maintenant trois mois, la majorité des sujets que nous traitons se rapporte de près ou de loin au Covid-19. Comprenez donc ma surprise ou ma bêtise. M'interrogeant sur la pertinence de ce sujet sur le nombril, je fais donc part de mon avis à l’équipe. J’aurais mieux fait de me taire. Mal compris, mal entendu. L’équipe rigole et Simon Marty, rédacteur en chef, me demande, par défi, ou par punition, de faire un d’où ça vient sur le nombril.
Allons bon, c’est parti.
Chez Platon le nombril est la cicatrice laissée par le châtiment divin, mutilation qui nous a séparés d’une part de nous mêmes. Vous allez comprendre…
Le nombril est au centre, au centre de notre ventre. Petit trou chelou, il n’emmène pourtant nul part. Du moins une fois qu’il se rebouche. En fait, le nombril c’est une cicatrice. Mais ne sous-estimez pas son utilité, car sans lui vous ne seriez pas vivant.
Durant les 9 premiers mois de votre existence, celui-ci vous permet d’être lié à votre mère. Pas de sentiment non, on espère que cela durera toute une vie, mais physiquement, pour votre survie. Car le nombril accueille le cordon ombilical. Ce qui vous relie à votre mère et assure l’apport en oxygène et en alimentation. A la naissance le cordon ombilical est comme on dit « clampé », c’est-à-dire coupé à l’aide d’une petite pince spéciale. Dans les jours suivants le cordon se dessèche puis il tombe entre sept et quinze jours. Ensuite votre ventre cicatrise est tadam ! Vous vous retrouvez avec un beau trou au milieu du bide.
Le nombril est aussi symbole de beauté et d’érotisme. Considéré aujourd’hui comme une zone érogène, dans Le Cantique des Cantiques, l’un des livres de la Bible, Salomon le compare à "une coupe arrondie, où le vin aromatisé ne manque pas". Caché et tabou pendant des années, le nombril finit par se libérer à Hollywood, puis dans le monde, dans les années 1950 avec notamment Marilyn Monroe ou encore Brigitte Bardot. On va même jusqu’à se le percer. Cette mode, les stars y prennent goût et le piercing se démocratise dans les années 1990 pour l’Europe, avec des anneaux, des spirales et bien d’autres bijoux.
Mais pas sans mesure de sécurité. Aujourd’hui, le matériel de piercing doit répondre aux recommandations européennes au sujet notamment du Nickel, une matière présente dans certains bijoux mais qui peut provoquer des allergies. De plus le nombril peut-être un nid à bactéries. Et ces bactéries, peuvent infecter d’autres parties du corps. Alors, vous personnellement, prenez du temps pour lui, au moins une fois par semaine, savonnez-le et séchez-le correctement. Conseil des médecins.
Pour finir le mot nombril c’est également une expression. “Se prendre pour le nombril du monde”, qui représente l’égocentrisme, se croire plus important que les autres. Une propriété humaine, me diriez-vous.
Le Covid-19 et le confinement ont mis en lumière des inégalités sociales et économiques évidentes. Le besoin donc de regarder aussi le nombril des autres mais également au-delà de l’humain : la faune et la flore par exemple. Le monde et L’Europe c’est une multitude de nombrils, presque similaires. Peut-être le temps, aujourd’hui, pour eux, communauté de nombrils, d’être plus solidaire, pour créer le monde de demain.